Censure du gouvernement : Les réactions des élus du territoire

Ce mercredi 4 décembre 2024 s'est déroulé un événement historique dans l'histoire de la 5e République. Les parlementaires français ont majoritairement voté en faveur de la motion de censure déposé contre le gouvernement Barnier qui dépose sa démission ce jeudi.
©ALAIN JOCARD AFP

Et maintenant ? Au lendemain d’une censure historique, Michel Barnier présente ce jeudi sa démission à Emmanuel Macron qui va s’exprimer à 20 heures à la télévision pour tenter de fixer un cap alors que s’ouvre une période d’une rare incertitude politique et budgétaire. Michel Barnier, renversé mercredi soir par 331 députés et qui détient désormais le peu enviable record de brièveté à Matignon sous la Ve République, présentera sa démission à 10 heures. Quand sera nommé le nouveau Premier ministre ? La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a exhorté Emmanuel Macron à le faire « rapidement » pour « ne pas laisser s’installer le flottement ». L’entourage du chef de l’Etat ne fournit à ce stade aucun calendrier, mais plusieurs de ses familiers ont confié qu’il entendait cette fois agir vite. Dès jeudi soir ? « Il n’a pas le choix », s’avance un de ses proches. Avec la chute de Michel Barnier, la crise politique ouverte avec la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin a franchi un cap inédit : pour la première fois depuis 1962, un Premier ministre a été renversé par l’Assemblée nationale après avoir engagé sa responsabilité. La situation laisse les Français partagés : 53% approuvent la décision des députés, mais 82% sont inquiets de ses conséquences, selon un sondage Toluna Harris Interactive pour RTL. 64% des sondés se disent favorables à la démission d’Emmanuel Macron, un souhait très prononcé chez les sympathisants de LFI et du RN. La France insoumise continue de réclamer des présidentielles anticipées. Il s’agit désormais pour le chef de l’Etat de résoudre la quadrature du cercle, entre reconduite du « socle commun » entre macronistes et LR ou élargissement de ses contours afin de dégager une coalition gouvernementale davantage capée pour résister à une future tentative de censure. Les Républicains ne « feront pas tomber » le prochain gouvernement même s’ils décidaient de ne pas y participer, a assuré sur France 2 leur chef de file à l’Assemblée Laurent Wauquiez. « On ne sera pas dans le blocage, on ne sera pas dans la stratégie du pire », a-t-il ajouté, conditionnant la participation de son parti à la nouvelle équipe en fonction des priorités qui seront mises sur la table. Le patron des députés macronistes, Gabriel Attal, qui va réunir les ténors de Renaissance dans la matinée, propose, lui, un accord de « non censure » avec le PS pour échapper à la tutelle du RN. L’équation est d’autant plus complexe qu’une nouvelle dissolution et de nouvelles élections législatives ne peuvent pas intervenir avant juillet. D’ici là, qui pour Matignon ? Les noms du président du MoDem François Bayrou, du ministre des Armées Sébastien Lecornu, de Xavier Bertrand, de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve ou du maire de Troyes François Baroin circulent. Le très droitier ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, jugé parfois proche des idées du RN, ou le macroniste historique Roland Lescure, associé à la branche sociale-démocrate de Renaissance, font également l’objet de supputations. La tâche du futur titulaire s’annonce quoi qu’il en soit immense.Dans son discours devant l’Assemblée qui s’apprêtait à le congédier, Michel Barnier a prévenu: la « réalité » budgétaire ne « disparaîtra pas par l’enchantement d’une motion de censure ». Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l’automne 2023, le déficit public raterait son objectif de 5% en l’absence de budget, et l’incertitude politique pèserait sur le coût de la dette et la croissance. Emmanuel Macron, qui avait appelé mardi à « ne pas faire peur », devra jeudi se montrer convaincant pour rassurer. Une mission d’autant plus ardue que sa popularité est au plus bas depuis son arrivée au pouvoir en 2017, ou depuis la crise des gilets jaunes l’année suivante, selon les baromètres.

