Parnay. Ils tentent de réaliser un enduit à partir du tuffeau saumurois

Cela fait maintenant plusieurs années que les travaux du chantier du projet oenotouristique sur le site du Château de Parnay ont été lancés. Ces derniers ont été freinés ces derniers temps en raison de blocages financiers*, même si les choses avancent sur ce point comme l’explique Régis Vincenot, responsable de RGV Group qui porte ce dossier à près de 40 millions d’euros : « Le tour de table financier est aujourd’hui terminé, il ne reste aujourd’hui qu’un dernier point de blocage. L’objectif est que d’ici la fin de l’année tout doit être calé pour que les travaux puissent démarrer. » Pour autant, d’importants travaux ont d’ores et déjà été réalisés.

Que faire de tout ce tuffeau ?

Aujourd’hui, des monticules de terre et de tuffeau gisent encore entre le château et la route. « Quelque 10 000m3 de tuffeau ont été extraits, ce qui représente environ 1 000 camions pour transporter ces « déchets ». La volonté de RGV Groupe et de Régis Vincenot a été dès le début de valoriser ce tuffeau, alors même que tous nous conseillaient de l’évacuer, comme des gravats. Une réflexion a donc été lancée afin de trouver une solution pour réemployer ce matériau », explique Delphine Chevreul, conseillère indépendante chargée du projet oenotouristique. Dès lors, un groupe de travail (géomètre, maçon, entreprise spécialisée dans le réemploi…) a été constitué il y a un an pour lancer une expérimentation. « Etant donné que le projet comporte de nombreux murs de soutènement, notre première idée a été de fabriquer un enduit à base de tuffeau. Pour ce faire, nous avons réduit le tuffeau en sable pour en faire la base d’un nouvel enduit. Or, cela n’ayant jamais été fait, nous avons réalisé des tests en laboratoire, puis ici en expérimentant différentes formules dans divers environnements. Les premiers résultats ont été concluants et cela nous permet aujourd’hui de prolonger l’expérimentation à plus grande échelle sur un mur de parpaings », explique Malo Chaumin, responsable des innovations au sein de l’entreprise ERB. L’idée est donc de pouvoir observer en temps réel le comportement de ce nouvel enduit, son vieillissement, l’impact sur la matière sur laquelle il est posé, sa tenue…

Une première

Cette expérimentation est particulièrement innovante. En effet, jamais le tuffeau n’avait été traité de la sorte jusqu’à présent. Il était considéré comme du gravats et était utilisé pour du remblai ou jeté en déchetterie. « Cela peut sembler logique d’utiliser une matière première déjà présente sur un territoire pour en faire un enduit qui correspond aux couleurs des habitats », souligne le maçon Etienne Cottenceau. Pour autant, personne ne s’était lancé dans l’aventure. « Notre force est d’avoir osé lancer cette expérimentation et d’avoir rassemblé tous ces acteurs et ces compétences autour du projet », assure Régis Vincenot. Ils se sont également rapprochés de l’université d’Orléans, qui avait déjà travaillé sur la question du réemploi du tuffeau depuis de longues années, pour avancer plus encore sur le sujet. Les premiers essais offrent un rendu très proche du matériau original, tant sur la couleur que la matière. L’idée pourrait avoir de l’avenir sur des territoires où doivent se conjuguer restauration du patrimoine et respect esthétique de celui-ci.

*Sur le même sujet : Château de Parnay. L’agglomération soutient le projet œnotouristique pour qu’il voie enfin le jour