La campagne des Verts à Saumur est lancée. En ce début de mois de juin, les instances locales du parti ont annoncé l’investiture de leur binôme de chefs de file en vue des élections municipales à venir. Celui-ci se trouve être paritaire, à tous les sens du terme, aussi bien du point de vue du genre que de celui du type d’engagement antérieur à l’investiture (associatif pour la communicante Catherine Allereau, politique pour le conseiller municipal sortant Ibrahim Chenouf). Pourtant, malgré la conjonction des expériences et le nombre relativement important des membres du groupe d’action saumurois nouvellement structuré, la tâche s’annonce difficile pour les leaders écologistes, qui ont annoncé dès leur investiture leur souhait de rassembler la gauche. Focus sur les trois défis majeurs qui seront ceux des Verts pour les neuf prochains mois.
Unir la gauche
Entre le maire de centre-gauche Jackie Goulet, confortablement réélu en 2020, et la gauche radicale, le fossé est abyssal. Les relations sont à couteaux tirés entre l’édile, qui avait bénéficié lors du dernier scrutin local du soutien tant des marcheurs que des socialistes, et les insoumis, très critiques de sa gestion municipale. Dernière illustration en date ? La passe d’armes, fin avril, entre les représentants de LFI et l’équipe municipale en lien avec le mouvement social dans les crèches de la commune, les premiers ayant reproché au premier édile la teneur de son discours durant l’évènement. Le premier défi des écologistes sera donc de faire s’apaiser les rapports entre les deux extrémités de l’hémisphère gauche du spectre politique : une tâche dans laquelle ils pourraient parvenir à faire office de médiateurs, bien que les chances de succès semblent pratiquement nulles.
Elargir le socle de la gauche non-socialiste
Dans le cas d’une nouvelle union du centre-gauche autour de l’équipe sortante, le risque pour la gauche alternative (entendre, ici, écologiste et insoumise) serait de voir le scénario des dernières élections municipales, durant lesquelles la liste d’alliance EELV-LFI n’avait rassemblé que 7,2% des suffrages et, ainsi, échoué à se qualifier au second tour, se reproduire, ce qui semble, pour le moment, plus que possible. Saumur présente en effet la particularité assez rare de disposer d’une frange importante d’électeurs sensibles aux idées du centre-gauche sans pour autant que les écologistes ne parviennent à en tirer profit. Ainsi, la forte porosité qui s’est manifestée entre les électorats de Yannick Jadot lors des élections européennes de 2019 et de Raphaël Glucksmann cinq ans plus tard (en témoignent les cartographies électorales de régions sensibles au discours de ces listes, à l’image de la région parisienne ou encore de la Bretagne historique) ne s’est pas retrouvée à Saumur, où la liste PS-PP de 2024 a légèrement surperformé par-rapport au niveau national sans que la réciproque pour la liste EELV 2019 ne soit vraie. Dans une ville où la France insoumise n’a que très peu d’écho et pas de marge de progression (à peine un point de gagné entre les scrutins européens de 2019 et 2024), les écologistes devront trouver rapidement les moyens de dépasser ce handicap : mais l’examen des derniers résultats électoraux de la commune ne semble pas leur dessiner, à ce stade, de terreau fertile pour ce faire.
Limiter la poussée de l’extrême droite
Elle qui y avait toujours résisté y a, pour la première fois en 2024, succombé. Alors que la liste de Jordan Bardella est arrivée largement en tête des dernières européennes à Saumur et que les candidats du RN y ont à nouveau franchi la barre des 30% lors des législatives anticipées, le spectre d’un retour en force de l’extrême droite au conseil municipal saumurois après son exclusion de celui-ci en 2020 est, à cette heure, plus grand que jamais. Les écologistes vont donc devoir, pour peser, tenter de faire jouer leur ancrage local pour essayer de capter un électorat mécontent des politiques municipales et qui, l’an passé, s’est porté sur le RN plus par dépit que par conviction. Mais à nouveau, la tâche semble immense ; face à leurs trois défis pour l’heure hors de portée, les écologistes disposent de neuf mois pour tenter d’infléchir le cours d’une nouvelle marginalisation sur le plan local.
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