La communauté d’agglomération Saumur Val de Loire assure la gestion de 32km du Thouet sur son territoire. L’agglomération réalise depuis plusieurs années des travaux sur ce cours d’eau pour tenter de lui redonner, à certains endroits, son fil naturel et son tracé*. « Depuis toujours, l’eau façonne les paysages en transportant sable, cailloux, blocs, feuilles et bois. Ces éléments, qu’ils soient minéraux ou organiques, jouent un rôle essentiel dans le bon fonctionnement des cours d’eau. Ils constituent des zones de refuge et de nourriture pour de nombreuses espèces, qui participent elles-mêmes à l’équilibre écologique et à l’épuration naturelle de l’eau. Plus la qualité de l’eau d’une rivière est bonne, plus le coût de son traitement pour la rendre potable est faible », explique la collectivité. Du bon sens finalement, si les cours d’eau fonctionnaient parfaitement avant et sans l’intervention de l’homme, pourquoi en changer les règles ? « Depuis plusieurs décennies, voire plusieurs siècles, l’homme a pris l’habitude de retirer le bois des rivières pour des raisons de « propreté ». Une pratique qui s’avère contre-productive puisqu’en supprimant les arbres et les branches, on appauvrit les milieux aquatiques et on dégrade la qualité de l’eau », poursuit l’agglomération. Le bois en rivière présenterait pourtant de nombreux bienfaits : « il ralentit les écoulements, diversifie les courants et offre aux poissons des abris, des zones de nourrissage et des espaces favorables à leur croissance. »
Trois experts internationaux en Saumurois
C’est dans ce contexte qu’au début du mois, du 1er au 3 octobre 2025, la Communauté d’Agglomération Saumur Val de Loire a accueilli trois spécialistes venus promouvoir les vertus écologiques du bois en rivière : Robert Gubernick, géologue spécialisé en restauration de bassin versant (ancien du Département de l’Agriculture des États-Unis). Il a mené de nombreux projets de terrain sur le sujet et a formé des centaines de professionnels à travers les États-Unis ; Michael Moore, ingénieur en maîtrise d’œuvre, praticien de la GEMAPI en France, avec une solide expérience aux États-Unis. Il coordonne aujourd’hui des projets GEMAPI avec du bois en France en contexte de montagne, en s’appuyant sur son expertise de terrain américaine ; Antoine Werochowski, ingénieur, président de l’association EAUtv, co-animateur du réseau Rivière TV, il participe au transfert de connaissances entre pairs en matière de restauration écologique. Il a organisé de nombreux webinaires sur l’usage du bois en rivière.
Quels objectifs ?
« Le territoire saumurois a été retenu comme lieu de formation, en lien avec un chantier pilote actuellement mené à Montreuil-Bellay, entre l’ancien barrage de Rimodan et celui de la Salle. Cette opération s’inscrit dans le cadre des travaux de restauration morphologique du cours d’eau actuellement en cours. L’objectif de ce projet est de restaurer la dynamique naturelle de la rivière : création de radiers et de banquettes pour réduire la largeur du lit, remise de bois dans l’eau afin de recréer des zones d’écoulement variées. À terme, ces aménagements devraient favoriser le retour de la faune et de la flore aquatique, tout en améliorant durablement la qualité de l’eau », détaille la communauté d’agglomération. Lors d’un chantier de restauration morphologique réalisé en 2022 sur le Thouet, Eric Mousserion, vice-président de l’agglomération en charge de la gestion des milieux aquatiques et du Thouet expliquait : « La volonté première est d’améliorer la qualité de l’eau. Nous le voyons durant l’été, le niveau de l’eau est très bas sur les périodes sèches et chaudes. Celle-ci est donc plus stagnante, donc plus chaude et moins oxygénée. Cela impacte la faune, la flore et la qualité de l’eau. L’idée de ces travaux est donc de reconstituer des zones d’eau courante en période de faible débit, d’oxygéner l’eau et de la refroidir, de redonner du niveau d’eau en réduisant la largeur du lit. » Par ailleurs, Séverine Lacombe, responsable sur service environnement à l’agglo ajoutait : « ces travaux permettent de créer de nouveaux habitats et contribuent ainsi à la diversification de la faune et de la flore. Ils améliorent également la capacité de la rivière à s’auto-épurer. La végétation qui pousse dans le lit contribue à filtrer, consommer et éliminer une partie des éléments minéraux qui sont rejetés dans la rivière ». Enfin, une eau qui court plus et plus profonde doit également permettre de lutter contre la prolifération d’espèces invasives comme la jussie qui préfère les milieux calmes et chauds.
*Pour en savoir plus sur le sujet, relire notre article « Saumurois. Redonner au Thouet son fil historique pour améliorer la qualité de l’eau ».
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