Edito du Kiosque : Travailler moins…

A contre-courant et forcés, les Français pourraient travailler moins. L’intelligence artificielle va trancher en lieu et place d’élus indolents, contraints dans l’étroitesse de leurs tuniques partisanes.
Photo AFP

« Avant qu’ils ne se décident, on aurait le temps de tuer un âne à coups de figues ». Conjuguée au pluriel, cette expression méridionale, empruntée à Giono, illustre à merveille les palabres oiseux et impuissants de nos couvées politiques. Entre les coqs envieux juchés sur d’ambitieux ergots et les mules enlisées dans la bourbe des dogmes, le courant ne passe pas. Et le temps défile, sans progrès, volé à tous ceux que l’immobilisme n’avantage pas. Tous les sujets sont bons pour une discorde annoncée, amorcée par le mauvais bout d’une lorgnette focalisée sur le détail au détriment de l’essentiel. Si l’on excepte les débats nauséeux sur les thèmes nourriciers du terreau populiste, rien n’est enrichi par la substantifique moelle d’une réflexion profonde, posée et visionnaire, de nature à solutionner les difficultés et les défis proposés par nos sociétés patraques. L’éducation, la recherche, la santé, la justice, l’économie, l’emploi, la démocratie et le bien vivre ensemble, dans un environnement approprié, sont anémiés par l’asphyxie de la vie politique. Pour exister on lance des idées, des consultations citoyennes, par exemple, comme en 2020 sur le climat, en 2022, sur la fin de vie ou, aujourd’hui, sur les rythmes scolaires. Comme un référendum mort-né sur un hypothétique budget. On gagne du temps, pour en perdre un peu plus, on délègue aux autres le soin et le courage de diagnostiquer et de prescrire la médication que l’on ne souhaiterait concevoir ni administrer, par népotisme, pleutrerie ou, bien entendu, par manque de moyens. Et l’on reparle d’argent, de déficit de la sécurité sociale, de surendettement. Et l’on reparle d’impôts et de recettes, de travailler plus, plus longtemps, pour gagner plus, salariés et, surtout, Etat compris. Et si, messieurs les députés, sénateurs, ministres et présidents vous franchissiez enfin le seuil de l’intelligence superficielle commodément accordée pour noyer le poisson, biaiser devant l’interdit, le tabou. Et si vous osiez affirmer qu’imaginer travailler davantage était un non-sens, une hérésie, à l’aune d’une société servie et asservie par une intelligence supérieure… artificielle, fascinante et effrayante. Celle-là même qui bouscule théories et certitudes dans un emballement incontrôlé dont nul n’imagine les limites.

Des millions d’emplois supprimés

Dans moins de dix ans, en France comme ailleurs, des millions d’emplois seront directement menacés par la prise de contrôle de la technologie sur les outils, les êtres producteurs de richesses. Quid alors des métiers du tertiaire, des secrétaires, comptables, des juristes, interprètes, téléassistants, caissiers, traducteurs, des ouvriers, voire encore des enseignants. Qu’en sera-t-il du « recyclage » de ces nombreux travailleurs dont il faudrait, urgemment, envisager la formation vers des tâches nouvelles directement liées à cet envahisseur puissant et redoutable. Tant profitable pour la recherche, dangereusement nuisible entre les mains de disciples avancés de la désinformation, de la propagande, de la cybercriminalité, de la prise de contrôle de nos infrastructures, nos biens, nos vies privées. L’intelligence artificielle est une réalité, le plein emploi ne saurait être assuré par les compétences et les talents de nos dentistes, de nos athlètes, de nos maçons, cuisiniers, plongeurs, gardes-champêtres et curés de campagne. Travailler plus semble donc particulièrement approprié à la saisonnalité de programmes électoraux appauvris par une démagogie bien éloignée de la crudité des faits. A contre-courant et contraints, les Français pourraient donc travailler moins et s’émanciper dans une nouvelle vie où l’emploi ne serait plus au centre de leur vie sociale. Difficile à admettre ou à encourager par la perspective du grand retour de deux épouvantails : le Revenu Universel d’Existence et la promotion de l’écologie sociale. Le fameux RUE, toujours porté par Benoît Hamon, cinq siècles après Thomas More, précurseur de la théorie (1516). L’expérience a été tentée sans grande réussite dans certains états (Finlande, Singapour, Alaska…), mais la nouvelle donne pourrait fort bien inspirer et relancer l’offensive. Sans stigmatiser les paresseux ou les surfeurs de Malibu, en parler simplement parce que la vérité l’exige.

Georges Chabrier

Sortie de débogage de pub

La pub n’est pas affichée sur la page

contenu actuel: Edito du Kiosque : Travailler moins..., ID: 87001

Pub: Google Adsense (6612)
Groupe de pub: Pub sidebar article (98)

Trouvez des solutions dans le manuel
Les commentaires sont limités à 500 caractères.
Le Kiosque renforce sa veille : Les commentaires ne seront pas corrigés. Ceux comportant des mots grossiers ou portant atteinte à l'intégrité des individus n'étant pas publics ne seront pas publiés. La courtoisie n'empêche pas la libre expression, nous vous rappelons aussi que le débat s'enrichit d'idées et non de critiques aux personnes. Vous pouvez aussi nous adresser un article, une réflexion, une pensée,... que nous publierons en courrier du lecteur.
Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?