La chronique de Gino Blandin. Ils, elles sont passé(e)s par Saumur : Jean-Eugène Fromageau

Fils de Jean-Laurent Fromageau, 26 ans, maçon, et de Eugénie Deville, 20 ans, Jean-Eugène Fromageau voit le jour à Saumur le 30 mars 1822. La famille habite rue du Port au Bois. Nous savons peu de choses sur son enfance. En 1842, il entre à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris et travaille sous la direction de l’architecte Simon-Claude Constant-Dufieux. Il décroche deux médailles : l’une en construction générale et l’autre en construction fer. En 1847, diplôme d’architecte en poche, il s’installe à Saumur. Deux ans plus tard, il expose un projet au Salon des artistes à Paris. Il épouse Claire-Marie Reyneau le 7 juillet 1851. L’année suivante naîtra une petite Gabrielle-Marie.

Jean Eugène appartient à la Société centrale des architectes français et à la Société des architectes de l’Anjou. Il s’intéresse aux fouilles archéologiques menées dans le Maine-et-Loire. En matière d’architecture, il ne goûte guère le style néo-gothique tant prisé par Eugène Viollet-le-Duc et Charles Joly-Leterme.

A la mort de son épouse, après seulement trois ans de vie commune, Jean-Eugène Fromageau quitte Saumur et se rend en Algérie où il est bientôt nommé architecte diocésain d’Alger. A cette époque, le poste est attribué par le ministre des Affaires ecclésiastiques et de l’Instruction publique sur avis du préfet et de l’évêque. Il est responsable des travaux à exécuter sur les édifices du diocèse.

Fromageau lance alors la construction de nombreux bâtiments dans le style romano-byzantin : le grand séminaire de Kouba, le petit séminaire de Saint-Eugène à Bologhine. Il participe à la transformation de la grande mosquée Ketchaoua en « cathédrale Saint-Philippe » dans la basse casbah d’Alger. Le grand œuvre de Fromageau est la basilique Notre-Dame d’Afrique. Situé à l’ouest d’Alger, sur un promontoire accessible par un téléphérique, l’imposant monument, qui n’est pas sans rappeler Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille, domine la mer de 124 m d’altitude. La construction démarrée en 1858 se termine quatorze ans plus tard alors que Fromageau est déjà rentré en métropole.

Il semble que Jean-Eugène Fromageau soit un monsieur tranquille qui déteste la publicité. De son passage en Algérie, il a gardé la nostalgie. Il demande à ce qu’on l’appelle « Ibrahim » et apprécie le calme et la tranquillité. On ne connaît rien de son travail d’architecte à Saumur. A Paris, il possède un appartement au 34 rue Vaneau dans le 7^e arrondissement. Sa fille Gabrielle-Marie a épousé le docteur Georges Bouchard. Jean-Eugène décède le 16 octobre 1896 à Saumur à l’âge de 74 ans. Aujourd’hui, près de l’entrée du cimetière de Saumur, son imposante tombe se dégrade inexorablement faute d’entretien.

Bibliographie :
– BOITON-COLAS Chantal, site internet Racines
– LENIAUD Jean-Michel, Répertoire des architectes diocésains du XIX^e siècle, éditions en ligne de l’École des chartes / Economica, 2003