Jules Paul Benjamin Delessert est un immense homme de sciences. Il naît à Lyon le 14 février 1773 dans une famille aisée protestante. Son père a créé des sociétés d’assurance et une caisse d’escompte. Sa mère correspond avec Jean Jacques Rousseau ! Dans sa jeunesse, il voyage beaucoup à l’étranger, en particulier en Angleterre et en Ecosse, ce qui lui évite les désagréments de la Révolution. Il rencontre de nombreux savants comme James Watt, l’homme de la machine à vapeur.
En 1795, il est rappelé à Paris par son père qui lui confie la direction de sa banque. Outre la gestion de ses affaires, Benjamin met au point une nouvelle méthode d’extraction du sucre à partir de la betterave. Précurseur des Restos du cœur, il fonde les soupes populaires en 1800 qui distribuent certains hivers des millions de repas.
En récompense des services rendus à la nation, Napoléon le fait chevalier de la Légion d’honneur. En 1812, il accède au titre de baron de l’Empire et il est également nommé régent de la Banque de France.
Il est élu membre de l’Académie des Sciences en 1816. Botaniste, sa fortune lui permet d’acquérir un prestigieux herbier réunissant 250 000 spécimens et une collection de 150 000 coquillages. Ils sont encore visibles aujourd’hui au Conservatoire et Jardin botaniques de Genève en Suisse.
A partir de 1817, Benjamin Delessert s’implique dans la politique. Cette année-là, il est élu député de Paris. Il le restera cinq années. Après une pause, il revient à la politique en 1827 où il est élu député de Saumur. N’ayant aucun lien avec cette ville, on peut penser qu’il y a été « parachuté ». Il exercera pas moins de six mandats.
Sa position dans le gouvernement Guizot lui permet de favoriser les grands travaux qui sont alors entrepris à Saumur comme l’achèvement des quais et de la traversée de la ville de Vivy à Distré. Il contribue à la création d’écoles primaires. Sa fortune personnelle l’autorise à répondre généreusement aux sollicitations diverses. En 1834, s’inspirant de ce qui se fait en Angleterre, il fonde l’une des premières caisses d’épargne de France.
Benjamin Delessert est réélu en 1830, 1831, 1834. Rappelons qu’à l’époque, seuls les gens fortunés peuvent voter. En 1842, fatigué, il se fait rare dans sa circonscription et se contente de faire distribuer des circulaires aux électeurs. Il rédige cette missive : « À MM. les électeurs de l’arrondissement de Saumur. Je viens solliciter vos suffrages pour la septième fois. L’honneur de vous représenter à la chambre des députés est le plus grand que l’on puisse ambitionner, et une nouvelle élection ajouterait encore de nouveaux droits à ma reconnaissance ».
Mais le vent a tourné et les mesures radicales prises par le gouvernement Guizot l’ont rendu impopulaire. Benjamin Delessert perd les élections contre le général Oudinot. Il abandonne la politique et meurt à Paris le 1er mars 1847 à 74 ans d’une maladie de cœur. Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière de Passy, dans le XVIe arrondissement. Il avait souhaité qu’on inscrive sur sa tombe : « Ci-gît l’un des co-fondateurs des Caisses d’Epargne », mais cela n’a pas été fait.
En 1934, à l’initiative de M. Camille Charier, vice-président de la Caisse d’Epargne de Saumur, est inaugurée une statue en bronze de Benjamin Delessert sur la place de l’Arche-Dorée. Elle est l’œuvre du sculpteur René Grégoire. Elle sera fondue par l’occupant allemand sous la Seconde Guerre Mondiale. Curieusement, à notre connaissance, il n’existe qu’une seule carte postale ancienne où l’on aperçoit cette statue.
On a émis un timbre postal, une médaille commémorative en l’honneur de Benjamin Delessert. Une algue rouge et un mollusque gastéropode Conus delessertii honorent son travail de naturaliste. Aujourd’hui, dans plusieurs villes de France, Paris, Lyon, Marseille… des rues portent son nom. A Saumur un boulevard et un collège rappellent son action. Depuis 1976, à Paris, un institut Benjamin Delessert s’est donné comme mission de participer à la diffusion des connaissances nutritionnelles dans le domaine des sciences médicales, humaines et sociales. Il est soutenu par l’interprofession sucrière.
Bibliographie :
– PORT Célestin, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine & Loire, Editions Siraudeau, Angers, 1965.
– Collectif, Monument élevé à la mémoire de Benjamin Delessert, 23 septembre 1934. 1818-1934, Edouard et Richou éditeurs, Saumur, 1934.
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