Edito du Kiosque : Noir c’est noir !

L’énergie, rare et chère, est une préoccupation majeure pour l’ensemble des consommateurs et particulièrement les collectivités locales engagées dans des processus d’économies en corrélation avec leurs moyens et les obligations environnementales. L’éclairage public fait toutefois débat dans les zones urbaines plongées dans l’obscurité totale dès 21h.

Le 28 octobre prochain, le soleil se couchera à 18h51. Le lendemain, ce sera une heure plus tôt, invité à s’éteindre sous l’emprise précoce d’un hiver allongé. Les commentaires iront bon train sur les effets attendus de cette pratique suggérée par Benjamin Franklin, dès 1784, pour économiser des bouts de chandelles. Feues les calbombes, c’est le charbon qu’il fallut ensuite ménager, dans les foyers, pour contribuer à l’effort de la Première guerre mondiale. L’heure d’été répandit ses bienfaits jusqu’aux années 40 pour rééclairer nos lanternes en 1976 après le grand choc pétrolier. Aujourd’hui, l’heure «Giscard » est harmonieusement adoptée dans toute l’Europe dans une ferveur partagée entre les « pour » et les « contre » malgré tout conscients de la nécessaire attitude face à une énergie rare et toujours plus chère. Les plans de sobriété ont envahi le paysage énergétique français jusque dans les communes très préoccupées par les charges croissantes de ce confort indispensable. L’argument économique, comme souvent, a prévalu sur une démarche qui, a priori, fait sens dans l’appréhension écologique du débat. On n’a toujours pas de pétrole et on n’en veut plus, mais on a des idées pour épargner l’électricité, réduire les factures et, parfois, lésiner sur une réflexion de nature à reconsidérer des options ou certitudes chancelantes.

Sentiment d’insécurité

Comme bien d’autres, notre ville a repensé légitimement les plages horaires de son éclairage public et décidé, notamment, son extinction à 21h, en dehors du centre-ville. Certes, « c’est beau une ville la nuit »*, mais dans le noir absolu la réalité est tout autre et l’esprit vagabonde instinctivement vers l’horrifiante perception d’êtres terrifiants. Réels ou chimériques, ils glacent le sang de ceux qui rentrent tard, à pied, ceux qui ne disposent pas du confort d’un accompagnement, particulièrement les femmes, d’une voiture ou d’un garage de proximité. Le sentiment d’insécurité prend dès lors exagérément le pas sur la raison, la réalité d’une situation sur laquelle il convient néanmoins de s’interroger. Des solutions existent, mises en application sur des communes et agglomérations de même acabit. Agen, pour l’exemple, engagée volontaire dans un investissement énergique et massif pour revisiter l’ensemble d’un dispositif d’éclairage prenant en compte les exigences financières, sécuritaires et environnementales. L’utilisation de technologies Led photovoltaïques, des détecteurs de présence, très maîtrisées répondent avec satisfaction aux objectifs définis, qu’ils soient urbanistiques (accessibilité, sérénité), économiques (coûts, consommations) et écologiques (énergie renouvelable, pollution lumineuse). « Ce n’est pas du noir qu’on a peur… c’est de la formidable liberté que prend notre imagination quand nous y sommes plongés. »**. De la discussion jaillit la lumière, alors gardons la flamme, tous les espoirs sont permis.

Georges Chabrier

*Roman de Richard Bohringer
**Emmanuel Guibert

Commentaires 16

  1. RIGARD says:

    Nous payons en « sentiment d’insécurité » l’incapacité de nos dirigeants nationaux et plus proches à prévu l’imprévisible..
    Leds, solaire, détecteur de passage…

  2. Mal Freddy says:

    Il faut ajouter à cela le mauvais pavage qui dans le noir provoque des chutes et blessures

  3. Dommage says:

    J’ai voulu laisser un commentaire mais, 500 caractères, c’est vraiment trop peu et il en faudrait nettement plus pour oser en faire un article du Kiosque.

