L’obscure fascination de Donald Trump pour son ami Poutine questionne, inquiète jusque dans les plus hautes sphères du camp républicain. Sous influence énigmatique, leur président organise la reddition d’un pays souverain, envahi, meurtri et détruit, l’Ukraine. Il en fait offrande, précieuse, à l’impénitent agresseur. Une action de grâce bien opportune en période de « Thanksgiving », fête de la récolte, de don gratifiant pour l’apprenti tsar. Dans la pure tradition américaine, Trump a généreusement amnistié Gobble et Waddle, deux dindes dont il aurait aimé qu’elles se prénomment Chuck et Nancy, comme Summers, sénateur démocrate, et Pelosi, ex-responsable de la Chambre des représentants. « J’allais les baptiser ainsi, mais j’ai réalisé que jamais je ne pourrais les gracier », a-t-il ironisé avant de s’apprêter à déguster l’un des 46 millions de volatiles, copieusement abattus pour farcir la fête, à Mar-a-Lago. A mille lieues des bourdonnements angoissants des essaims de drones ou des explosions retentissantes de missiles sur les immeubles d’habitations des populations ukrainiennes. Le spectacle continue, atterrant, morbide, en filigrane de vies qui, de-ci, de-là, se consomment ou se consument dans des frénésies antithétiques. Dans des vendredis noirs qui se répètent, « Black Friday » mercantile, pour les uns, « Чорна п’ятниця » mortifère pour les autres. L’Amérique s’apprête à vivre le jour le plus lucratif pour son commerce intérieur. Plusieurs centaines de milliards sont dépensés en une journée pour marquer le coup d’envoi des achats de Noël. À grands renforts de marketing, la fièvre acheteuse a franchi nos frontières et établi ses quartiers dans notre pays gangréné par une surconsommation peu vertueuse, peu raisonnée, bien éloignée de nos réels besoins. En décalage total avec ces campagnes de sensibilisation nous exhortant à des comportements responsables.
Punir le méchant
On éteint les lumières, on débranche ses appareils électriques, on recycle, on ne laisse plus couler sa douche… Quand on s’achète cinq t-shirts en coton, ce sont 12 500 litres d’eau consommés, pour cinq jeans, 50 000 litres ! En silence et dans la discrétion, l’industrie textile met en péril notre environnement. Dans la lignée du charbon, du pétrole ou des fameuses terres rares désormais indispensables dans les applications médicales, militaires, dans nos voitures et nos ordinateurs. Le plutonium, le scandium, le platine ou le lanthane, entre autres, plus chers que l’or et donc objets des convoitises cupides des plus grands prédateurs. Les « business devils » qui lorgnent sur les trésors enfouis sous les champs de ruines qu’ils contribuent à édifier. Contre la promesse d’une aide efficiente, puis d’une paix équitable assortie des garanties de sureté, Volodymyr Zelenski était prêt à concéder une partie des richesses de son pays. Aujourd’hui le faiseur de « paix » le trahit, l’abandonne bassement pour le sacrifier sur l’autel des affaires. Pour l’heure, Poutine s’accommode de ce bonheur durable dont lui seul apprécie le fondement, la consistance. Entre les deux hommes, l’idylle semble s’inscrire dans la durée, à condition bien sûr qu’un jour prochain le félon ne se trahisse lui-même pour faire le bien et punir le méchant.
Georges Chabrier
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