Anne-Laure Blin juge que l’avenir de la France a été « hypothéqué »

Sur son compte X, la députée Les Républicains de la 3e circonscription de Maine-et-Loire (Saumur-Nord), Anne-Laure Blin a écrit : « Je pense aux Français qui doivent être inquiets ce soir. Vouloir le chaos est tellement inconsidéré. Les Français jugeront le choix de ceux qui ont préféré hypothéquer l’avenir de la France et jouer avec la décadence du pays. »

Grégory Blanc : « Désormais, place à un authentique pacte républicain ! »

Le sénateur divers gauche et chef de fil de l’opposition au conseil départemental Grégory Blanc commente : « En utilisant l’article 49-3 pour imposer son projet de loi, le gouvernement minoritaire dirigé par Michel Barnier a déclenché un processus de censure inscrit dans les mécanismes d’équilibre de la Vème République. Ce scénario, prévisible dès l’été, atteint aujourd’hui son dénouement. Loin du chaos annoncé et des peurs agités éhontément, aujourd’hui : le CAC 40 a progressé, le spread de crédit avec l’Allemagne sur les emprunts à 10 ans a reculé. Pour autant, face à cette situation de blocage institutionnel, il convient désormais de remettre les choses à plat : nous devons bâtir un pacte républicain pour assurer la gestion de l’État d’ici les prochaines élections. Ce gouvernement transitoire doit réunir les forces de gauche et le bloc central, seul socle majoritaire possible. Cela implique que le pouvoir reconnaisse qu’il a perdu les élections en Juin et Juillet derniers, et l’échec de la politique de l’offre, c’est-à-dire des baisses d’impôts (coût annuel : 60 Mds €) financées par l’endettement. Malgré les tensions, lors de l’examen de ce budget, des compromis de bon sens ont émergé à l’Assemblée nationale et au Sénat, notamment entre la gauche et les centristes. Ces accords, balayés violemment par le gouvernement censuré, proposent des solutions concrètes pour redresser les finances publiques. Ils démontrent qu’une voie est possible, et désormais indispensable. »

Stéphane Piednoir : « Le choix du chaos »

Pour le sénateur Les Républicains de Maine-et-Loire : « Par une alliance contre nature des extrêmes, la motion de censure votée à l’Assemblée nationale conduit la Vème République dans une crise aiguë et inédite, comme une nouvelle réplique sismique de la dissolution voulue par le Président Emmanuel Macron. Je déplore l’action funeste de forces politiques centrifuges, autour du Rassemblement National et de la France Insoumise, qui œuvrent dans le désintérêt général en trahissant leurs électeurs et sans jamais considérer les lourdes conséquences de cette censure pour nos concitoyens. Je veux saluer le courage de Michel Barnier et de son Gouvernement qui, sans majorité absolue à l’Assemblée nationale mais avec le large soutien du Sénat, ont su relever le défi de mener l’exécutif, avant d’être soumis à l’irresponsabilité de députés mêlant leurs voix dans un maelstrom nauséabond. La période qui s’ouvre désormais est d’une profonde incertitude, provoquant un chaos institutionnel de bien mauvais augure au moment où notre pays a tant besoin d’apaisement et de stabilité. »

Christophe Béchu : « Nous devons maintenant bâtir les bases d’une vraie coalition »

Le maire d’Angers et ancien ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires Christophe Béchu, membre du parti Horizons d’Edouard Philippe, a réagi sur X : « je salue l’action et le courage de Michel Barnier et de son Gouvernement, qui ont agi avec responsabilité et détermination. Il faut désormais sortir des postures. Nous devons travailler ensemble avec un seul objectif : améliorer le quotidien de nos concitoyens. Seule une initiative politique des modérés permettra de surmonter cette crise. Nous devons maintenant bâtir les bases d’une vraie coalition. »

Pour Christelle Morançais, extrême droite et extrême gauche, même combat : « On les croit différents, en réalité ils sont pareils »

La présidente de la Région Pays de la Loire, Christelle Morançais s’est quant à elle fendu d’une publication sur X remettant dos à dos le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National : « Les extrêmes finissent toujours par se rejoindre. Il y a chez la gauche « NFP » inféodée à Mélenchon et au RN la même haine de l’Europe et des institutions de la 5ème, la même culture de la protestation, du chaos et de l’irresponsabilité. On les croit différents, en réalité ils sont pareils. »

Avec AFP

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