Centrale de Chinon. Comprendre les problèmes de corrosion dans les réseaux de sécurité

Le 19 février prochain, le réacteur numéro 3 de la centrale nucléaire de Chinon sera mis à l’arrêt pour effectuer des contrôles sur les tuyauteries d’injection de sécurité à la suite de découvert de corrosion sur d’autres centrales françaises. Mais en quoi consiste cette corrosion ?

EDF vient d’annoncer la mise à l’arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires sur différentes centrales du parc français. La raison, la découverte de corrosion dans les réseaux permettant le refroidissement de système. La centrale de Chinon est concernée par ces arrêts (relire notre article d’hier). C’est dans les réseaux de la centrale de Civaux que les premières constatations ont eu lieu et ont conduit à l’étude de différents réacteurs potentiellement touchés.

Le cas de la centrale de Civaux

Le 21 octobre 2021, à la suite de la réalisation de contrôles par ultrasons programmés lors de la deuxième visite décennale du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Civaux (réacteur de 1450 MWe), dans la Vienne, EDF a informé l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) de la détection d’indications au niveau de soudures des coudes des tuyauteries d’injection de sécurité du circuit primaire principal du réacteur. Le 15 décembre 2021, EDF a informé l’ASN que les expertises métallurgiques réalisées sur les parties déposées des tuyauteries du réacteur 1 de la centrale de Civaux avaient mis en évidence la présence de fissuration résultant d’un phénomène inattendu de corrosion sous contrainte en face interne de la tuyauterie, à proximité du cordon de soudure. EDF a par ailleurs pris la décision d’arrêter le réacteur 2 de la centrale de Civaux de manière anticipée pour procéder à une visite décennale et à l’inspection de ces zones sensibles.

Les tuyauteries en images

D’autres centrales ensuite

« Les contrôles réalisés lors des visites décennales visent à détecter la présence de fissuration par fatigue thermique, notamment au travers de contrôles par ultrasons », souligne l’ASN. Par ailleurs, « des indications classées comme parasites ayant été détectées lors des contrôles précédemment réalisés en visite décennale sur les deux autres réacteurs de 1450 MWe (réacteurs B1 et B2 de la centrale de Chooz), EDF a procédé à leur arrêt afin d’effectuer des contrôles complémentaires. Les premiers résultats indiquent la présence sur le réacteur B2 d’indications similaires à celles observées sur Civaux. » Concomitamment, le contrôle réalisé lors de la troisième visite décennale du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Penly, de conception différente (réacteur de 1300 MWe), a mis en évidence des indications sur les mêmes tuyauteries. L’expertise en laboratoire des parties déposées a également conclu à la présence de fissuration par corrosion sous contrainte. EDF a poursuivi ses investigations afin de déterminer les causes de cette corrosion et d’identifier les autres zones et réacteurs possiblement concernés. En particulier, EDF a réexaminé les résultats des contrôles précédemment réalisés sur l’ensemble de ses réacteurs afin de rechercher d’éventuelles indications classées comme parasites, mais pouvant correspondre à de la corrosion sous contrainte. C’est ainsi que plusieurs réacteurs de différentes centrales, dont celle de Chinon.

La réparation des tuyauteries

« Des solutions de réparation, voire de remplacement, des portions de tuyauteries affectées par le phénomène d’endommagement sont en cours d’instruction. Les tuyauteries à remplacer sont constituées d’un acier inoxydable courant, mais nécessitent toutefois un certain nombre de contrôles et de qualifications pour répondre aux exigences inhérentes aux équipements nucléaires soumis à la pression. Les solutions de réparation seront mises en œuvre au cas par cas, en fonction des conclusions des contrôles, afin de garantir la sûreté des installations. Un programme de contrôles sur l’ensemble du parc nucléaire est en cours d’élaboration », selon la SFEN (société française d’énergie nucléaire) une association scientifique dont l’objet est de produire et diffuser de la connaissance sur les sciences et techniques du nucléaire.

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