Mercredi dernier à l’occasion du conseil municipal, la question du logement social à Saumur a été au cœur de plusieurs débats. L’élue d’opposition Bénédicte Le Menac’h a tout d’abord voté contre la mise en place d’un bail emphytéotique entre le bailleur social Saumur Habitat et la Ville de Saumur concernant la création de 4 petits logements (T2) dans un bâtiment situé sur la rue des Fondis (notre article par ailleurs). Elle estime en effet qu’il y a déjà suffisamment de logements sociaux à Saumur : « Je voterai contre car nous sommes déjà bien au-delà de la moyenne nationale. » Un peu plus tard durant ce même conseil, à l’occasion de la présentation du rapport d’activités de Saumur Habitat, Béatrice Guillon, l’élue en charge du dossier, a témoigné « vous ne pouvez pas vous y imaginer le nombre de personnes seules je reçois qui dorment dans la rue ou dans leur voiture et qui recherchent des petits logements ». Et Bénédicte Le Menac’h de répondre : « Les privés le font aussi ». « Il n’y a pas de location dans le privé et lorsqu’il y en a, cela est trop cher, ils ne peuvent se loger. On a de la chance, tous autour de cette table, d’avoir un toit. Parce que lorsque vous voyez quelqu’un qui pleure parce qu’il n’a pas de logement, cela vous fait mal au ventre », rétorque Béatrice Guillon. « On a de la chance, mais on se donne les moyens aussi de faire ce que l’on fait aujourd’hui. Je suis d’accord que certains ont moins de chance, mais nous n’avons pas tous de la chance. On s’est donné les moyens d’être là autour de la table ce soir. On est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche », a-t-elle répondu avant d’être interrompu par le maire, Jackie Goulet, qui lui a répliqué agacé : « Vous vous expliquerez devant les 2400 personnes qui demandent un logement. Ces propos, j’aimerais mieux qu’ils ne soient pas autour de cette table. Vous avez le droit de la penser, de le traduire dans votre vote national, mais autour de cette table – tant que je serais maire – je n’accepterais pas qu’on puisse le dire. On doit du respect à chacun et ce que vous venez de dire est inacceptable et choquant. »
Non aux caricatures et à la condescendance
En fin de semaine dernière, la section du Saumurois du Parti Socialiste – dont plusieurs membres siègent dans la majorité saumuroise – a réagi au travers d’un communiqué pour dénoncer « la violence des propos tenus lors du Conseil municipal du 24 septembre 2025 » et réaffirmer son soutien à l’égard de « toute personne ayant droit à un logement social. » Le PS estime : « Parce que les discours de haine et du chacun pour soi se manifestent jusque dans nos instances locales et s’accélèrent à mesure que les années passent, nous souhaitons aujourd’hui prendre la parole pour dénoncer la gravité des propos tenus lors du conseil municipal de Saumur. Alors qu’il était proposé la rénovation d’un bâtiment donnant lieu à la création de 4 logements sociaux par Saumur Habitat, deux élus d’opposition ont votés contre ce projet au prétexte que Saumur dépassait déjà son quota légal de logements sociaux (fixé à 25% par la loi SRU). Rappelons que plus d’un ménage sur six en Maine-et-Loire vit en logement social et que plus de 2400 demandes sont actuellement en attente dans l’agglomération saumuroise. Derrière ces chiffres se sont autant de ménages qui sont impactés. Derrière les chiffres se cachent autant de vies, autant de foyers dans le saumurois. » Le parti est également revenu sur les derniers propos porté par Bénédicte Le Menac’h : « L’opposition, avec une détermination consternante, a affirmé que la précarité des locataires sociaux serait le résultat d’un manque d’efforts individuels et que leur précarité serait donc méritée. Cette vision méprisante nie les réalités sociales : 29,59% des locataires de logements sociaux sont des familles monoparentales. 30% des locataires ont plus de 65 ans, un nombre infini de situations ne dépendant en rien de l’effort à fournir mais d’une très grande difficulté, cette fois bien réelle, à faire face. Le parc social est également bien souvent le seul rempart contre la hausse des loyers privés et garantit des logements salubres et le traitement des réclamations émises par ses locataires. » Pour le Parti Socialiste Saumurois, ces propos ne sont pas de « simples maladresses » : « Ils traduisent une remise en cause profonde de notre contrat social et de la fraternité républicaine. Ils révèlent une dangereuse tentation politique : diviser les citoyens entre « méritants » et « assistés ». Le Parti Socialiste en appelle à la fin de la « condescendance envers les plus vulnérables » et des « caricatures qui font passer les locataires HLM pour des profiteurs ». Et de conclure : « Ces propos, loin d’être un dérapage, démontrent une position constante des oppositions sur le logement social et d’un mépris de classe qui s’était déjà traduit par les propos de Bertrand Chandouineau lors du Conseil municipal du 14 avril 2021, qui estimait que “ces gens-là” nuisent à l’image de Saumur en nous expliquant que : « Personnellement, je trouve que si l’on continue à développer du logement social à Saumur, on va tirer la ville vers le bas » Alors, NON, le logement social ne tire pas la Ville vers le bas, au contraire, ce maillage participe à la création d’un vivre ensemble si nécessaire dans notre société. Ce logement est accessible à 83% des saumurois. Contrairement à ce que laisse entendre l’opposition, les élus de Saumur du parti socialiste ne veulent pas d’une ville à « 100 % logements sociaux ». Nous voulons une ville qui réponde aux besoins réels des habitants: les milliers de Saumuroises et Saumurois dont les revenus modestes leur donnent droit à un logement digne, accessible et durable. »
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