Les pharmacies feront, elles aussi, front commun jeudi : neuf sur dix environ garderont le rideau baissé pour dénoncer la réduction des remises commerciales sur les génériques, une mesure destinée à réduire les dépenses de santé mais jugée catastrophique par la profession. Placardées sur les devantures des officines, des affiches alertent les patients : « une décision de l’Etat menace votre accès aux soins et la survie de votre pharmacie de proximité! » ou encore « l’Etat veut fermer votre pharmacie ». Les organisations de pharmaciens (FSPF, Uspo, UNPF, Federgy, UDGPO) ont appelé les apothicaires et leurs salariés (préparateurs, magasiniers etc..) à « faire le plus de bruit possible » en organisant des manifestations locales. Le taux d’adhésion prévu à cette « journée d’interpellation » auprès du public et des élus, dont la date avait été arrêtée avant qu’elle ne soit aussi choisie par les centrales syndicales pour une journée de grève interprofessionnelle, se situe « entre 85% et 90% », a indiqué à l’AFP Philippe Besset, à la tête de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, le syndicat majoritaire.
Pourquoi une grève ?
Pour encourager la distribution de génériques, bien moins chers que les médicaments sous brevet, les laboratoires accordent des remises aux pharmacies qui sont déclarées à l’Assurance maladie. Ces données permettent à l’État d’identifier quels industriels consentent des rabais, afin de leur imposer ensuite des baisses de prix et réduire ainsi les dépenses de santé. Mais depuis début septembre, le plafond autorisé pour ces remises est passé de 40% à 30% du prix fabricant hors taxes. Il doit tomber à 20% en juillet 2027. Or, ces remises représentent un tiers de la marge des officines, d’où leur grogne. « Cette mobilisation inédite ne s’interrompra qu’avec l’annulation de cette décision mortifère », prévient l’intersyndicale pour qui « le rétablissement du plafond de remises de 40% est un préalable indispensable » pour discuter d’un nouveau modèle de rémunération avec le gouvernement. Le conseil national de l’ordre des pharmaciens s’est mobilisé : dans un courrier aux députés et au Premier ministre, il rappelle que la baisse des remises « risque d’entraîner de nombreuses fermetures ». Selon Cyril Colombani, porte-parole de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo), la mesure va entraîner « la perte d’un emploi dans chaque pharmacie », soit « la fermeture de 5 000 pharmacies dans les trois ans ». Ils dénoncent aussi une nouvelle baisse prévue sur les prix des génériques, estimée à 50 millions sur le dernier trimestre 2025. « L’Etat, en quête d’économies sur les dépenses de santé, souhaite baisser le prix de 1.900 médicaments génériques, ce qui correspond à peu près à 30% du marché, soit la régulation la plus massive supportée par notre secteur depuis plus de 20 ans », indique à l’AFP le directeur général de l’organisation professionnelle des fabricants de génériques (Gemme), Sébastien Trinquard. Selon lui, « 10% du marché des produits substituables présentent un risque élevé de ne plus être commercialisés » en conséquence de ces baisses qui déstabilisent l’équilibre global du secteur, notamment des antibiotiques, des antidiabétiques ou des antiépileptiques.
Certaines officines réquisitionnées resteront ouvertes
L’Agence Régionale de Santé demande aux pharmaciens d’informer les usagers de la fermeture de leur officine et des modalités d’organisation sur le territoire. Elle invite les habitants à anticiper la fermeture de leur pharmacie ce jeudi 18 septembre, notamment en cas de renouvellement d’ordonnance pour des traitements qui ne peuvent être interrompus. En cas d’urgence vitale ou de doute sur la gravité de la situation, composez le 15 pour être orienté et pris en charge rapidement. L’ARS Pays de la Loire et les Préfectures organiseront des réquisitions dans le cas où l’accès minimal aux médicaments pour la population ainsi que les services de garde et d’urgence ne seraient pas assurés. La liste des pharmacies réquisitionnée sera publiée sur ce lien.
Avec AFP
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