A l’heure où plus de 10 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté, nos gouvernants peinent à économiser 40 milliards d’euros, soit environ 1,30 % du PIB du pays (2 917milliards d’euros), sans mettre à contribution les citoyens. Sans stigmatiser quelques catégories d’énergumènes ciblés selon leurs capacités à absorber les coups et les coûts, à nuire ou, bien au contraire, à être séduits par de délétères opportunités. Le clientélisme sert à plein l’intérêt partisan lié à la propre survie de groupes et, par conséquent, au destin présidentiel de leurs chefs étoilés d’ambition. L’affligeante exhibition de la nomination du gouvernement Lecornu 2 et les marchandages irrationnels inhérents à son salut ont frappé de stupeur les oubliés, les électeurs appelés à arbitrer à court ou moyen terme, à sanctionner les belligérants, bas chevaliers de l’apocalypse. A 18 voix près le gouvernement a donc échappé à la censure, laissant le champ libre au débat budgétaire engagé dès la semaine prochaine à l’Assemblée nationale. Le parcours des combattants commence, jalonné de substantielles difficultés pour surmonter les antagonismes profonds autour des ressources et des dépenses. Où placer le curseur, le faire coulisser de droite et de gauche vers un hypothétique réglage, un équilibre raisonné, en contradiction parfaite avec la lourdeur des peseurs.
Retour aux urnes
Le discernement ayant quitté nos parlementaires, il apparait peu probable d’imaginer des votes solennels validant en temps voulu les recettes (4 novembre) et les débours (12 novembre). Le Sénat, dont on connait les sensibilités droitières, sera alors sollicité pour statuer et renvoyer probablement une copie indigeste pour la Gauche parlementaire, en sécession ou ralliée. Quant au Rassemblement national, chauffé par les sondages, il se réserve toutes les options. Ni à droite, ni à gauche, selon son président, il se délectera de la déliquescence d’une situation présageant l’hallali, la dissolution, le retour aux urnes pour une possible quête du Graal. Au gré de milliers d’amendements, les jours pourraient somme toute filer sans contretemps fâcheux, jusqu’au 70ᵉ, échéance programmée pour l’adoption finale du budget 2026. Pour sauver sa tête, Sébastien Lecornu a gelé la réforme des retraites et renoncé à passer en force, avec l’utilisation du fameux 49.3. Il lui reste néanmoins l’article 47, arme fatale du gouvernement pour mettre en vigueur ledit budget, par ordonnances. Pour mettre en rigueur l’hiver, sans apaiser la colère ni éteindre le feu.
Georges Chabrier
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