Il y a quelques semaines, le 10 avril dernier, la commune de La Breille-les-Pins a été le théâtre d’un impressionnant feu de forêt qui a détruit près de 300 hectares de végétation (relire notre article). Des flammes venant de Saint-Nicolas-de-Bourgueil attisées par des vents tourbillonnants. Des événements qui rappellent combien le feu peut-être puissant, dévastateur et imprévisible. Il y a quelques années, c’est la commune de Baugé-en-Anjou qui en a fait les frais et dont les bois portent encore les stigmates d’un gigantesque incendie. « Le feu qui a récemment ravagé 275 hectares à La Breille-les-Pins, mobilisant en quelques heures plus de 240 sapeurs-pompiers venus de huit départements et des moyens aériens conséquents, nous rappelle avec force que les incendies de forêt ne sont plus un risque abstrait pour le Maine-et-Loire. Ils sont devenus une réalité récurrente, douloureuse et appelée à s’intensifier. Depuis les événements marquants de 2022, notre département a été reconnu comme « nouveau territoire de feu ». Ce classement engage : il exige que nous changions d’échelle, que nous anticipions et que nous renforcions collectivement notre action sur quatre piliers : prévenir, détecter, lutter, et accompagner la reconstruction », a souligné le préfet de Maine-et-Loire, Philippe Chopin, lors du lancement de la campagne de lutte contre les feux de forêts ce mercredi 11 juin 2025 à la Breille-les-Pins. Une campagne qui vise à transmettre les bons gestes et les bonnes pratiques à la population et aux usagers des bois et forêts à une période plus chaude et sèche où les départs de feu sont plus que facilités.
Des gestes à adopter pour limiter les feux, très souvent d’origine humaine
9 feux sur 10 sont d’origine humaine. La prévention du risque de feux de forêt et de végétation passe avant tout par des comportements responsables. Bien que les différents acteurs soient très impliqués et mènent des actions de prévention récurrentes, certains conseils et bons réflexes méritent d’être mieux connus et rappelés. Par des gestes simples, il est possible de réduire considérablement le risque de départ d’incendie en espace naturel.
Pour les habitants
Si les habitations sont situées à proximité d’un bois ou d’une forêt, il faut :
– Limiter le stockage de matériaux combustibles le long ou proche de votre habitation (ex : bois de chauffage, cannisses, abris de jardin, haies, objets divers…) ;
– Débroussailler régulièrement votre propriété dans un rayon de 50 m au minimum (hors période à risque) ;
– Vérifier l’état des fermetures, portes, fenêtres et volets de votre habitation. Les ouvertures, qui constituent souvent le point d’entrée du feu dans l’habitation doivent être en bon état. Pour la construction dans des zones exposées au risque, il est recommandé de privilégier des huisseries en bois plein ou en aluminium, le PVC étant plus vulnérable ;
– Nettoyer régulièrement les toitures, afin d’éviter que ne s’accumulent des feuilles et des aiguilles, y compris dans les gouttières et les angles. Le PVC doit être impérativement évité pour les gouttières au risque de propager rapidement l’incendie ;
– Aménager des points d’eau proches de l’habitation ou de l’endroit aménagé pour le barbecue ;
– Bricoler en plein air, loin des espaces sensibles afin de les protéger des étincelles et prévoir un extincteur pour éteindre le feu immédiatement ;
– Éloigner les réserves de gaz et de fioul des murs de votre habitation, et les enterrer quand cela est possible ou les mettre dans un abri ;
– Déposer vos déchets verts à la déchetterie si vous coupez de la végétation dans votre jardin.
Pour les promeneurs
Lors de promenades dans un bois ou une forêt, sans distinction de période :
– Repérer les chemins d’évacuation et les abris potentiels ;
– Ne pas faire de feu (barbecue, feu de camps…) ;
– Ne pas circuler avec un engin à moteur dans les bois (4X4, motos quads…) et hors des routes ;
– Ne pas fumer et ne pas jeter de mégots par la vitre de sa voiture ;
– Ne pas stationner hors des zones de stationnement prévues à cet effet ;
– Ne pas stationner votre véhicule devant les barrières d’accès des services de secours (facilité d’accès des secours).
Plus largement, l’usage du feu est interdit toute l’année sauf exception dans les bois et forêts et jusqu’à une distance de 200 mètres autour. Cela s’applique aux barbecues, méchouis, braseros, feux de camps et toutes autres formes de feux (réchaud à gaz, cigarette, lanterne volante…). Les bois et forêts sont définis par “les terrains occupant une superficie d’au moins 50 ares, comportant des arbres capables d’atteindre une hauteur supérieure à 5 mètres à maturité, et une largeur moyenne d’au moins 20 mètres. Les terrains momentanément déboisés (après coupe) ou en régénération sont considérés comme des bois et forêts”.
