Environnement : Le Xénope lisse, un petit amphibien particulièrement invasif

Depuis quelques années maintenant, le Xénope lisse se développe dans nos plans et cours d'eau, au dépend des espèces indigènes. Un plan de lutte est déployé à l'échelle nationale et également tout particulièrement en Maine-et-Loire, Vienne et Deux-Sèvres pour tenter de limiter sa prolifération très rapide et massive.
©PNRLAT

Le Xénope lisse est un amphibien de la famille des Pipidae, regroupant des amphibiens sans langue et exclusivement aquatique. Originaire d’Afrique du Sud, le Xénope lisse a des particularités qui le différencient très nettement des espèces françaises : il possède des griffes sur ses pattes postérieures, un corps plat, une coloration assez atypique et une peau très lisse et glissante qui est pourvue de « sutures » sur les flancs. Le têtard ressemble à un alevin de poisson-chat. C’est le seul têtard qui possède des barbillons. En France, le Xénope peut se retrouver dans tout type de milieux aquatiques stagnants (mares, étangs, lacs). Il semblerait qu’il utilise aussi les cours d’eau pour se disperser vers de nouveaux milieux.

Origine de son apparition en France

Le Xénope lisse est un animal très utilisé dans les laboratoires de recherche scientifique (biologie cellulaire, moléculaire et du développement) Il était notamment utilisé dans les années 1930 comme test de grossesse (Test de Hogben) : de l’urine de femme enceinte était injectée dans des femelles xénopes. Si l’injection déclenchait la ponte de l’amphibien dans les 24h, le test était positif. Introduit en France dans les années 1980, c’est sur les communes de Massais et Argenton-les-Vallées (79) qu’il est observé pour la première fois par Alain Fouquet en 1998. Ces observations font suite à la fermeture d’un centre d’élevage de l’espèce situé à Bouillé-Saint-Paul qui aurait laissé des individus s’échapper accidentellement. Depuis, il ne cesse de s’étendre. Le Xénope lisse est désormais présent dans 4 départements : les Deux-Sèvres, le Maine-et-Loire, la Vienne et la Loire-Atlantique, ce qui constitue le plus gros foyer de population en France. De nouvelles populations sont apparues plus récemment à Ambarès-et-Lagrave (Gironde – 2015), à La Chapelle-d’Armentières (Nord – 2018) et à Toulouse (Haute-Garonne – 2019).

Pourquoi le Xénope lisse pose-t-il problème ?

Considéré comme l’une des 100 espèces les plus invasives au monde, le Xénope possède des capacités d’adaptation et de reproduction remarquables. Les populations introduites ont tendance à être très dynamiques et à rapidement coloniser de nouveaux espaces avec parfois des densités impressionnantes (parfois plus de 1 500 individus dans une mare de 200 m² !). Sa présence dans les milieux aquatiques impacte la faune de plusieurs manières :
– Par concurrence : le Xénope se nourrit principalement de zooplancton et d’invertébrés dont se nourrissent beaucoup d’espèces aquatiques, ce qui présente des risques de dysfonctionnement des écosystèmes.
– Par prédation directe : des analyses de contenus stomacaux ont mis en évidence que le Xénope prédatait directement des pontes et des larves d’amphibiens autochtones.
– Par la transmission de maladies : le Xénope lisse est un vecteur sain de la Chytridiomycose, un champignon reconnu comme une cause de mortalité importante chez les amphibiens. Cependant, aucun cas n’a encore été observé en France.
La présence du Xénope lisse dans un écosystème apparait comme négative. Plusieurs études ont démontré que sa présence ferait diminuer de manière significative les populations d’amphibiens et d’invertébrés locales. Sa présence aurait une incidence importante sur le taux de reproduction des grands tritons notamment.
Divers programme de lutte comme le programme LIFE CROAA (Control stRategies Of Alien invasives Amphibians) ont essayé d’établir une stratégie de contrôle des populations, notamment dans les Deux-Sèvres et le Maine-et-Loire (cliquez ici et ici pour en savoir plus).

Que faire si vous observez un Xénope lisse ?

Si vous observez un Xénope lisse en Thouarsais, prenez simplement une photo si possible et envoyez  un email à la communauté de communes du Thouarsais à biodiversite@thouars-communaute.fr avec les conditions d’observations. Le service vous recontactera rapidement. Pour rappel, même si l’espèce est considérée comme « invasive », il est interdit de la déplacer ou de la manipuler sans autorisation. De son côté LIFE CROAA Propose également un service similaire. La remontée d’informations est essentielle pour prévenir l’installation d’espèces exotiques qui pourraient s’avérer menaçantes pour la faune locale dans le milieu naturel. En partageant vos observations, vous contribuez de façon concrète au système de détection précoce du LIFE CROAA et vous permettez d’améliorer les connaissances. Vos observations seront analysées par des experts des Amphibiens exotiques envahissants afin de vérifier l’identification de l’espèce observée. LIFE CROAA prendra éventuellement contact avec vous pour obtenir de plus amples informations. N’hésitez pas à joindre une ou plusieurs photographies lors de la rentrée de vos informations, cela facilitera le travail d’identification. Pour ce faire, rendez-vous sur ce lien.

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