Dossier. En forêt ou dans le jardin, attention aux tiques

Particulièrement actives au printemps et à l’automne, les tiques sont les principaux vecteurs d’agents pathogènes responsables de maladies infectieuses en Europe. Chez l’être humain, elles transmettent notamment la bactérie à l’origine de la maladie de Lyme. Les piqûres peuvent avoir lieu en forêt mais aussi dans les jardins.

Certaines espèces de tiques peuvent transmettre des virus, bactéries ou parasites aux animaux et à l’être humain. En France, la principale maladie humaine liée aux tiques est la maladie de Lyme. En cas d’infection, un halo rouge caractéristique apparaît sur la peau quelques jours après la piqûre, le plus souvent autour de cette dernière, et s’étend de façon circulaire. En l’absence de traitement, la maladie peut provoquer des atteintes cutanées, musculaires, neurologiques et articulaires, parfois très invalidantes. Pour éviter ce risque, quelques précautions peuvent être prises :
– utilisez des répulsifs, en privilégiant ceux disposant d’une autorisation de mise sur le marché et en respectant leurs conditions d’emploi : l’ensemble de ces informations figurent sur l’étiquette, l’emballage et/ou la notice des produits ;
– portez des chaussures fermées et des vêtements couvrants de couleur claire, pour mieux repérer les tiques sur la surface du tissu ;
– évitez de marcher au milieu des herbes hautes, des buissons et des branches basses et privilégiez les chemins balisés ;
– inspectez-vous au retour de vos promenades ;
– en cas de piqûre, détachez immédiatement les tiques fixées à l’aide d’un tire-tique, d’une pince fine ou, à défaut, de vos ongles. N’utilisez en aucun cas de l’éther ou tout autre produit et désinfectez la plaie ;
– surveillez la zone de piqûre pendant plusieurs jours et consultez votre médecin en cas de symptômes.

Un quart des piqures de tiques dans les jardins

Si les piqûres de tiques sont souvent associées aux promenades en forêt, ce risque existe également dans les jardins : ainsi, 25% des piqures de tiques auraient lieu dans les jardins. Ces  données viennent de l’application Signalement Tique développée par INRAE et le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement de Nancy-Champenoux, dans le cadre du programme de recherche participative CiTIQUE, auquel l’Anses est partenaire.

Vers des cartes météo des tiques en France métropolitaine ?

Dans le cadre du plan national de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmissibles par les tiques, INRAE et VetAgro Sup, ainsi que le Cirad, l’Anses et l’entreprise Boehringer Ingelheim, ont analysé le risque lié à la tique Ixodes ricinus, principale vectrice d’agents pathogènes en France et en Europe. L’équipe de recherche s’est basée sur les données récoltées dans 7 observatoires caractérisés par différents climats de France métropolitaine ainsi que sur les données météorologiques et des données de l’environnement (végétation, sol…). Des campagnes d’observations complémentaires de terrain ont aussi été réalisées. Leurs résultats, publiés dans Geospatial Health et Scientific Reports, ont permis de développer à la fois une carte indiquant les zones les plus favorables à la présence et l’activité des tiques Ixodes ricinus et un modèle pour prédire les moments les plus à risque en fonction des saisons et de la météo en France métropolitaine.

Cartographier les zones favorables à la présence des tiques

En France, la tique Ixodes ricinus qui est présente sur la majeure partie du territoire et est le principal vecteur d’agents pathogènes responsables de diverses maladies telles que la maladie de Lyme. L’activité et le cycle de vie des tiques dépendent de nombreux facteurs environnementaux tels que le climat (océanique, méditerranéen, continental…), l’altitude, l’occupation du sol (forêts, prairies, zone urbaine…) ou la présence d’hôtes pour leurs repas. Une valeur d’indice de « non favorable » à « très favorable » a été attribuée à chacun de ces quatre facteurs, la présence d’hôtes étant caractérisée par la densité des ongulés sauvages (données de l’Office Français de la Biodiversité). L’équipe de recherche a combiné les connaissances sur ces facteurs grâce à des méthodes d’analyses multicritères d’aide à la décision qu’ils ont appliquées aux systèmes d’information géographique pour créer une carte de score des habitats favorables à Ixodes ricinus. Pour valider l’approche, ils ont comparé les scores de la carte à des données de terrain obtenues grâce à des campagnes de récoltes de tiques au stade nymphal en France métropolitaine. La carte confirme que les zones les plus favorables à la présence de tiques se situent dans le centre, le nord-est et le sud-ouest, tandis que les habitats les moins favorables sont dans les régions méditerranéennes et de haute montagne. Cette carte apporte des informations pour les régions et les communes et aidera à mieux cibler les messages de prévention sur les piqûres de tiques.

Un modèle pour prédire l’activité des tiques en fonction de la météo

L’activité des tiques dépend aussi des conditions météorologiques et impacte le risque de transmission des agents pathogènes, dont celui responsable de la maladie de Lyme. Pour mieux comprendre et décrire l’activité des tiques, les chercheurs se sont basés sur les données issues d’un réseau de 7 observatoires répartis en France métropolitaine. Depuis 2014, des campagnes de collectes sont organisées mensuellement dans ces observatoires pour estimer la densité des tiques mais également pour mesurer les variables météorologiques (température, humidité…) et environnementales (altitude, occupation du sol…). En regroupant les informations des 631 campagnes de collectes, ils ont développé un modèle statistique permettant d’estimer l’activité des tiques en fonction du lieu, de la saison et des variations météorologiques. Ce modèle permet d’expliquer très majoritairement les variations d’activité de tiques observées. La carte et le modèle, complémentaires, fournissent des informations précieuses pour identifier les régions et les périodes à risque d’exposition aux tiques en France. L’objectif est ainsi de pouvoir combiner les deux pour réaliser des cartes d’activité des tiques en fonction des données météorologiques à l’échelle de la France métropolitaine.

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