Bourgueil. L’abattoir placé en redressement judiciaire

En grande difficulté financière depuis plusieurs années, l’abattoir de Bourgueil a été placé en redressement judiciaire à la fin du mois de mai. Il pourrait fermer ses portes dans quelques semaines si une solution de reprise n’est pas trouvée.

Dernier outil d’abattage multi espèces d’Indre-et-Loire et du Maine-et-Loire, l’abattoir de Bourgueil était menacé de fermeture fin 2009. Un collectif d’utilisateurs s’est constitué en association pour en reprendre la gestion. La Société Coopérative d’Intérêt Collectif Abattoir Bourgueillois Services a été créée en juillet 2013 pour bénéficier d’un engagement large des acteurs de la filière. Appuyé par les trois chambres consulaires et les partenaires publics, ce projet allie intérêt individuel des producteurs et solidarité entre intervenants. L’abattoir contribue localement au maintien d’élevages variés permettant au petit producteur de travailler en circuit court sans faire parcourir plusieurs centaines de kilomètres à ses animaux. L’abattoir compte aujourd’hui 220 coopérateurs, majoritairement des éleveurs, mais aussi des bouchers et des enseignes de distribution. Cet outil fonctionne sous la forme de prestations de services, les animaux sont donc directement vendus par l’éleveur au client final. Un nouvel abattoir, avec atelier de découpe intégré pour satisfaire les besoins locaux, avait ouvert en mai 2016. Il embauche 6 salariés en dehors des administratifs.

Placé en redressement judiciaire

Mais, le mardi 31 mai 2022, le tribunal de commerce de Tours a placé l’abattoir en redressement judiciaire. Il affiche à ce jour 85 000 euros de dettes. L’établissement est mis en observation jusqu’au 28 juin 2022, date à laquelle il devra avoir trouvé un repreneur, auquel cas il sera placé en liquidation. En effet, l’abattoir vit déjà sous perfusion des collectivités depuis 2019. Xavier Dupont, président de la Communauté de communes Touraine Ouest Val de Loire (CC Toval), propriétaire des murs, indique à nos confrères de la Nouvelle République : « En 2019, l’abattoir aurait déjà pu fermer, mais les collectivités se sont fortement engagées. On a mis en place le mandat ad hoc, ce qui a permis de geler les dettes. L’abattoir, c’est 900.000 € de reste à charge pour l’intercommunalité depuis 2016. On a déjà fait l’école de la seconde chance. » Les membres des collectivités et de la SCIC ont peu d’espoir en une reprise en l’espace d’un mois. Un coup dur pour les éleveurs de la Touraine, mais aussi du Maine-et-Loire qui représentent un tiers des éleveurs qui viennent à l’abattoir.

Un outil de circuits-courts

Pourtant, ils restent convaincus que cet abattoir est essentiel pour le territoire et les éleveurs. Ils témoignent à nos confrères de la Nouvelle République que cet outil « s’intègre parfaitement dans la logique des circuits-courts prônés par l’Etat ». Le syndicat agricole de la Coordination Rurale relatait en juillet 2021 le témoignage de Jean-Philippe Bouet, éleveur ovin, vice-président de la Coordination Rurale d’Indre-et-Loire et membre du conseil d’Administration de l’abattoir, pour qui « cet outil est un formidable outil de valorisation des animaux ». Et d’ajouter : « En tant qu’éleveur, ça a un côté très valorisant de travailler avec les bouchers et les grandes et moyennes surfaces. On sait exactement chez qui vont les animaux. On a une valorisation de l’ordre de 20 à 30 % de plus-value sur les agneaux que l’on vend en direct. C’est gagnant-gagnant pour les éleveurs comme pour les bouchers. »

 

Commentaires 1

  1. Florentais says:

    Bonsoir. Voilà un dossier concret et pas facile mais tellement dans l air du temps et repondant a unedemande des citoyens. Les raisons de l endettement ?
    Est ce que nos députés peuvent faire quelque chose ???
    Voilà le nouveau monde ……

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