Édito du Kiosque : Le temps des « bleuettes »

Foot, rugby, cyclisme, les sports populaires les plus médiatisés se féminisent. Sur le terrain ou dans les tribunes, le spectacle séduit. Les fédérations rient jaune à l’idée de partager l’autorité.
©AFP

Entre Zidane, Hinault, Noah, Platini, Parker, Prost ou autres Cerdan, une femme s’est faufilée. Discrètement mais surement, elle s’est distinguée pour imposer sa grâce au Panthéon du sport. Marie-Jo (Pérec) est une icône irradiante au sourire modeste, éternel. Une exception, presqu’une anomalie dans une hiérarchie dominée par la force prégnante des mâles, du genre fidèlement associé aux grands exploits. Notamment dans l’expression collective des disciplines les plus sponsorisées, médiatisées, les faiseuses de légendes et de grandes fortunes. Mais « les femmes se distinguent », comme l’exprimait déjà l’emblématique Michel Simon, en 1970, en assistant à l’un des premiers matches de football féminin en terre d’Helvétie. « Nous verrons dans quelque temps des compétitions qui nous passionneront », poursuivait « le bon, le brut et le truculent * », acteur sensibilisé par l’écologie et le féminisme. « La science chimique assassine les insectes, les oiseaux, les hommes. Ce qui pourrait peut-être sauver l’humanité, c’est la femme. Elle échappe aux lois, aux imbécilités émises par les anormaux ».

Transformer l’essai

En effet, si les pelouses des stades, aujourd’hui, échappent aux pesticides, les tribunes bruissent toujours et encore de litanies sexistes, homophobes et racistes. D’actes discriminatoires semblant fort heureusement échapper à la ola de nouveaux publics conquis par les championnes, nos « bleuettes » du Tour de France, mais aussi et surtout du ballon, rond ou ovale, dans le pré carré du masculinisme, catégorie normative de référence. Et oui, les filles jouent au foot et au rugby pour le plus grand plaisir de ceux qui déconstruisent les mécanismes présents, intègrent les enjeux de l’égalité des sexes. Malgré les obstacles, les femmes progressent, s’imposent et forceront bientôt les dernières résistances limitant leur accès aux postes décisionnaires. Pour la première fois aux J.O. de Paris, une parité stricte avait été respectée chez les athlètes appelés à concourir. En 1900, les femmes ne représentaient que 2,2 % des postulants aux médailles du Comité international olympique. Demain, en 2028, à Los Angeles, c’est une Zimbabwéenne qui distribuera les trophées. La première femme et première Africaine à présider aux destinées de l’instance suprême du sport. Selon Voltaire, Dieu n’a créé les femmes que pour apprivoiser les hommes. Puissent elles, dans de distingués raffuts, refouler les antagonistes, pour transformer l’essai.

Georges Chabrier

* Libération

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