Dossier. Handicap : Une association alerte sur les difficultés de scolarisation de certains enfants

L'association Unapei, qui regroupe divers organismes, professionnels, parents, bénévoles, du secteur du handicap publie en cette période de rentrée scolaire un constat alarmant sur les difficultés que rencontre nombre d'enfants en situation de handicap pour entrer dans un système de scolarisation. Elle déplore le manque de moyens et l'invisibilisation de beaucoup d'entre-eux.

Absence de places à l’école ordinaire ou dans une école spécialisée, accueil par défaut dans une structure qui ne convient pas ou plus, scolarisation inadaptée à leurs besoins ou inexistante… Cette année encore, des enfants en situation de handicap n’accèderont pas à l’école comme les autres élèves, alors que leurs besoins sont connus et qu’ils ont été orientés par l’administration. C’est le constat dressé cette année encore par l’association Unapei (qui regroupe des parents, bénévoles, associations, professionnels… du handicap). « Depuis de nombreuses années, l’Unapei met en lumière les difficultés rencontrées par les élèves en situation de handicap intellectuel et cognitif pour avoir accès à l’éducation, comme tous les autres enfants. Quand ils n’en sont pas complètement exclus, certains ne bénéficient que de quelques heures d’enseignement par semaine, d’autres n’ont pas de place pour un établissement ou dispositif spécialisé dont ils auraient besoin, d’autres encore ne peuvent pas aller en classe à cause du manque d’enseignant dans le dispositif spécialisé ou d’AESH à l’école… Leurs droits ne sont pas respectés », déplore-t-elle.

Des milliers d’enfants concernés

Le gouvernement affiche pourtant l’objectif d’une école inclusive et pour tous. « Malheureusement, seuls les élèves scolarisés en école « ordinaire » sont comptabilisés. Seulement 34% des élèves sont inscrits dans la « base élève » du ministère de l’Education Nationale ! Et les autres ? Pourquoi les invisibiliser ?  Les chiffres ne disent pas si cette solution est adaptée à leurs besoins, ni le nombre d’heures qui leur sont accordées. Ils écartent totalement ceux dont la scolarisation dépend aujourd’hui des établissements spécialisés », regrette l’association. C’est pourquoi l’Unapei a créé depuis 4 ans un outil permettant à ses associations de se rendre compte de la réalité de la scolarisation des élèves qu’elles accompagnent dans toute la France. Depuis 4 ans, l’Unapei relance avant la rentrée, la campagne #Jaipasecole et la plateforme www.marentree.org, qui recueille les témoignages des familles et des professionnels concernées. D’après l’outil de suivi de scolarisation de l’Unapei, sur les 7 949 enfants accompagnés par ses associations :
– 18% n’ont aucune heure de scolarisation par semaine,
– 33% ont entre 0 et 6h de scolarisation par semaine,
– 22% ont entre 6 et 12h,
– Et seulement 27% bénéficient de 12h ou plus par semaine
Pour mémoire, à l’école élémentaire, la durée moyenne d’enseignement est de 24 heures par semaine.

Un manque d’enseignants spécialisés

L’outil de l’Unapei fait également ressortir un manque d’enseignants spécialisés, et d’enseignants formés. « Les conséquences de l’absence de scolarisation, ou de scolarisation dans des conditions inadaptées sont dramatiques pour les enfants et leurs familles, qui doivent très souvent assurer une logistique mettant à mal leur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale et sont éreintées de la charge mentale portée. Imagine-t-on seulement que certaines familles la vivent chaque jour de la semaine depuis des années, à cause de l’exclusion de leur enfant ? »

Les recommandations de l’Unapei

« Des actions concrètes sont à mener pour apporter à tous les élèves des solutions éducatives effectives, bien traitantes, individualisées et limitant les conséquences pour leurs familles contraintes de pallier l’absence de scolarisation », estime l’Unapei. Elle propose donc de :
– Prendre en compte les élèves inscrits dans les établissements spécialisés (IME…) dans les chiffres de l’Education Nationale, pour avoir une vision réaliste de la situation,
– Former les enseignants et le personnel éducatif aux spécificités des élèves en situation de handicap afin qu’ils puissent adapter leur enseignement, au bénéfice de tous,
– Adapter les programmes éducatifs en termes de méthodes, de rythmes et de contenus,
– Adapter l’environnement scolaire et renforcer les moyens accordés aux enseignants et personnel éducatif afin d’offrir les meilleures conditions d’accueil aux élèves en situation de handicap,
–  Adapter les effectifs des classes accueillant des élèves en situation de handicap,
– Garantir la possibilité d’un accompagnement thérapeutique adapté aux élèves en situation de handicap, quel que soit le lieu de leur scolarisation,
– Organiser des projets pédagogiques collaboratifs entre établissements scolaires et établissements spécialisés, dédier des temps d’échange de pratique et de construction entre professionnels du médicosocial et de l’Education nationale,
– Garantir une continuité d’accueil entre les temps scolaires et les temps d’accueil de loisirs des élèves en situation de handicap.
– Sensibiliser l’ensemble de la communauté éducative à la diversités des handicaps, notamment les handicaps invisibles, et à leurs conséquences sur les apprentissages et la vie sociale.

Un numéro vert national

Un numéro vert unique permet de joindre, grâce à un serveur interactif et selon le besoin, soit la cellule départementale, soit la cellule nationale Aide handicap École. Il s’agit du 0 805 805 110. Ce numéro vert, facilement identifiable par les familles, est ouvert toute l’année, y compris durant l’été, pour sécuriser les parents en amont de la rentrée scolaire. Des réponses immédiates peuvent être apportées aux familles. Si les réponses nécessitent une recherche ou une prise d’information plus précise auprès de personnes qui connaissent la situation de l’élève, les familles sont alors rappelées. La cellule d’écoute et de réponse du service départemental École inclusive est mise en place en complément de la cellule nationale Aide handicap École, pour davantage de proximité dans les réponses. Ces cellules locales ont deux objectifs : d’une part, informer les familles sur les dispositifs existants et sur le fonctionnement du service public de l’École inclusive ; d’autre part, répondre aux familles sur le dossier de leur(s) enfant(s) avec un objectif affiché de réponse aux demandeurs dans les 24 heures suivant l’appel. Il est possible de contacter le service d’aide d’école inclusive de Maine-et-Loire par mail à ecoleinclusive49@ac-nantes.fr. Plus de renseignements sur le site de l’académie : https://www.ac-nantes.fr/l-ecole-inclusive-dans-l-academie-122125.

 

 

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