Keskidi. La chronique d’Hugo qui donne du sens aux mots #19 : Être fier comme Artaban

Nous parlons et employons des mots avant tout pour exprimer des idées. Pour se faire comprendre de son entourage, encore faut-il partager des références communes. Maximes, adages, proverbes, préceptes, dictons... tout un réseau d’images en kits, bien pratiques et aux origines assez hétéroclites qui veulent dire tout et son contraire.

Vous a-t-on déjà comparé à Artaban ? De prime abord, nous pourrions croire qu’il s’agit là de vanter les mérites d’une personne élogieusement. Pourtant, il n’en est rien puisque cette locution proverbiale est plutôt employée à des fins moqueuses. En effet, l’expression souligne l’excès de fierté, au point où elle en devient presque caricaturale dans la démonstration. Un peu comme si vous bombiez gaillardement le torse juste pour être parvenu à faire cuire une casserole de pâtes. Évidemment, la référence n’est pas claire pour tout le monde tant est si bien que le nom “Artaban” n’est pas vraiment entré dans la culture populaire (du moins pas actuelle). Faisons donc un petit saut dans le temps.

Deux sources probables

Nous pouvons retenir deux sources probables. Une première est artistique puisque le personnage d’Artaban est une figure majeure d’une œuvre en douze volumes, Cléopâtre ; un roman historique écrit par Gautier de Costes aux alentours de 1652. Et, vous vous en doutez, ce qui caractérisait avant toute chose Artaban était son attitude fière et hautaine.
Autre inspiration, réelle cette fois-ci, issue de la Perse antique. Le royaume Parthes (en partie l’actuel Iran) a compté dans la dynastie des Arsacides toute une série de souverains portant le nom d’Artaban. De là à dire que ces rois étaient orgueilleux, difficile de l’affirmer.
C’est peut-être cet ancrage trop lointain qui a inspiré certains de nos humoristes à modifier phonétiquement l’expression pour en faire un calembour au XXe siècle. Frédéric Dard, dans San Antonio, ou Coluche et Fernand Raynaud dans leurs sketchs y ont préféré le dicton “fier comme un bar-tabac”, rendant le sens initial complètement absurde.

Bon, quitte à choisir, peut-être vaut-il mieux être comparé dans ses excès à une figure historique qu’à un troquet. Je vous laisse juger.

Hugo

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