Edito du Kiosque : COP 28… tout ça pour ça ?

La COP 28 a accueilli 80 000 invités à Dubaï, capitale des Emirats arabes unis. Une gigantesque vitrine accordée aux grands producteurs de pétrole qui ont pesé de tous leurs dollars pour arracher un communiqué final improbable. L’argent coule à flot, la sortie des énergies fossiles n’est donc pas pour demain. On parle de transition, mais la mer monte avec constance sur des plages bientôt virtuelles.

La COP 28 vient de se terminer. Ce rendez-vous de la démesure dans la capitale éponyme des Emirats arabes unis s’est soldé par un communiqué diplomatique, une pantalonnade universelle orchestrée par les rois du pétrole. La sémantique a subtilement brisé les réticences pour sauver la face d’un fiasco annoncé. Plus question de sortie programmée des énergies fossiles, mais une forte recommandation à s’engager dans un processus de transition pour réduire production et consommation. Autant dire un nouveau chemin pavé de bonnes intentions sur lequel pourront muser et lézarder les grands producteurs pour alimenter le plus longtemps possible les pompes à profits. Si le charbon demeure le parent pauvre des orpailleurs d’or noir, il n’en est pas de même pour le pétrole et le gaz évoqués mais pas inscrits sur l’autel des promesses de cartels toujours souverains de leur production. Les serments n’engageant que ceux qui les écoutent, les lobbies s’en sont retournés satisfaits ou dubitatifs selon leurs engagements pour le business ou la planète. Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, comptait parmi les enchantés, conforté dans sa volonté d’engranger toujours plus de bénéfices pour réinvestir, mais le plus tard possible, dans la transition écologique. Au début de ce siècle, son groupe s’était fortement interrogé sur les nécessaires changements vertueux à opérer, allant même jusqu’à consacrer d’importants budgets dans la recherche et le développement. Une initiative saluée par les salariés, fiers d’appartenir à leur beau fleuron industriel. Mais cet élan de probité s’est estompé avec l’entêtement de leur intransigeant « Papou » du Sud-Ouest, nouveau boss très préoccupé par le confort de ses actionnaires, de ceux qui, à l’unisson, reconnaissent son grand dévouement en le gratifiant de substantielles augmentations salariales. « Si nous ne poursuivons pas notre développement, d’autres le feront à notre place » aime- t-il à rappeler pour justifier son renoncement. Un peu facile et hypocrite, mais froidement réaliste quand, dans la cacophonie médiatique de cette COP 28, l’Opep (organisation des pays producteurs de pétrole) annonçait en tapinois « une croissance saine et une demande record pour 2024 ». Pas de quoi rassurer les militants de l’urgence climatique, d’autant qu’à la nébuleuse des paroles incantatoires s’est ajouté l’indistinct sujet du financement et des moyens mis à disposition pour atteindre les objectifs. Notamment à destination des pays les plus pauvres, directement impactés par l’activité surabondante des nations prospères.

Pays numérique, pays sans terres

Qu’a-t-on à offrir, à proposer à court terme pour les quelque 500 millions de personnes menacées directement par la montée des eaux due au réchauffement climatique. Les états atolliens du Pacifique sont déjà exposés, les îles Marshall, les archipels des Maldives, de Nauru, Kiribati et Tuvalu subissent les premiers effets de la submersion. Ce dernier notamment qui, pour préserver et sauver la culture de son peuple, sa terre, son océan, a décidé de le « mettre à l’abri du danger » en le déplaçant sur le cloud, le virtuel. Tuvalu pourrait devenir le premier pays sans terres, le premier état numérique de la planète, le premier d’une longue liste dont les habitants devront trouver refuge ailleurs. L’Australie a d’ores et déjà accepté d’accueillir ses premiers réfugiés climatiques, mais dans des conditions controversées (abandon de souveraineté) qui laissent augurer des pires difficultés quand les enjeux seront plus conséquents. 11 000 Tuvaluans sont aujourd’hui concernés et l’on peut aisément mesurer l’ampleur des drames à venir dès lors que seront touchées des populations plus nombreuses. Demain, l’émigration des peuples en souffrance fissurera les murs de sécurité érigés par les nationalismes émergents entêtés, opiniâtres, sur lesquels certains construisent leurs chapelles. Les discours identitaires vont bon train pour aviver l‘épouvante d’une submersion migratoire, du danger prégnant de « l’étranger », source unique et inconditionnelle du mal-être de nos sociétés confortables. De l’immigration, nous pouvons et devons parler de manière apaisée et visionnaire. Bien au contraire de nos élus ne sachant pas dépasser les frontières de leurs dogmes intrigants et opportuns.

Georges Chabrier

Commentaires 5

  1. Almaviva says:

    Beaucoup de bruit de d’argent dépensée pour RIEN !

  2. Jean-Jacques Sallé says:

    Que voilà un credo bien dans les clous du réchauffisme, et de la montée des eaux fantasmée.
    Probablement aussi favorable à l’euthanasie de Médor et de Minouche, la petite dernière du GIEC ?

  3. Florentais says:

    Bonsoir. La montée des eaux n est pas dû uniquement et j ai bien dit uniquement aux réchauffements. Vous comprendrez peut-être pourquoi certains pays n interprètent pas comme nous.

  4. Florentais says:

    Re bonsoir. Les plaques terrestres ce déplace à l horizontal mais aussi à la verticale. Oh l eau monte…..
    Bref notre planète vie et bouge avec ou sans l homme. Ce qui empêche pas de faire attention à elle.

  5. Prior Francis says:

    On a toujours raison quand on parle seul. Mais faire parler d’une seule voix 194 pays c’est plus difficile. Formidable que l’on acte une transition sans énergie fossile.

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