On ne connaît pas le lieu exact de la naissance de Marc Duncan, probablement le sud de l’Ecosse. On ne connaît pas non plus sa date de naissance, peut-être 1570… Aristocrate, on ne sait pas grand-chose de sa jeunesse. On soupçonne qu’il vient étudier la médecine à Montpellier. En 1606, quand Philippe Duplessis-Mornay crée l’Académie protestante de Saumur, il réussit à le persuader de venir s’installer en Anjou. Il lui confie d’abord le cours de philosophie. Ensuite, Duncan est chargé du cours de logique et d’éthique puis de celui de physique.
En 1615, Marc Duncan devient Principal du Collège. Il assurera cette fonction pendant 25 ans. Il est alors professeur de mathématiques et de métaphysique. Mais chaque semaine, il donne également deux leçons de philosophie, deux leçons d’histoire et d’éloquence et quelques heures de géométrie, sans oublier un peu d’astronomie.
En 1621, il épouse Suzanne Gorrin, une française. Le personnage ne devait pas être facile. La charge de Principal ayant été supprimée, il quitte ses fonctions, mais l’Académie, en signe de reconnaissance, maintiendra son titre jusqu’à son décès. C’est au sein de cette même Académie, qu’il partagera avec ses collègues, non sans difficulté, ses fonctions.
Son épouse étant décédée, il se remarie en 1630. A cette occasion, des élèves ayant pris des libertés furent sévèrement punis. On les fouetta dans leur salle de classe.
Curieusement, Marc Duncan, en plus du grec, de la philosophie et des mathématiques, pratique la médecine. Sa réputation est telle que le roi d’Angleterre Jacques Ier l’appelle auprès de lui. On raconte que c’est par amour pour sa femme qui ne veut pas quitter les bords de Loire et qu’il refuse la proposition.
Duncan s’intéresse à la célèbre affaire des Possédées de Loudun de 1632 qui se termine par la mise au bûcher du prêtre Urbain Grandier. Il assiste même, paraît-il, aux séances d’exorcisme des religieuses ursulines. En 1634, il écrit un ouvrage sur le sujet : Discours de la possession des religieuses ursulines de Loudun. Il a le courage de dire qu’il ne s’agit pas de possession, mais d’hystérie et de délire collectif. Le fait d’être le médecin d’Eléonore de Bourbon, abbesse de Fontevraud, et de la maréchale de Brézé, sœur de Richelieu, lui évite de finir lui-même sur le bûcher.
Pierre Bayle écrira de lui : « Il mourut en l’an 1640, regretté de tout le monde tant catholiques que réformés, de quelque qualité qu’ils fussent. Il possédait admirablement la philosophie, la théologie et les mathématiques outre la médecine qu’il exerçait avec beaucoup d’honneur. Ce qui est le plus estimable, c’est qu’il était homme d’une grande probité et d’une vie exemplaire. »
Duncan laisse trois fils dont l’ainé, Marc, s’est rendu célèbre sous le nom de Cérisantes.
A Saumur, une petite rue porte son nom dans le quartier de Nantilly. Rue des Païens à Saumur, on peut voir aujourd’hui la maison de Marc Duncan. Une pancarte renseigne le passant. On y apprend que Marc Duncan y aurait rencontré William Penn, le fondateur de la Pennsylvanie. Affirmation étrange quand l’on sait que les deux hommes n’ont pas vécu à la même époque : Duncan était déjà mort quand Penn vit le jour !
Bibliographie :
– PORT Célestin, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine & Loire, Editions Siraudeau, Angers, 1965.
– PITTION Jean-Paul, Notre maître à tous: Aristote et la pensée réformée française au XVIIIe siècle, in De L’Humanisme aux Lumières, éd. M. C. Pitassi, R. Whelan & A. McKenna, Oxford, Voltaire Foundation, 1996.
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