C’est un cri d’alerte que lance cette famille saumuroise après avoir vécu un drame durant l’été. Depuis plusieurs semaines, elle attend des réponses et des suites après le viol qu’une adolescente, alors âgée de 16 ans, dit avoir subi en centre-ville de Saumur. La mère de l’adolescente, que nous appellerons Nadine pour protéger son anonymat, raconte avoir laissé sa fille sortir avec deux amies, « adultes en âge, mais visiblement pas en responsabilité », le vendredi 4 juillet dernier à Saumur. « Je l’ai autorisé à sortir avec ses copines pour aller dans un fast-food à 20h », explique la mère. « Un peu plus tard, ma fille m’a rappelé pour me demander si elle pouvait aller boire un coup dans un bar, place de la Bilange, en centre-ville. J’ai alors donné mon accord. » Mais rapidement, la jeune fille ne se sent pas vraiment à son aise dans cette ambiance et recontacte sa mère. « Nadine ne se sentait pas très bien dans cet environnement. De nature timide, elle ne boit pas d’alcool et ses amies commençaient à retrouver d’autres copains. Elle m’a alors rappelé avant 21h pour que je vienne la rechercher », poursuit sa maman. Habitant à une vingtaine de minutes de Saumur, elle prend donc sa voiture pour venir récupérer Nadine. Et alors qu’elle avait laissé sa fille « avec le sourire » un peu plus d’une heure auparavant, elle la récupère « en pleure et dans tous ses états », à 21h15.
Un drame en l’espace de 20 minutes
Sur le moment, la maman comprend que quelque chose ne va pas. Pour autant, l’adolescente ne met pas de mots sur les événements immédiatement. Elle passe tout le week-end, enfermée dans sa chambre et en pleure. « C’est 3 jours plus tard, le lundi, qu’elle s’est confiée à une amie et voisine et qu’elle a avoué s’être fait violer ce soir-là », souffle la mère de famille. Nadine a raconté qu’en sortant du bar après avoir appelé sa mère, un homme l’a suivi et lui a attrapé le bras : « Elle avait, en effet le poignet rouge quand je l’ai récupérée ». Il se serait montré insistant en lui demandant son numéro de téléphone alors qu’elle attendait au niveau du rond-point du théâtre du Dôme avec « du monde autour ». Puis, celui-ci aurait emmené Nadine sur le parking à l’angle de la rue de la Fidélité et de la Petite Bilange, derrière l’Office de Tourisme. « C’est derrière une haie qui cache un compteur électrique » qu’elle aurait été agressée tandis qu’un deuxième homme faisait le guet. « Tout cela s’est passé en seulement quelques minutes », précise la maman en colère.
Le début d’un long combat
Dans la foulée de ces aveux, la famille va porter plainte et est contactée par l’Institut Médico-Légal. « Heureusement, par réflex inconscient peut-être, je n’avais pas lavé les vêtements qu’elle portait ce soir-là. Nous avons tout confié à l’IML qui a effectué des prélèvements et des analyses. Ils ont indiqué avoir trouvé de l’ADN et « autre chose », sans pour autant qu’on nous dise qu’est cette « autre chose », et ce depuis des semaines », témoignent les parents, passablement agacés. Car si les événements sont dramatiques, la famille saumuroise déplore la longueur de traitement de l’affaire et le manque d’information. En effet, elle a « mené notre enquête de notre côté et nous avons fouillé tout Saumur en recherchant l’auteur des faits avec la description faite par notre fille. Finalement, le 25 juillet dernier, une connaissance nous contacte pour nous dire qu’ils l’ont retrouvé. Ma fille assure alors à 100% qu’il s’agit bien de lui à l’aide d’une photo. Nous nous rendons donc de nouveau au commissariat de police de Saumur et l’homme se fait arrêter peu de temps après, le samedi, devant la mairie. Le lundi suivant, il est remis en liberté « faute de preuves » en attendant la comparaison ADN », regrettent les parents. Et d’ajouter : « Apparemment, cela fait trois semaines aujourd’hui que la laboratoire d’Angers a les résultats de la comparaison, mais le commissariat de Saumur attend toujours le papier. En attendant, cet homme qui est peut-être le violeur de notre fille, se promène librement, sans bracelet et sans obligation de se présenter régulièrement au commissariat. Est-il encore seulement dans les parages. »
Un appel à la prise de conscience
La famille déplore la « lenteur du système judiciaire » et les « failles ». « On nous a fait comprendre que, peut-être, notre fille s’était trompé. Mais je persiste à croire ma fille », témoigne la mère. Le père assure également que « ma fille s’est sentie jugée par les policiers lors de son dépôt de plainte. Elle n’était pas à l’aise. Si bien qu’elle n’a pas osé dénoncer dans un premier temps le deuxième homme qui surveillait. C’est pourquoi nous allons faire un complément de plainte cette semaine. » Ils regrettent également une augmentation de l’insécurité dans les rues de Saumur et le « laxisme de la municipalité » sur le sujet. « Nous attendons avec impatience que la ville mette en place les caméras dans le centre-ville. Peut-être que cela ne serait pas arrivé ou que nous aurions pu identifier l’auteur des faits plus facilement. Nous avons également demandé au maire à ce que la haie soit coupée à mi-hauteur pour ne plus que cela se reproduise ! Nous lançons un appel à la vigilance à toutes les jeunes filles et toutes les personnes susceptibles d’être témoins de tels faits. Cela peut arriver très rapidement et partout : à la sortie d’un lycée, dans le bus, en pleine rue… Lorsque cela vous arrive, vous êtes démunis en tant que parent », témoignent-ils. Aujourd’hui, la jeune fille est suivie et accompagné par un psychologue, mais elle porte encore les stigmates physiques et surtout psychiques de cet événement. « Elle s’est scarifié la peau à divers endroits, elle a perdu du poids. Elle était déjà très timide et réservée et cela ne va pas aider. Heureusement, elle peut compter sur le soutien de ses meilleures amies et de son établissement scolaire très à l’écoute. Toutefois, le traumatisme est encore très fort. Quoi qu’il en soit, nous n’en resterons pas là, et c’est un crime qui doit être puni ! » concluent les parents.
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