  4. FH says:

    Saumur est la seule ville de plus de 25 000hbts à éteindre l’éclairage à 21h, excepté l’hyper centre. L’insécurité n’est pas un « sentiment » ni le fruit de l’imagination, vu l’état général de la chaussée et de l’irrégularité des pavés, des petites rues sans trottoirs où les voitures qui éblouissent et les vélos/trottinettes non éclairées ne respectent pas les vitesses réglementaires, des personnes ivres ou droguées qu’on ne peut voir qu’au dernier moment.

  5. Francis Prior says:

    Je n’ai pas entendu dire que Saumur connaissait une mortalité ou une recrudescence des accidents en hausse depuis cette mesure…

  6. JLuc says:

    Nous sommes habitués à la situation, pourquoi relancer une polémique ? Le sentiment d’insécurité n’est qu’un sentiment.Les maires ne gouvernent pas les villes avec des sentiments mais avec des moyens financiers. Vous êtes sans doute en même temps pour les économies d’énergie, pour la préservation des espèces qui peuplent encore les villes, oiseaux papillons etc ?

  7. JLuc says:

    Laisser allumés 5500 points lumineux durant les heures où les piétons sont rares, ça coûte combien ? En argent et en kWh ? Sachons nous adapter au nouvel environnement des villes sobres. Un comportement citoyen ?

  8. MPR says:

    Compliqué la vie sociale , plus de restau , plus Theatre , plus de divertissement après le travail , pas possible de rentrer dans le noir .
    Rue maréchal leclerc, place Verdun , arche dorée dans le noir , est on dans le centre ville ?

  9. Saumur-brut says:

    Non, l’énergie n’est pas rare, la Terre reçoit chaque seconde du Soleil l’énergie que l’Humanité consomme en 1 jour. Ce qui est rare et cher (et polluant), c’est la récupération et la concentration de cette énergie pour nos besoins. Quand à la nuit, l’exemple d’Agen semble intéressant.

  10. Simone says:

    Totalement d’accord avec ces commentaires
    Les nouvelles technologies nous permettent tout il suffit d’une volonté politique et de choix budgétaire (on peut certainement piocher entre autre sur les réceptions de tout poils qui ne servent à rien sauf à rincer généralement toujours les mêmes)

  11. Laure says:

    J’habite en haut de la rue du Maréchal Leclerc et maintenant je suis obligée d’aller en voiture dans le centre-ville le soir, je ne me sens pas du tout à l’aise de marcher toute seule dans la nuit noire… pas très logique et écologique alors que je suis à 5-10 minutes à pied. Il faudra trouver une solution alternative. Ou au moins prolonger jusqu’à 23 heures ,comme dans beaucoup de villes.

    • @ Laure says:

      Très bon exemple de l’absurdité d’éteindre les lumières à 21 heures. Sans compter que récemment une femme a été agressée pour lui voler son sac à 21 heures! Alors, oui, il vaut mieux prendre sa voiture même si nous n’avons que10 mn de marche à pied. Et sans oublier tous ceux qui n’ayant pas de voiture, ne sortent plus du tout. Où sont l’écologie et l’intérêt en effet.

  12. JacquesB says:

    Ce qui est agaçant c’est que TOUS les Saumurois participent à part égale aux frais d’éclairage public alors que seuls des privilégiés en ont la jouissance. Ce n’est vraiment pas bon…

  13. FH says:

    Faut-il comptabiliser les décès dus à l’obscurité pour installer un éclairage peu énergivore qui satisfasse tout le monde? Quelle mentalité ! Nombreux sont ceux qui renoncent à toute vie sociale ou culturelle après 21h ou qui doivent utiliser la voiture pour faire quelques mètres. C’est effectivement le moyen de diminuer le risque. Quant aux entorses et fractures dues aux pièges d’une chaussée mal entretenue ou signalisée, nuit et jour, personne ne les compte.

  14. Peur du noir... says:

    J’habite rue du Maréchal Leclerc et je rentre toujours en voiture car j’ai peur des nombreux nids de poules, des trotinettes et vélos non éclairés et peur du noir!!! Je raccompagne aussi mes amis en voiture. Pas très écolo tout ça… aussi une agression au coin de notre rue avant 23h… Pourriez-vous au moins allumer jusqu’à 23h, nos ados grandissent…

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