La Loire est un fleuve navigable depuis toujours. La marine de Loire a forgé l’histoire et l’image de ce fleuve remarquable, sauvage, impétueux et changeant que l’homme a appris à connaitre et à lire. La Loire est balisée pour permettre aux bateaux et canoës de circuler sinueusement sur un chemin invisible dans le large lit du fleuve pour éviter de s’échouer sur un des nombreux bancs de sable. De Nantes à Challonnes-sur-Loire, à l’ouest de l’Anjou, le balisage est une mission assurée par Voies Navigables de France (VNF). Mais de Montsoreau aux Ponts-de-Cé, celle-ci est réalisée par le Département de Maine-et-Loire. Pour ce faire, deux agents parcourent le fleuve chaque jour pour adapter le tracé aux changements de la Loire. Un balisage « essentiel à la navigation », écrivait le Département dans un article de présentation du métier de baliseur publié en juillet dernier sur son site internet. « Stéphane et Nicolas, veillent à la sécurité de la navigation. À bord du Galatée, leur mission consiste à baliser le fleuve entre Gennes, Montsoreau et Les Ponts-de-Cé, soit 54 km à sécuriser grâce à environ 500 bouées rouges et vertes. Ces balises permettent de tracer un chenal, c’est-à-dire le passage le plus sûr, là où l’eau est suffisamment profonde pour éviter l’enlisement », est-il détaillé. Un véritable savoir-faire qui nécessite une connaissance très fine de la Loire. « Dès 7h30, ils embarquent pour ajuster le balisage dans un travail qui est physique mais aussi stratégique. Ce savoir-faire n’est pas enseigné dans les écoles : il se transmet de saison en saison, comme l’a fait Jean-Michel, baliseur historique récemment parti à la retraite, dont Nicolas assure aujourd’hui la relève », écrit le Département. « Leur métier, souvent invisible, reste pourtant essentiel à la vie du fleuve et à sa fréquentation touristique. Avec eux, la Loire reste un espace de liberté, de nature et de découverte… mais jamais livré au hasard », conclut-il.
Vers la fin du balisage de la Loire ?
Cette mission, aussi essentielle soit-elle, « pourrait, selon les rumeurs, s’arrêter à la fin de l’année », s’inquiètent alors des bateliers Saumurois. Contacté par la Rédaction, le Département de Maine-et-Loire se veut rassurant : « Le service ne s’arrêtera pas à la fin de l’année et sera bel et bien poursuivi sur l’année 2026. » En revanche, la collectivité ne peut certifier et assurer ce qu’il en sera au-delà de cette période. « Nous avons engagé des discussions avec les communes et les EPCI concernés. Nous poursuivons les échanges pour déterminer un mode de financement », assure le Département. Les collectivités locales, et tout particulièrement les Départements, font face à des contraintes budgétaires délicates et voient leurs budgets difficiles à tenir. Aussi, le Département de Maine-et-Loire cherche, dans ce contexte, à redéfinir certains financements pour pérenniser certains services, comme celui du balisage. A suivre donc…
Des bateliers inquiets
Alain Gillot, gérant de Bateau Rêves de Loire et d’Ailleurs depuis 2010 au Thoureil, a adressé une lettre ouverte à l’attention « des élus, décideurs du Département de Maine-et-Loire, des élus des communes et collectivités des bords de Loire en Anjou est, Destination Saumur Val de Loire, du Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine et des Offices de Tourisme… » Le batelier s’inquiète d’un potentiel arrêt du balisage sur la partie est de l’Anjou. « En tant que professionnels du tourisme fluvial, nous sommes surpris de ne pas avoir été consulté directement », témoigne Alain Gillot. Il s’interroge également sur les conséquences de cet arrêt du balisage. Pour lui, cela représenterai « un coup de frein au développement du tourisme fluvial et des plaisanciers », car il sera « trop compliqué d’organiser des croisières longues sans balisage. » Pour les bateliers de la Loire, cela « découragerait de ne pas être pris en compte » et créer une « déception de payer des taxes AOT et de ne plus avoir de service. » Alain Gillot estime par ailleurs que cela représenterait des coûts supplémentaires pour les bateaux qui devront prendre du temps pour chercher les meilleurs passages, mais aussi des risques de casse d’hélices et de bateaux et du temps passé « à aider des novices privés qui s’ensablent ou se mettent dans les cailloux », solidarité nautique oblige. Il regrette également de voir disparaitre ce métier « patrimonial qui existe depuis des siècles sur la Loire ». Par ailleurs, il se questionne sur les risques de dérangement des Sternes pendant la nidification par les bateaux et les canoés « sans proposition de balisage à l’écart des sites de nidification ». Et enfin, quid des « interventions plus fréquentes des pompiers qui devront en plus intervenir sans balisage ». Alain Gillot se dit surpris qu’il n’y ait pas d’alternatives proposées comme « un balisage plus restreint de Saint-Mathurin à Montsoreau ; De nouvelles technologies avec le passage d’un drone régulièrement et une application sur téléphone pour repérer une trace proposée du chenal… »
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