Régulièrement, nos gouvernants accumulent les promesses pour faire belle fortune. Puis, usés et fatigués, ils sacrifient leur parole pour recouvrer la forme, tenter de survivre à un présent qu’ils fuient sans se soucier du futur. Ils vivent et agissent « comme s’ils ne mourraient jamais. Ils meurent sans avoir vraiment vécu ». Sans avoir édifié leurs serments, laissant derrière eux les stigmates de plaies ouvertes, jamais refermées. Aujourd’hui, plus que toutes autres infestations, ce sont les milliards disparus qui souillent et gangrènent le derme de notre nation, promise à la débâcle, la déchéance. 20 par-ci, 40 par-là, oubliés, disparus au gré de décisions, d’arbitrages équivoques, interlopes, au gré des suffisances et des insuffisances de ministres de tutelle enfumés par la grandiloquence des sachants, conseillers et hauts fonctionnaires du même tonneau. Ces milliards envolés, brûlés au feu de la frilosité des hôtes de notre République, il faut bien entendu les récupérer, à tout prix et vite, stopper la gabegie dans tous les ministères, les collectivités locales, les comités Théodule, en prenant soin toutefois d’épargner l’Elysée, l’Assemblée nationale et le Sénat dont les budgets 2025 sont en augmentation. Ne faites pas aux autres ce que vous n’aimeriez pas qu’ils vous fassent… Le dilemme est cornélien obligeant à contrarier à la fois ses pairs, sa famille, ses alliés, une opposition bienveillante ou complice, les écuries de poulains pressentis pour s’aligner dans les stalles de départ des imminentes échéances électorales.
Un sac d’embrouilles
Perdu dans l’imbroglio de cette situation inextricable, François Bayrou oscille, tergiverse pour gagner du temps, le recul nécessaire pour recevoir l’écho d’idées, de pistes lancées en pâture à l’opinion publique. Parmi elles, le retour très controversé d’une tva sociale « inéquitable », pour financer notre protection et alléger les cotisations patronales. Et, par simple principe, augmenter les salaires, baisser les prix de vente pour gagner en compétitivité et créer de l’emploi. Du déjà vu, du sans effet, pas d’embauches, malgré l’augmentation des marges. L’idée ne fait donc pas l’unanimité et rejoint dans le sac d’embrouilles du Premier ministre le fatras des taxis, des agriculteurs, les volte-face des frondeurs ou pourfendeurs des ZFE urbaines (zones à faibles émissions), de la proportionnelle, de la loi sur la fin de vie, en examen au Sénat, sur laquelle vient de se prononcer défavorablement Yannick Neuder, le ministre de la Santé. C’est la chienlit, comme disait de Gaulle et bien malin qui peut prédire ce que François Bayrou sortira du chapeau, en juillet prochain. « Je proposerai aux Français un plan de retour à l’équilibre des finances publiques (…) qui va demander un effort à tous (…) le plus juste possible. » D’aucuns avaient auguré d’une motion de censure à la rentrée. Nous nous en rapprochons ! En attendant, un député éclairé, Mathieu Lefèvre, vient de déposer une proposition de loi pour « améliorer les prévisions de finances publiques” et “renforcer » les outils de pilotage en cas de dérapage significatif des déficits publics. De l’héroïque au ridicule, il n’y a qu’un pas…
Georges Chabrier
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