Édito du Kiosque : c’est la faute à Voltaire !

Sébastien Lecornu est devenu le septième Premier ministre de l’ère Macron. Un de plus pour orchestrer l’affligeant spectacle des cabotins rejetés par les Français. La fièvre monte dans notre République vacillante.
©AFP

Dans la trace des ministres, premiers et distincts, flotte le nauséabond d’une ragougnasse, d’un rata aux fumets d’indécence. La manifestation brutale de l’état chronique de nos finances est sortie du chapeau, sinistre, effrayante. L’urgence s’impose. L’urgence commande de désigner des coupables, les irresponsables profiteurs des largesses de nos généreux gouvernants. Les Français ont dilapidé l’argent donné pour acheter des voix, la paix et, semble-t-il, la postérité. Ils ont eu tort, auraient dû refuser et réfléchir aux conséquences de leur insouciance. Ils sont responsables et devront verser l’obole, un bon pourboire dans la sébile de ceux dont ils ont reçu de bons et loyaux services, professionnels et exemplaires. En honnêtes gens, ils devraient souffrir de leur incompétence, battre leur coulpe, se repentir d’avoir vécu au-dessus du seuil de la nécessité. En fait, ils auraient eu bonne grâce de montrer l’exemple à leurs mécènes particulièrement soucieux de la dépense publique, de la bonne gestion de leur portefeuille, des capitaux propres au financement du misérable train de vie de l’État, de ses commis. Il n’y a qu’à les écouter pour bien comprendre leur innocence, leur immunité collective contre l’incompétence, l’inconséquence, causes de la fâcheuse faillite. Pourtant, depuis 30 ans, la dette s’est emballée, masquée par la poussière enfouie sous le tapis de leur mémoire. Ils ont tous oublié. Les Moscovici, Sapin, Sarkozy, Breton, Attal, Borne, Cazeneuve, Copé, Woerth, Lagarde, Walls, Raffarin, Barouin, Darmanin, Macron et autres Le Maire, particulièrement, n’ont-ils pas été ministres des Finances, des Comptes publics ou du Budget, comptables lumineux de la bérézina ?

La leçon

Sans vergogne, ils donnent la leçon et les recettes pour surmonter le chaos, les désordres causés par leur incurie. Sans pudeur, ils revendiquent encore un statut dans un avenir collectif auquel ils ne devraient plus prétendre. Mais, au rythme où se succèdent nos gouvernements, des places se libèrent, offrant des seconds rôles à des cabotins boudés et rejetés par le public. Nos dirigeants politiques sont en disgrâce. « Nous n’avons plus de grand homme, mais des petits qui grenouillent et sautillent de droite et de gauche avec une sérénité dans l’incompétence qui force le respect.* » Les Français sont fatigués, excédés. La colère gronde autour du palais de l’Élysée où les dernières rénovations devraient se terminer en fin d’année. Vaisselle en porcelaine de Sèvres, tapisseries de Beauvais, salon doré à l’or fin, salle des fêtes passée du rouge napoléonien au gris (pour Brigitte) et une cuisine flambant neuve (8 millions d’euros) feront encore le bonheur des élus de la Nation. De nos nouveaux ministres, de notre président, hors du brouhaha des perturbations et des tensions, loin de la rue, de la fièvre du peuple, derrière les portes fermées d’une République qui s’éteint.

Georges Chabrier

*Pierre Desproges

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