Loire. Quelles sont les restrictions qui visent à protéger les sternes ?

La Loire est un fleuve majestueux. En Anjou, il impressionne par sa largeur et sa puissance en hiver et dévoile un tout autre visage durant la période estivale. Il s’affine, devient parfois dentelle, laissant apparaître des bancs de sable en son sein créant des dessins naturels remarquable et faisant serpenter l’eau entre eux. Sur ces grèves, la vie se développe en été. Le Maine-et-Loire est l’un des premiers départements d’accueil pour les populations ligériennes de sternes, oiseaux migrateurs qui viennent nicher au sol, dans le sable. On trouve sur ces forteresses de sable deux espèces, la sterne naine et la sterne pierregarin, qui côtoient d’autres animaux et volatiles comme les gravelots. Ce sont deux espèces menacées et protégées. Aussi, des mesures adaptées sont mises en œuvre chaque année entre le 1^er avril et le 15 août, période de nidification pendant laquelle les oiseaux sont les plus vulnérables, ou l’équilibre biologique est le plus fragile et ou les enjeux de reproduction pour le développement de l’espèce sont les plus forts. Damien Rochier, chargé de mission à la Ligue de Protection des Oiseaux de Maine-et-Loire en charge de la surveillance des sternes sur les grèves de Loire précise que « ce secteur compte cette année 15 sites de reproduction occupés avec 151 couples de sternes pierregarin et 178 couples de sternes naines. Si le chiffre des sternes naines semble stable, 80 couples de sternes pierregarin manquent à l’appel depuis 2 ans. »

Les restrictions en vigueur

Le 6 février dernier, le préfet de Maine-et-Loire a signé un nouvel arrêté de protection de Biotope plaçant plus de 2 400 hectares de grèves de Loire sous protection, depuis la Daguenière jusqu’à Montsoreau. Cela implique des mesures de restriction du 1^er avril au 15 août en plus des interdictions permanentes de toutes les actions ou activités tendant à modifier, dénaturer ou faire disparaître les milieux. Ainsi, sont interdits sur les grèves de Loire isolées ou identifiées par des panneaux :
– Accès, stationnement et circulation des personnes ;
– Pratiques sportives et de loisirs, rassemblements et manifestations ;
– Présence d’animaux domestiques ;
– Camping et bivouac ;
– Circulation d’engins, motorisés ou non ;
– Allumage de feu ;
– Accostage volontaire ou stationnement d’engins nautiques et d’embarcation de toute nature, à proximité immédiate ;
– Tirs de feux d’artifices et spectacles pyrotechniques depuis ces grèves, mais aussi en direction des sites identifiés par des panneaux ;
– Survol aérien de tous les engins motopropulsés ou non à une altitude inférieure à 150 mètres ;
– Atterrissage des engins aériens de toute nature, sauf pour les aéronefs autorisés, pour les aéronefs d’Etat ou en mission de secours à la personne en cas d’extrême urgence.

« Il y a urgence à agir ! »

Pour Pierre-Julien Eymard, directeur de la Direction Départementale des Territoires, « l’enjeu est de faire connaître au grand public ces obligations et interdictions. Nombre de dérangements surviennent par méconnaissance de la règlementation et de l’impact que cela peut avoir sur ces populations de sternes ». Damien Rochier explique : « Les dérangements sont de natures multiples et seulement quelques secondes peuvent avoir un impact considérable. Avec la hausse des températures comme actuellement, lorsque les parents qui couvent les oeufs s’envolent, effrayés par quoi que ce soit, cela fait augmenter la température des œufs dans le sable et cela peut tout simplement tuer les embryons. Les autres risques sont ceux des piétinements des œufs et de leur destruction puisque ceux-ci se confondent dans le sable. Un seul dérangement de quelques minutes peut suffire à la perte de la colonie » Pour éviter ces dérangements, des panneaux sont installés sur toutes les cales de la Loire rappelant la réglementation. Sur les grèves où les sternes nidifient, des panneaux rouge et blanc délimitent le secteur et rappel aux usagers de ne pas s’arrêter sur ces grèves. « Cela permet d’éviter la présence des personnes qui ne connaissent pas la réglementation, mais il est impossible d’empêcher celui qui ne veut pas faire attention d’y aller », poursuit-il. A noter que ces patrouilles de l’Office Français de la Biodiversité parcourent régulièrement ces sites pour lutter contre les contrevenants. Pour Sophie Tubiana, présidente du Parc Naturel Régional Loire Anjou Touraine : « Il y a urgence ! En-dehors de la chute drastique de la biodiversité à l’échelle mondiale, nous avons une responsabilité particulière envers ces oiseaux migrateurs. Nous avons connu ¾ années catastrophiques avec des crues de juin qui ont emporté les œufs, des dérangements ont été constatés… Il va falloir faire connaître cet arrêté à tout un chacun. Beaucoup d’acteurs du tourisme proposent encore du bivouac sur la Loire alors même que cela est interdit, nous envoyons encore trop d’aérostiers faire voler leurs montgolfières à très basse altitude pour faire s’envoler les oiseaux et offrir une magnifique photo sans se préoccuper des conséquences sur la biodiversité. Il y a depuis le covid un engouement certain pour le tourisme vert avec le développement des sports-natures. Toutefois, cela doit se faire en bonne intelligence et non au détriment de la biodiversité. »

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