En France, près de 12 000 logements sont mis à disposition des femmes victimes de violences. Un chiffre éloquent mais très insuffisant pour éloigner les victimes des prédateurs musclés, abondants, en liberté peu surveillée. En l’occurrence tous ces hommes, ces lâches perpétrant en moyenne trois fois par jour des actes abjects et condamnables. Outrages sexistes, harcèlements, agressions, viols et féminicides, les occasions sont nombreuses de s’émouvoir, de s’alarmer de ces violences fondées sur la domination masculine et un système hétéropatriarcal toujours florissant. Alors oui, à juste titre les femmes sont inquiètes, en alerte, face à une menace récurrente les obligeant toujours plus à la méfiance, jusqu’à parfois restreindre leurs choix de déplacements, d’horaires, voire de domicile. Autant dire d’ajouter des contraintes et des restrictions, de concéder des libertés à la pleine jouissance de leur vie sociale. Bien que souvent mineures, les brutalités du quotidien se banalisent, sont l’ordinaire, le marchepied vers un palier d’abjections plus graves dont se repaissent goulument les médias et les pétitionnaires obscurs. Ainsi, les récentes agressions perpétrées dans le RER du Val-de-Marne ont-elles été l’objet d’un déferlement de réactions spontanées nourrissant une mixtion nauséeuse aux relents de suprémacisme et de racisme. Les femmes ne sont pas sexualisées par des communautés, mais par un patriarcat culturellement établi, renforcé par un masculinisme ambiant. D’ailleurs, si la rue, et non les transports en commun, demeure le champ d’action privilégié des délinquants sexuels, les lieux de travail et les domiciles représentent près de 40 % des commissions de violence. Derrière les stores et les voilures se cachent des monstres dont on ne parle pas, contre lesquels il serait urgent de mener bataille. En 2024, la tendance la plus notable en matière de délinquance enregistrée a concerné les violences physiques, en particulier intrafamiliales. Celles touchant les femmes, bien entendu, mais également les enfants dont les cris feutrés ne traversent pas les murs. À la maison, au bureau, dans les couloirs du métro, sur les trottoirs, dans les halls de gare, les parkings, le jour, la nuit, les femmes ne sont pas assez protégées et subissent l’une des violations des droits humains les plus répandues dans le monde. Peu à peu, la France s’organise, la parole se libère et les forfaits sont plus sévèrement réprimés. Malgré tout, la politique de prévention doit impérativement s’organiser dans des actions profondes contre les stéréotypes. Notamment dès l’école pour prévenir et lutter contre les agissements sexistes, éduquer au respect. Outre les réponses sécuritaires de l’État, il n’est d’autre chemin pour soigner cette gangrène contagieuse. La remise en cause de la mixité des classes ou l’avènement de wagons dédiés aux seules citoyennes sont des pis-aller, des leurres opportuns qui punissent et ostracisent celles qui souffrent déjà. Les comportements nuisibles sont ailleurs, chez tous ces machistes et virilistes gonflés d’omnipotence, ambitionnant de placer les femmes sous le voile de l’anonymat.
Georges Chabrier
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