La Breille-les-Pins. Une entreprise unique représente la bataille des soldats de plomb

De jouet pour enfant à objet de collection, le soldat de plomb continue de faire vivre l’histoire de l'entreprise CBG Mignot, installée à La Breille-Les-Pins. Fondé en 1825 à Paris et installé depuis 1994 en Anjou, CBG Mignot perpétue depuis près de deux cents ans la grande tradition des soldats de plomb.

Les soldats de plomb du fabricant CBG Mignot témoignent de la manière dont ces jouets représentent les batailles. Ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle que la production en grande quantité de ces petits soldats semble prendre un essor. La destination de ces figurines était pour un public restreint, de 8 à 12 ans. Il existait déjà des collections exceptionnelles, comme l’armée de figurines d’argent commandée pour Louis XIV en 1650. Ces collections vont rapidement voir leur clientèle élargie, dès la moitié du 17e siècle. Plusieurs types de matériaux vont servir à la fabrication de ces figurines tels que l’étain, qui va être vu comme l’excellence par sa basse température de fusion, le carton et le papier à découper. C’est seulement au début du 19e que cette mode va se diffuser en Europe. C’est à ce moment-là que va s’implanter l’entreprise CBG Mignot qui va devenir la plus importante manufacture française de ce type de jouet.

De Blondel à Mignot

Englebert Blondel a créé en 1825, une fonderie d’étain à Paris pour confectionner différents types d’objets. Dès 1830, il se lance dans les figurines d’abord en étain puis en plomb, avec un volume un peu plus marqué. Blondel décide alors de s’associer avec son gendre, Sosthène Gerbeau, mais finalement, c’est le gendre, qui va faire de cette entreprise, une véritable manufacture de jouets. Il va réaliser certaines figurines de plus de 55 millimètres de haut. Sa réputation va grimper grâce aux récompenses gagnées dans des grandes expositions. En 1912, Henri Mignot prend la tête de l’entreprise et en fait l’une des plus grandes fabriques de figurines. Cependant, la crise de 1930 va obliger Mignot à revoir les matériaux utilisés. L’entreprise essaie notamment l’alliage d’aluminium ou encore le plastique, mais c’est finalement le plomb qui va être choisi comme matériau pour fabriquer les figurines. L’entreprise va ensuite changer plusieurs fois de mains, mais sans garder la bonne gestion qui a fait sa force. En 1994, l’entreprise est au bord de la faillite. Elle est tout de même relancée par un passionné, Édouard Pemzec. Il décide de l’installer dans le nord-Saumurois, à La Breille-les-Pins et poursuit dans ce qui était déjà produit tout en apportant de la nouveauté.

Les gestes et les attitudes travaillés pour élargir la gamme

Sosthène Gerbeau a été inspiré par de nombreuses scènes de batailles et de défilés. Il a notamment composé en 1875, une armée française en uniformes avec différentes attitudes, dont certaines sont fixes tandis que d’autres sont au pas. Grâce au succès de ces figurines, il va décider de se développer en fabricant des armées étrangères contemporaines. Elles sont fabriquées à la main dans des moules de bronze très coûteux. Le plomb, très malléable, est utilisé pour les bras, afin de varier les positions. À partir de 1883, il commence à adopter des attitudes, afin de démarquer chacune des troupes. On retrouve des troupes au feu, à genoux, debout, certaines courent, les positions des bras sont ajustées selon l’action du soldat. Tout est travaillé pour avoir une gamme de figurines très élargie. Un développement qui permet de s’évader des défilés et de se lancer dans les batailles.

Les dioramas montrent l’actualité

À partir de 1885, Gerbeau se met à la création d’un nouveau format, le diorama. Le diorama est une boîte en bois et cartonnage où l’on retrouve des figurines qui représentent des scènes réalistes. Ces dioramas, à cette époque, vont avoir un rapport avec l’actualité comme le souhaite son créateur. Il veut chercher à rendre compte de ce qui se passe à l’international.
La Première Guerre mondiale va voir un essor de ces figurines. Les tirages de soldats prussiens vont considérablement augmenter. Elles vont avoir un grand succès, comme le prisonnier qui se rend les bras levés. Malheureusement, à la fin de la guerre, le pacifisme se répand et va faire chuter les ventes. Le matériau va changer et c’est avec de l’aluminium que les figurines vont être réalisées. Les ventes, toujours en baisse, la Seconde Guerre mondiale ne figure que très peu dans les catalogues de l’entreprise.
Malgré un désintérêt des enfants au 19e siècle pour les soldats de plomb, ce sont finalement les adultes qui vont être séduits. Un public déjà la cible du concurrent, Lucotte qui va être racheté par CBG Mignot.

Une visite-découverte autant ludique qu’historique

Chacune des figurines est toujours coulée, montée et minutieusement peinte à la main, selon des procédés ancestraux où la main et l’œil de l’ouvrier ont gardé leurs privilèges. Le caractère fondamentalement artisanal des productions fait qu’aucune des figurines n’est semblable à une autre, que chacune d’entre elles est, en quelque sorte, un original, et qu’on y sent toujours la main de l’ouvrier qui a participé à sa création. Cette personnalisation de chaque figurine n’enlève rien à l’exactitude historique qui est un des grands principes de l’atelier.
Dernier attrait, et non le moindre pour le collectionneur : la rareté, liée au rythme très lent de la fabrication.
Aujourd’hui, l’entreprise a une multitude de figurines anciennes. Elle est en visite libre et vous retrouverez une large gamme des différentes créations. Une visite ludique mais aussi empreinte d’histoire…

Infos pratiques : CBG Mignot, 1 route du Bourgueil à Breille-les-Pins – https://www.cbgmignot.com/

Commentaires 3

  1. Bernard HENRY says:

    Cette entreprise est fabuleuse. C’est une pépite qui a fait rêver petits en grands. C’est un atout d’avenir pour notre territoire si l’on sait en jouer. Merci au Kiosque de la placer sous les feux de la rampe.

  2. gédéon says:

    Très intéressant e en effet. Et bravo de mettre en lumière les entreprise phares de la région.

  3. Une vraie pépinière de trésor ... says:

    A absolument visiter, une vraie pépinière de trésors pour petits et grands, merci !

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