Saumur. Fondation Anako : Le « Quai Branly du Val de Loire » ouvre ses portes pour la saison 2025

Le Château de la Reine de Sicile, accueillant les collections de la Fondation Anako et situé entre les Ponts à Saumur, rouvre ses portes ce vendredi pour une nouvelle saison qui s’étendra jusqu’en octobre. 500 m2 de nouvelles expositions consacrées aux derniers des peuples premiers, les peuples racines ou « humains véritables » comme ils se qualifient eux-mêmes, mais aussi la découverte des structures aériennes en osier de l’artiste invité de la saison 2025 au programme. En effet, comme chaque année, un artiste est accueilli dans les salles de l’emblématique château-musée de la Reine de Sicile pour y présenter ses oeuvres qui entrent en résonances avec l’art culturel, usuel ou spirituel des derniers des peuples premiers. Cette année la Fondation Anako a invité François Chauvin, artiste local, qui a installé dans les différentes salles du musée ses oeuvres suspendues en osier. En plus des salles thématiques (Océanie, chasseurs-cueilleurs, Amazonie…), les visiteurs découvriront, cette année, les œuvres aériennes en osier de l’artiste louressois. Ce dernier a eu carte blanche cette année pour des créations en résonance avec les peuples premiers.

Un voyage à travers les grands voyages

Pendant tout l’été et jusqu’à fin octobre, le château-musée Anako de la Reine de Sicile et ses bénévoles vous invitent à embarquer à la rencontre des derniers Mlabri, ultimes chasseurs-cueilleurs des forêts de nord de la Thaïlande qui s’exposent dans la cour intérieure du château-musée, puis dans la salle de l’île d’or, au niveau de l’ancienne boire du moulin pendu, des Jarawa de l’archipel des Andamans tout juste contactés, des Baka, des Bakola, des Aka et des Bagyéli, qualifiés de « Pygmées », des peuples natifs des grandes plaines de l’Amérique du Nord, des Indiens Fuégiens de Patagonie, Terre de Feu, sacrifiés sur l’autel de l’entreprise coloniale des pays de la vieille Europe ou des peuples de la Cordillère des Andes et du lac Titicaca… Votre voyage se poursuivra dans la salle du Roi René, en plein coeur des forêts amazoniennes du Brésil, d’Equateur ou de Guyane auprès des Yawalapiti qui constituent avec l’aide de la Fondation Anako les mémoires audiovisuelles de leurs riche culture amazonienne, des Huaorani dont certains groupes sont encore totalement isolés et hostiles au monde du dehors, les Wayana qui adoptèrent Patrick Bernard, le fondateur de la Fondation Anako, dans les années 1970 et de leur incroyable rituel initiatique du maraké, ou des Tapirapés. A l’étage supérieur du château, dans la salle de la Reine Blanche, vous serez accueillis par les derniers « Hommes fleurs », les Mentawai de l’île indonésienne de Sibérut chez lesquels le jeune Aman Goddai, est appelé à devenir « le nouveau chamane de la forêt des esprits » et dont l’initiation a été immortalisée par quelques jeunes de son peuple, formés au langage audiovisuel par l’équipe de la Fondation Anako. Votre voyage sous la charpente en coque de bateau retournée vous entraînera également à la rencontre de la plus ancienne civilisation continue de chasseurs-cueilleurs de toute l’humanité, les Aborigènes du désert du centre rouge Australien et leurs exceptionnelles peintures à points. Ce voyage Indonésien et océanien vous entraînera également chez les proches voisins des Aborigènes, les fameux guerriers papous de la grande île de Nouvelle-Guinée et des archipels voisins qui ont développé l’agriculture avec leurs bâtons à fouir et leurs outils de pierres polies voici plus de dix mille ans. En empruntant l’escalier principal à vis et son exposition de fascinants masques africains vous arriverez dans la salle Aliénor d’Aquitaine où vous découvrirez quelques-unes des plus intéressantes sociétés traditionnelles d’agriculteurs semi-nomades ou sédentaires comme les Naga, chasseurs de têtes redoutés jusqu’aux années 1980, mais également les peuples fascinants du Triangle d’Or et des montagnes de l’Asie du sud est, les Miao, les Akha, les Lahu ou les étonnants Kayans de Birmanie dont les épouses, pour protéger l’âme collective de la tribu, ont coutume d’enserrer leur cou dans une longue spirale de laiton. Et enfin dans la salle Yolande d’Aragon, qui est aussi la salle de conférences du château-musée Anako, ce sont les derniers grands éleveurs nomades du grand rift africain, les Mursi, les Hamer ou les Nuer, mais également les Peuls et les Touaregs du Sahara, les nomades de Mongolie ou encore les éleveurs de rennes Tsaatans des Taïgas boréales qui vous accueilleront.

