L’édito du Kiosque : la paix, comme au bon vieux temps !

Le candidat malheureux au prix Nobel de la paix est en guerre, dans son propre pays et en Amérique latine. Les mégapoles démocrates sont sous surveillance de la Garde nationale. Le Venezuela et la Colombie sous menace des navires et des avions de guerre. La CIA reprend du service.
AFP

Le bateleur de la Maison-Blanche n’a pas obtenu le prix Nobel. Ce n’est pas faute de l’avoir réclamé. Le jury en a décidé autrement, récompensant la Vénézuélienne María Corina Machado. Une militante attachée à promouvoir les droits démocratiques dans son pays dirigé par leur ennemi commun, Nicolas Maduro. Une demi-satisfaction dont aurait dû se contenter le grand humanitaire de Mar-a-Lago, faiseur de médiations, plus que de paix, à la seule puissance de ses menaces, de son argent. Pour 50 millions de dollars de récompense, Trump compte ainsi s’offrir la tête de Maduro, poursuivi pour trafic de drogue par la justice américaine. Pour l’heure personne n’a saisi la bourse au bond et la situation s’envenime, laissant augurer une inévitable confrontation entre les deux pays. Navires de guerre et avions de combat sont mobilisés dans les Caraïbes où sont coulées des embarcations supposées transporter des cargaisons de stupéfiants. À grand renfort d’images, les bombes pleuvent sur les indésirables terroristes, comme les excréments nauséeux sur les manifestations « no kings » contre les dérives du président. Les conflits s’accumulent, se superposent en Amérique latine où figure également dans le collimateur du gendarme étasunien la Colombie de Gustavo Petro, qualifié de « baron de la drogue » ? Celui-là même qui, en un temps, avait renvoyé, par avions privés, les « reconduits » à leur expéditeur, lui avait adressé une lettre illustrant la culture comme une arme de combat. « Vous allez anéantir l’espèce humaine à cause de votre avidité (…) Peut-être qu’un jour on pourra en parler franchement. Mais c’est difficile, car vous me considérez comme une race inférieure. Ce que je ne suis pas, ni aucun Colombien. Vous pouvez essayer de réaliser un coup d’État contre moi, avec votre force économique et votre arrogance. Comme vous l’avez fait avec Salvador Allende. Mais je mourrai sans peur. »

La chasse aux insoumis

Évocation du Chili de 1973, après l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement « d’unité populaire ». Financées par la CIA, des agitations politiques et des grèves favorisèrent un coup d’État, la mort d’Allende et l’avènement d’un sanglant ami, un certain Pinochet. Mieux vaut un dictateur de chez nous, selon les sacro-saints principes issus des doctrines Monroe et Big stick, alors appliquées au grand protecteur du continent contre de nouvelles colonisations européennes, contre l’instabilité de voisins menaçant ses intérêts. Les États-Unis devaient assurer la police internationale, Trump remet en selle cette obligation et ses services secrets au troublant palmarès. Créée en 1947, la CIA fait donc son retour au grand jour pour renverser les régimes non soumis à la suzeraineté du pays. Avec sa complicité, le Nicaragua, le Honduras, le Guatemala, Cuba, la République dominicaine, l’Uruguay, le Paraguay, la Bolivie ou autre Brésil avaient régulièrement organisé des campagnes de luttes et d’assassinats contre leurs dissidents politiques. Avec le consentement du président, les exécutions extrajudiciaires vont devenir légales. Comme son ami Poutine, par la force il veut régner sans partage sur ses terres, sur la zone d’influence de son empire MAGA, sur la planète dollar. Il est assurément un homme de concorde, un futur Nobel de la paix !

Georges Chabrier

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