Doué-en-Anjou. La loutre géante du Bioparc est bien arrivée en Argentine

Le mercredi 5 janvier 2022 une loutre géante est partie du Bioparc de Doué-en-Anjou pour être réintroduite dans un parc national argentin en milieu naturel (relire notre article). Arirahna, une femelle loutre géante, a été choisie pour repeupler le milieu naturel et a quitté le Bioparc pour rejoindre l’île de San Alonso, située dans le parc national argentin d’Iberá, grâce à la Fundación Rewilding Argentina . Elle rejoint là-bas un mâle provenant d’un zoo suédois, afin de former un nouveau groupe familial. Le couple et ses petits sera alors progressivement relâché, avec la possibilité de revenir dans leurs parcs s’ils le souhaitent. Cette réintroduction est la concrétisation du programme d’élevage européen (EEP) pour cette espèce en danger d’extinction, et une magnifique récompense pour toute l’équipe du Bioparc qui œuvre depuis 2007 pour la protection de la loutre géante. Une nouvelle femelle loutre géante rejoindra bientôt Iquitos, le mâle présent au Bioparc.

Bien arrivée en Argentine

Le parc douessin a donné des nouvelles de l’animal en fin de semaine dernière : « Arirahna, notre femelle loutre géante, est arrivée sans encombre en Argentine ! Après son atterrissage à l’aéroport de Buenos Aires, elle a embarqué pour un trajet de plus de 1000 km pour rejoindre le parc national d’Iberá. Arrivée au milieu de la nuit, elle a été prise en charge par une équipe de soigneurs et vétérinaires pour son transfert vers la zone de quarantaine. Une loge lui a été spécialement aménagée afin qu’elle puisse passer sa période de surveillance sanitaire dans les meilleures conditions possibles. Elle semble s’y être particulièrement bien adaptée. D’ici quelques semaines, elle sera mise en contact avec Nanay, le jeune mâle loutre géante né dans un zoo suédois, arrivé en Argentine en mai dernier. » Voir la vidéo de son arrivée ici.

Le retour d’un prédateur « presque éteint » en Argentine depuis plus de 20 ans

La loutre de rivière géante (Pteronura brasiliensis) est la plus grande espèce de loutre au monde et peut atteindre jusqu’à 1,8 mètre de long. C’était le prédateur suprême dans les écosystèmes aquatiques de Corrientes, se nourrissant de poissons et de caïmans. Jusqu’au milieu du XXe siècle, il était possible de la voir dans le fleuve Paraná. Sa présence passée à Iberá a également été confirmée lorsqu’un crâne de loutre géante a été trouvé sur l’une des îles de la région. La majeure partie du régime alimentaire d’une loutre de rivière géante est composée de poissons, bien qu’elle puisse également inclure des crustacés, des mollusques et des vertébrés terrestres comme des caïmans, des oiseaux et des rongeurs. En raison de ses habitudes alimentaires, ce carnivore est généralement au sommet de la chaîne alimentaire dans les cours d’eau où il vit et est une espèce clé dans ces écosystèmes. La loutre géante est, selon l’UICN, classée dans les listes rouges nationales comme étant « en danger critique d’extinction » au Paraguay et en Équateur, « en danger » au Pérou, Colombie, Venezuela, Bolivie, comme « vulnérable » au Brésil. Elle est considérée comme « éteinte » en Uruguay, et « probablement éteinte » en Argentine. La société argentine pour l’étude des mammifères note qu’il n’y a eu aucune trace d’une population stable ou d’adultes individuels avec des territoires établis en Argentine au cours des trente dernières années au moins. Une combinaison de facteurs liées aux activités humaines a entraîné la disparition progressive de l’espèce sur toute son aire de répartition : destruction de l’habitat, surpêche, contamination des eaux – en particulier par l’exploitation aurifère, l’exploration de combustibles fossiles et l’utilisation de pesticides et d’engrais -, le braconnage, les conflits humains et la mauvaise gestion du tourisme.