Garder une trace

Fondée par Patrick Bernard, Hervé Valentin et Ken Ung, la Fondation Anako, créée en 2011, œuvre à la constitution et à la sauvegarde des mémoires audiovisuelles des derniers peuples et cultures autochtones de tradition orale dans le prolongement des actions engagées par le mouvement de solidarité avec les peuples autochtones, Icra International, qui a été mis e place en 1988. Non politique et non confessionnel, ayant un statut consultatif auprès des Nations Unies, ce mouvement de solidarité est aujourd’hui internationalement reconnu. Quant à la Fondation Anako, elle soutient plusieurs programmes de terrain qui permettent aux communautés autochtones de se réapproprier leur image et d’apprendre à utiliser les outils audiovisuels pour constituer leur mémoire audiovisuelle, enregistrer la parole des anciens et filmer pour les générations à venir les ultimes rituels avant qu’ils ne se transforment définitivement en folklore et ne se perdent dans les abîmes des temps et de l’oubli. La Fondation recense également, collecte, numérise et assure la conservation d’enregistrements, d’écrits et d’images réalisés par les pionniers de l’exploration ethnographique au cours du XXème siècle. Il dispose aujourd’hui d’un fonds unique d’images et de sons collectés auprès des peuples premiers entre les années 1940 et aujourd’hui.

Les objectifs pour cette année 2025

Le musée Anako du château de la Reine de Sicile a obtenu en 2024 l’agrément de l’éducation nationale, ce qui lui permettra dès cette saison 2025, d’accueillir de plus en plus d’établissements scolaires en sus des associations et des diverses collectivités invitées à venir visiter les expositions présentées au château-musée de la reine de Sicile. Les objectifs de la Fondation et de l’association Anako pour 2025 sont nombreux. Elle souhaite tout d’abord poursuivre son action avec notamment son cycle bimestriel de ciné-conférences et projections-débats le mardi, à 15 h et à 20 h, au château de la reine de Sicile, à Saumur, et le mercredi, à 15 h, au cinéma Pathé-Gaumont, à Angers (prochain rendez-vous : Noubas, une mémoire africaine le mardi 3 juin à Saumur et le mercredi 4 juin à Angers). Elle va également « continuer à recenser, collecter, numériser et assurer la conservation des enregistrements et des films réalisés par nos prédécesseurs et à encourager les communautés autochtones à constituer par elles-mêmes leurs mémoires audiovisuelles. » Le chantier sur le site de Saumur, le château de la Reine de Sicile va continuer. « Nous allons restaurer, en partenariat avec la Fondation du Patrimoine, les façades détériorées par le temps et les aléas de pans d’histoire mouvementés du château de la reine de Sicile. La collecte mise en place par la Fondation du Patrimoine se poursuit jusqu’en décembre 2025. Nous espérons parvenir, dès septembre si possible, à ouvrir le chantier de restauration », souligne Patrick Bernard. Côté animations, la fondation va « lancer, dès l’édition de 2025 qui sera la 11ème, le festival Anako du film ethnographique en Saumurois, à Montreuil-Bellay et à Saumur, autour d’une thématique « Peuples racines » (notre article par ailleurs) ; Mettre en place, en partenariat avec la ville de Saumur, dans le cadre des événements et animations consacrées au matrimoine, une grande exposition de tenues et costumes traditionnels du monde entier. Elle se tiendra du 15 septembre au 6 octobre en la très belle salle de l’abbatiale du Château de Saumur ; Mettre en place dans le cadre du festival, en partenariat avec la ville de Montreuil-Bellay, une exposition des habitats nomades ainsi que l’exposition photographique « Double « JE », d’une rive à l’autre » du photographe Miquel Dewever. Ces deux grandes expositions en plein air se tiendront dans la prolongation du festival Anako du 27 juin au 15 juillet dans les jardins de l’ancien couvent des Augustins à Montreuil-Bellay », détaille-t-il.

Un conservatoire audiovisuel

La Fondation Anako est également en cours d’installation de son conservatoire audiovisuel et son siège en l’ancien couvent des Augustins à Montreuil-Bellay. Ce conservatoire accueillera l’exceptionnel fonds d’archives cinématographiques, photographiques et sonores, collecté dans le cadre des activités de la Fondation Anako pour le recensement, la conservation, la numérisation et la transmission de ce matériel inestimable. Un fonds audiovisuel qui témoignera pour les générations futures des cultures, des spiritualités et des savoirs en voie d’extinction de tous ces peuples de tradition orale qui vivaient en étroite osmose avec la mère nature et qui n’ont eu ni vieilles pierres, ni écrits pour préserver leur histoire, leur culture et leur mémoire. La Fondation Anako, son musée ethnographique, son conservatoire audiovisuel, son festival et toutes les animations culturelles qui sont organisées tout au long de l’année ne peuvent exister que grâce à la mobilisation des bénévoles et des adhérents de l’Association Anako du château-musée Anako de la Reine de Sicile.

Infos pratiques : La saison qui s’annonce verra le musée ouvert du vendredi au lundi inclus, et en semaine pour les groupes ou les visites privatives, sur réservation. Les horaires, du vendredi au dimanche de 14h30 à 18h. Visites accompagnées par les bénévoles les vendredis et samedis. Le dimanche à 15h, la visite guidée par l’un des fondateurs de cet étonnant « Quai Branly du Val de Loire ». En juillet et en août, le château-musée sera également ouvert le lundi de 14h30 à 18h. Des visites privatives avec le fondateur sont également possibles en dehors des jours et horaires d’ouverture sur réservation préalable. Plus de renseignements à  anakofondation@gmail.com. Toutes les informations sur : www.fondation-anako.org.