Edito du Kiosque : Maux fléchés d’été

Dans son « moment de vérité », François Bayrou a justifié l’effort demandé à tous les Français. Une cure budgétaire de 43 millions d’euros pour vaincre la « malédiction » du surendettement. Tout le monde va verser son écot. Une obole qui ne fait pas recette.
La pillule financière risque d'être difficile à avaler. ©AFP

« Chaque seconde qui passe, chaque seconde, la dette de la France augmente de 5 000 euros » a gravement précisé François Bayrou lors de son grand oral, ce moment de vérité proposé aux Français ce jeudi 15 juillet. Ainsi, dans les 24 heures séparant le moment où s’est esquissé cet édito et celui où vous le découvrez, notre découvert non autorisé aura augmenté de… 432 millions d’euros ! C’est vertigineux. Hyperbolique et terrifiante ascension dont on a peine à imaginer, à croire, sauf au spectacle du vertige affiché sur le site de l’horloge de la dette publique en temps réel (https://horloge-de-la-dette-publique.com/dette-publique-france/). A consulter, pour comprendre l’urgence de la situation dans une pratique coutumière de l’Etat, depuis François Ier. En ces temps de souveraineté suprême quelques spoliations ou banqueroutes bien organisées suffisaient à effacer chaotiquement l’ardoise. Aujourd’hui, les marchés, la BCE (Banque Centrale Européenne) et le FMI (Fonds Monétaire International) sont les agents de la capitulation, de la reddition auxquelles s’exposent les nations gaspilleuses, dilapidatrices. Chacun se souvient de l’infortune de la Grèce, mise à genoux par les gendarmes de la finance mondiale. La France n’est pas la République hellénique, se plaisent à rappeler certains pour se rassurer, se libérer aisément de la contrainte d’agir, de défier l’impopularité de réformes structurelles inéluctables. Sous François Hollande, la dette de notre pays s’élevait à 358 milliards d’euros, elle s’est alourdie jusqu’à 645 milliards avec Nicolas Sarkozy, pour atteindre 1 112 milliards sous le régime d’Emmanuel Macron. Quelque chose en nous ne tourne pas rond, un je-ne-sais-quoi qui crée des soupçons !

L’été sera chaud

Les suspicions sont justifiées tant le gouffre est abyssal, insondable, énigmatique, embrouillé d’explications oiseuses peu convaincantes. Personne ne sait légitimer. Comme si personne n’avait senti l’odeur annonciatrice de l’embrasement. Alors, dans l’urgence, on a déclenché un plan ORSEC, piloté en haut lieu par le Premier ministre dans le capharnaüm du débat politique national. Il lui fallait trouver des milliards. Il l’a fait, tendant la sébile à tous les Français, pour une obole dont l’équité n’a pas fait l’unanimité. La Gauche, dans sa plus grande pluralité, est vent debout, à l’instar du RN, et le socle républicain oscille entre critique et franche opposition. Quant à la suppression de 2 jours fériés, elle crispe, plus ou moins, dans toutes les chapelles toujours attentives au rejet massif de l’opinion publique. Lundi de Pâques ou 8 mai ? Bayrou devra capituler. Le sacro-saint lundi survivra. Quant au corps composé du régime d’austérité préconisé par le chef du gouvernement, il bénéficiera fatalement d’un lifting d’été, d’apaisantes onctions concoctées dans les tambouilles politiciennes. Quelques concessions issues de sourdes négociations pour sauver le soldat Bayrou sans égarer les précieux milliards. Où vais-je aller ? Qui vais-je aimer. Décidément, l’été sera chaud. L’été sera chaud.

Georges Chabrier

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