Ils, elles sont passé(e)s par Saumur. Chronique de Gino Blandin : Manassès de Feuquieres « L’homme de guerre » 

Cette rubrique bimensuelle, orchestrée par Gino Blandin, auteur saumurois et ancien président de la Société des Lettres de Saumur, se propose de brosser le portrait des personnalités qui, au fil du temps, sont venues à Saumur au cours de leur existence. Aujourd’hui, Manassès de Feuquieres « L’homme de guerre » (1590-1640).
Manassès comte de Pas, seigneur de Feuquière Par Balthazar Moncornet (Bibliothèque nationale de France, domaine public).

Comment cet homme de guerre, l’un des plus distingués du XVIIe siècle, naquit-il à Saumur ? On peut penser que c’est suite à la nomination de son père à un poste de commandement dans cette ville d’Anjou. Il est issu de la famille artésienne de Pas qui tire son nom du bourg de Pas-en-Artois, entre Arras et Amiens. Le nom primitif de la famille est Paroque ; elle n’appartient pas à la noblesse et sa filiation à cette dernière n’apparaît qu’en 1527. Les hauts faits d’arme de ses membres la dispensent d’une longue suite d’aïeux.

On sait que Manassès naît le 1er juin 1590 à Saumur. Il est le fils de François de Pas, marquis de Feuquières, premier chambellan d’Henri IV, maréchal de camp, gouverneur de Péronne, de Roye, et de Montdidier, qui trouve la mort à la bataille d’Ivry le 14 mars 1590. Sa mère se nomme Madeleine Motier de La Fayette, elle sera la tante de la célèbre romancière.

Manassès naît donc orphelin de père. Ce dernier était protestant, mais Manassès se convertira au catholicisme. Il épouse Anne Arnaud qui lui donne trois fils. Il essaie de les faire adjurer. Seul l’aîné, Isaac – qui fera une brillante carrière politique – le suivra dans sa démarche. Sous les ordres de Louis XIII, il participe activement au siège de la Rochelle avant de se faire capturer par les Protestants. Il recouvre la liberté à la chute de la ville.

Gouverneur de Vic, Toul, puis Verdun, c’est en 1633, durant la Guerre de Trente Ans, qu’il est chargé d’une mission en Allemagne. Richelieu met tout alors en œuvre pour lutter contre la maison d’Autriche et la main basse des Espagnols sur les Provinces Unies. Le cardinal n’hésite pas à s’allier avec les Protestants pour arriver à ses fins ! Feuquières parvient à resserrer les liens entre la France, la Suède et les princes protestants d’Allemagne.

A la tête d’une puissante armée, Manassès de Pas, marquis de Feuquières, lieutenant général des Armées du Roi, assiège Thionville, mais le 7 juin 1639 les troupes hispano-impériales d’Ottavio Piccolomini lui infligent une cuisante défaite. Le lieutenant général est blessé durant les combats puis capturé ensuite. Il meurt en captivité.

Il laisse des Mémoires sur ses Négociations en Allemagne, en trois volumes, publiés en 1753. Vers 1662, l’architecte Antoine Piochon construit une petite caserne sise près du château de Saumur qui reçoit le nom de Feuquières. Les armoiries de la famille de Pas porte : De gueules au lion d’argent.

Bibliographie :
– Annales de l’Est, Editions Berger-Levrault, page 211 – 1968
– Bulletin de la Société héraldique et généalogique de France, Volume 4, Paris, 1885-1886

 

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