L’édito du Kiosque : les orphelins

Les partis qualifiés de populistes se portent bien. A l’instar de Milei, le président argentin, leurs leaders redonnent confiance et espoir aux oubliés. Pour le meilleur ou pour le pire, ils ont des convictions, réelles et profondes, dont s’exonèrent coupablement nos politiques.
AFP

Les oreilles ne manquent pas. Pour écouter et goûter le persiflage et la méchanceté, l’audience a toujours fait recette. Et nul ne semble désormais pouvoir échapper à l’amplification du phénomène et de ses vibrations relayées sans filtres sur les réseaux sociaux, les médias. Chaque individu, à son tour, selon sa condition et son humeur, flirte ainsi avec la tentation, à défaut d’assouvir quelque revanche de meurtrissures ensommeillées. Voire de satisfaire à ses plus bas instincts. Si l’on excepte donc les crasses abjectes qui avilissent et entretiennent l’histoire naissante et sombre du Net, les occurrences sont toujours plus nombreuses pour pointer une cible de nature à titiller notre propension à nous moquer et à railler les autres. D’autant plus encore lorsqu’elle prête le flanc et met en scène sa différence, son originalité, son excentricité et ses nombreux excès. Comment ne pas goguenarder, se gausser et se navrer devant le spectacle d’un Auguste, d’un clown blanc grotesque, d’un président brandissant une tronçonneuse pour écimer la tête de son Etat. Javier Gerardo Milei a stupéfait la planète en prenant le pouvoir d’une nation argentine moribonde, en 2023. Déjouant tous les pronostics, il vient de remporter brillamment les élections législatives face à une opposition atone, sans idées, incapable d’autocritique.

Convictions profondes

Milei est comme Trump, ils s’adorent et se rassemblent dans la sphère des libertariens en congé des lois et de morale. Même si la promesse d’une aide de 40 milliards, formulée par les Etats-Unis, a quelque peu dopé la campagne du « Roi Lion » de Buenos Aires, le résultat conforte une forme de gouvernance qui fait des émules, qui questionne. La jeunesse, les oubliés ont exprimé une rébellion parfaitement incarnée par un leader de confiance ayant rallumé la flamme de l’espoir, même s’il est dénué de conviction profonde. Qu’importe si l’entreprise connait la réussite, la certitude existe pour ses électeurs qu’elle a un sens, quoiqu’il advienne. Ils aiment Milei et lui vouent une confiance sans limites, immunisante contre toutes formes d’outrances ou de scandales. Milei c’est encore Trump, une personnalité clivante, détestable pour les uns, attachante pour les autres, entrainés par une puissance augmentée. Un tel leadership n’existe pas dans notre pays, opportunément protégé par un front républicain appelé à voler en éclats aux prochaines élections. A ménager la chèvre et le chou, Marine Le Pen et son dauphin Bardella n’ont jamais embarqué les foules grossissantes des déshérités. Comme leurs pairs parlementaires, sous les feux de notre pathétique actualité, ils observent le vent et ne sèment point, ils regardent les nuages et ne moissonnent pas. Les Français sont orphelins d’une classe politique sincère, animée de convictions profondes. En rupture marquée avec les opportunismes prédateurs, oublieux de l’intérêt commun et supérieur du pays.

Georges Chabrier

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