Un massif désormais classé à risque
Le 20 mai 2025, un arrêté interministériel de classement national des territoires comportant des massifs forestiers exposés au risque d’incendie de forêt, a intégré le Maine-et-Loire. Ce classement se justifie dans le Maine-et-Loire en raison de : Une pression climatique très favorable aux incendies, quasi identique à la situation méditerranéenne dans le Saumurois ; Une année 2022 révélatrice du risque futur dans le département et plus largement dans la région ; Une présence importante de pin maritime, essence classée dans la catégorie des plus sensibles au feu depuis 2023 ; Un feu de forêt à Breille-les-Pins en début du printemps 2025 qui a ravagé plus de 100 hectares en raison d’une végétation déjà sèche. En conséquence, le Maine-et-Loire va se doter d’un plan qui fixera la stratégie départementale de Défense de la forêt française contre les incendies (DFCI) dans toutes ses composantes. Il s’agit d’un guide partagé de l’action collective constituant la première étape après le classement de massifs. A partir d’un état des lieux, il fixe des objectifs, des actions et des priorités ; sachant que ce plan doit répondre aux grands objectifs suivants : La diminution du nombre de départs de feux de forêt, la réduction des surfaces brûlées, la prévention des risques d’incendies et la limitation de leurs conséquences. Les points clés du plan de protection des forêts contre les incendies (PPFCI) seront : le traitement des interfaces, les obligations légales de débroussaillement, l’emploi du feu, la valorisation de la forêt, des espaces et des produits forestiers, la connaissance et la compréhension des feux de forêt, la surveillance estivale, l’information et la sensibilisation, la création de structures représentatives de type ASL ou ASA, la sécurisation juridique des équipements de DFCI et la réhabilitation des espaces incendiés. Le plan s’étend également aux zones agricoles et urbaines proches des bois et forêts étant donné que les activités associées sont génératrices de risque. Ces zones font partie intégrante des massifs classés.
Des moyens à la hauteur des enjeux
Face au réchauffement climatique, qui augmente le risque d’incendies, le SDIS a fait l’acquisition d’un système de vidéodétection permettant de détecter et de localiser rapidement les départs de feu grâce à un réseau automatisé de surveillance. Cet investissement exceptionnel est financé à plus de 80% par l’État. Le SDIS 72, déjà équipé de ce système, avait permis en 2022 de transmettre une alerte au SDIS 49, grâce à la détection sur ses caméras, de deux panaches de fumée dans le secteur de la forêt de Pugle à Baugé-en-Anjou, plus de 15 minutes avant les premiers appels des requérants. 15 points hauts, majoritairement équipés sur des châteaux d’eau dominants les massifs forestiers. 8 caméras sont actuellement opérationnelles. 6 caméras supplémentaires seront installées d’ici fin juin. La dernière caméra sera installée le 2 juillet 2025. Chaque point haut comprend trois à quatre caméras : deux caméras de détection et une à deux caméras de levée de doute, avec zoom. En cas de détection de fumée, une alerte est transmise aux opérateurs sapeurs-pompiers du centre de traitement de l’alerte. Pour financer ces équipements, l’État versera au SDIS49, entre 2024 et 2027 via le pacte capacitaire, la somme de 5 millions d’euros, abondés de 550 000 euros, au titre du Fonds vert.
Une équipe de 10 télépilotes de drones
L’utilisation d’appareils télépilotés facilite les missions de reconnaissance et permet de conseiller le commandant des opérations de secours sur des choix tactiques, tant dans les missions de lutte contre l’incendie de toute nature que dans les missions de secours et soins d’urgence aux personnes. Dix sapeurs-pompiers, professionnels et volontaires, ont été sélectionnés pour composer l’équipe drone. Après une formation théorique incluant des notions de mécanique de vol, d’aéronautique, de météorologie ou encore de navigation, les candidats ont tous obtenu le certificat d’aptitude théorique de télépilote de drone (CATT), délivré par la direction générale de l’aviation civile. La formation pratique s’est ensuite déroulée à l’école des sapeurs-pompiers, à Feneu. Sept formateurs des SDIS 29, 56 et 35 ont organisé cette mise en condition opérationnelle. Les mises en situation ont permis aux agents de se familiariser avec le matériel et d’aborder diverses thématiques. Le SDIS a acquis quatre drones, véritables concentrés de technologie. Ils comprennent notamment : un haut-parleur puissant permettant de diffuser ; des messages d’alerte ou de rassurer des victimes ; une caméra 4K thermique et infrarouge, pouvant détecter des points chauds, des victimes égarées un projecteur, capable d’éclairer plusieurs centaines de m2 ; un GPS pour repérer les points sensibles ; un parachute de sécurité pour sauvegarder l’appareil d’un crash ; un télémètre laser, nécessaire pour mesurer des distances, calculer des surfaces ; une conception étanche pour s’adapter aux conditions météorologiques. En 2024, les drones ont été engagés 31 fois et 16 fois en 2025. Leur rôle a été déterminant lors du feu de La Breille-les-Pins.
Un agent dédié à la défense des forêts contre les incendies
Un agent de l’Office National des Forêts a été affecté dans le Maine-et-Loire au printemps 2023 spécifiquement pour travailler à la défense des forêts contre les incendies. Il est chargé du contrôle de la réglementation, de réaliser des appuis à la préparation de crise, de sensibiliser la population autour de réunions publiques, ou encore, d’assurer des missions sentinelles et de surveillance des massifs lors des périodes à risque. La mission d’intérêt général de l’Office national des forêts (ONF) en matière de défense des forêts contre l’incendie a été renforcée sur l’ensemble des massifs domaniaux et privés afin de développer : Des patrouilles et missions sentinelles lors des périodes critiques ; La sensibilisation du grand public ; La formation et l’accompagnement des élus locaux et agent municipaux ; Le contrôle de la réglementation ; Le conseil auprès des sapeurs-pompiers lors des missions de lutte. Pour l’année 2025, les moyens de l’ONF, mutualisés au niveau régional, sont renforcés : le nombre de patrouilles de contrôle et de surveillance, qui assurent aussi de la prévention et de la verbalisation d’infractions, sont en hausse en 2025. Il dispose aussi d’un véhicule de surveillance et d’intervention, doté d’une première capacité d’intervention en cas de départ de feu.
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