Edito du Kiosque. Crise du logement : un poison lent

Les faisceaux convergent vers le pire. Le marché du logement est en proie à des difficultés récurrentes et accrues dénoncées par l’ensemble des acteurs du secteur qui prédisent une crise majeure à court terme.

Quand le bâtiment va, tout va. Martin Nadaud, maçon-député creusois du XIXe siècle nous a légué cette maxime en héritage d’une observation jamais démentie. Or, notre BTP se lézarde, se fissure, s’affaisse sur des bases argileuses, laissant augurer d’une très prochaine crise majeure. Au déficit renouvelé de constructions de logements autorisés à la vente, se greffent une foultitude d’aléas convergents qui brident l’ensemble des maillons de la chaîne et renforcent les convulsions durables d’un mal établi. « La crise du logement est un poison lent mais extrêmement sûr » s’inquiète régulièrement Véronique Bédague, la pédégette de Nexity, opérateur essentiel du marché immobilier. Depuis 2017, la construction de logements neufs est en déclin prononcé, bien loin des 400 000 annuels nécessaires pour répondre à la demande. En cause, la hausse prohibitive des matériaux, les réglementations et la fameuse norme RE 2020 venant renforcer les exigences du Grenelle de l’environnement en matière de performances énergétiques. Si l’on ajoute le relèvement des taux d’intérêts, la fébrilité des banquiers, du gouvernement et des collectivités, se loger constituera à très court terme le terreau d’une crise sociale, sociétale et économique majeure. Le droit au logement est une réalité, une exigence pour la santé, la dignité et le bien-être de tout individu. Or, aujourd’hui, la conjoncture flirte avec les crêtes de la tolérance. D’autant que le parc ancien ne pallie en aucune manière la pénurie observée.

500 logements vacants

Sur notre territoire, 10%, soit près de 500 logements, sont vacants, souvent en état avancé de vétusté. Fort malheureusement, ce chiffre devrait encore s’amplifier avec la mise en application depuis le 1er juillet du nouveau diagnostic de performance énergétique, le fameux DPE qui exige le classement en « E » des critères environnementaux pour la mise en location d’un logement. Autant dire la nécessité d’effectuer des travaux conséquents que nombre de bailleurs ne pourront ou n’auront pas l’intention de faire pour éradiquer les passoires thermiques. Des logements en moins, donc, sur un marché déjà tendu qui, une nouvelle fois, va handicaper les plus fragiles, et, dans le même temps, freiner les ambitions de ceux qui pourraient offrir ou trouver des solutions, les investisseurs, acquéreurs ou primo-accédants. Pourtant, nombre d’aides publiques sont proposées aux propriétaires ou bailleurs (jusqu’à 80% du coût) pour appréhender des travaux de réhabilitation, accompagnés techniquement, administrativement et financièrement par des opérateurs, entreprises publiques locales. A l’instar d’Alter Anjou Loire Territoire, dont la contribution est efficiente, elles évoluent dans le cadre de dispositifs trop contraints pour apporter une réponse significative aux urgences pointées par l’ensemble des acteurs et constatées par les citoyens en mal de foyers. De domiciles pérennes bien entendu, car les locations éphémères et saisonnières échappent au constat. Airbnb ne connaît ni la crise, ni les contraintes, remplit les cases et les paillotes du tourisme exotique. Quant aux indigents ou aux travailleurs, ils devront patienter, se contenter ou partir.  « Un homme a absolument le droit, s’il n’a pas de toit et s’il voit un logement vide, de l’occuper. Les squatters ont un droit moral », estimait l’abbé Pierre. Une loi du mois de juillet dernier est venue renforcer les sanctions contre les occupations illicites. Une autre pourrait bien lui succéder pour encadrer et réprimer l’exercice lucratif et incontrôlé des « hôteliers » du dimanche qui désertifient nos centres-villes.

Georges Chabrier

Commentaires 3

  1. En vacance says:

    Monsieur CHABRIER vos chiffres sur la vacance sont étonnants pouvez vous les vérifier et indiquer pour quel territoire (saumur, l’agglo …).

  2. Patrick Morineau says:

    Une législation et règlementation doivent être incitatives pour que les citoyens agissent dans le ses souhaité. Les aides ne servent à rien si d’autres dispositions vont dans le sens inverses. La hausse des taxes foncières pou compenser la suppression de la taxe d’habitation, l’imposition sur la fortune immobilière, les exigences de performances énergétiques et contraintes réglementaires relevant de l’écologie punitive sont des freins pour les investisseurs potentiels.

  3. Étienne says:

    Cet article est fallacieux ! C est à partir du 01janvier 2027 , et non au 01 juillet 2023 , que les logements peuvent être loué avec AU MINIMUM un DPE en E .( voir le site du service publique) Donc pas de panique pour le moment ! D autre part concernant les logements vacants, le chiffre, concernant l’agglo de Saumur , est de mémoire, très supérieur à celui indiqué . Vérification à effectuer !

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