Dossier. Le nourrissement des abeilles en hiver, une pratique qui fait débat

Le nourrissement est un terme utilisé en apiculture pour définir l’action de nourrir les abeilles durant l’hiver. Cette pratique très répandue consiste à donner du sucre, du sirop ou encore du miel aux abeilles durant les périodes de grand froid afin qu’elles ne meurent pas de faim. Le nourrissement bien que très pratiqué est dénoncé par certains qui reproche la perte de qualité et la mise en place d’une mauvaise habitude inculquée aux abeilles. Rencontre avec un apiculteur amateur saumurois.
Le nourrissement consiste à donner du sucre aux abeilles durant l'hiver pour les maintenir en vie

La FDSEA49 (Fédération Départementale des Syndicats et Exploitants Agricole de Maine-et-Loire) reconduit son « opération sucre » en proposant du sucre à prix réduit à ses apiculteurs adhérents afin d’alimenter les colonies d’abeilles durant l’hiver. Le principe est simple, proposer aux apiculteurs du sucre blanc cristallisé à prix réduit pour l’alimentation des colonies au cours de l’hiver. Les apiculteurs peuvent commander le sucre auprès de la FDSEA de Maine-et-Loire. Le sucre est ensuite livré par camion durant le mois de décembre. Pour simplifier la logistique et bénéficier de tarifs attractifs, les commandes sont passées par tranche de 1 tonne, qui correspond à une palette complète. Cependant, cette pratique très répandue dans l’apiculture est dénoncée par de nombreux professionnels.

Comment les abeilles luttent-elles contre le froid ?

Lorsque le mercure commence à descendre dangereusement, les abeilles s’organisent pour se protéger du froid en formant ce que l’on appelle une grappe autour de la reine. L’objectif est de produire la chaleur indispensable à la survie de la colonie.Les abeilles pénètrent à l’intérieur des cellules vides et remplissent les espaces entre les rayons pour réduire les déperditions de chaleur. Celles qui se trouvent au centre produisent de la chaleur en contractant frénétiquement leurs muscles de vol sans bouger leurs ailes. Plus les températures diminuent, plus la grappe se contracte pour diminuer les déperditions de chaleur. Durant les hivers les plus rudes, la grappe se contracte tellement qu’il arrive qu’elle perde le contact avec le stock de provisions. À ce moment-là, les abeilles risquent un engourdissement qui pourrait leur être fatal. Ce n’est donc pas tellement le froid qui tue les abeilles, mais plutôt le manque de nourriture. Cependant, un hiver doux n’est pas une bonne nouvelle pour les abeilles. L’apparition du soleil et la remontée des températures peuvent pousser les butineuses à aller se balader. Comme elles ne trouveront rien à butiner, elles se fatigueront donc pour rien et devront rentrer dans la ruche pour manger. Le stock d’hibernation pourra diminuer très rapidement, ce qui représente un risque majeur si l’hiver perdure.

Une pratique très répandue, mais pas sans impact

À l’origine, dans un environnement « normal », l’abeille faisait suffisamment de réserves dans la nature en pollens et gelée royale pour l’hivernage. Dans l’apiculture le miel est récolté, il faut donc compenser par l’ajout de sirop ou de sucre. Cela permet de limiter les pertes et d’augmenter la production, à une époque où les effectifs d’abeilles diminuent massivement, à cause notamment de certains pesticides. « Cette pratique est utilisée par quasiment tous les gros apiculteurs qui produisent et vendent du miel, c’est très répandu », indique Bernard Gibon, apiculteur amateur à Saumur. Par ailleurs, certains apiculteurs craignent qu’à force de nourrir les abeilles avec du sucre, on modifie leurs façons de butiner et de polliniser. « À mon sens, cela a tendance à fragiliser les essaims, elles n’apprennent pas à se renforcer naturellement. De plus le sucre n’est pas aussi riche que le miel. Quand les hivers sont très froids et que je m’aperçois que mes abeilles manquent de nourriture, je leur redonne un peu de leur miel. Cela a un réel impact sur la qualité du miel », explique Bernard Gibon. En termes de qualité l’apiculteur sait de quoi il parle puisqu’il a reçu plusieurs distinctions notamment la médaille d’argent au concours des miels d’Anjou. Entre contraintes et réalités économiques pour les apiculteurs et tradition et préservation de la biodiversité, le débat reste entier.

Commentaires 1

  1. Florentais says:

    Bonsoir. Je ne connaissais pas la technique.
    Si il y a moins de perte d abeille il y a plus de production et donc plus de miel ?Donc un prix du marché moins élevé mais avec plus de dépense…. je me trompe peut être ?
    bref c est comme en agriculture

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