Fontevraud. Une nouvelle cloche résonne à l’Abbaye

L’Abbaye de Fontevraud fait fondre chaque année une nouvelle cloche dont elle confie les décors à un artiste venu en résidence. Une troisième cloche vient d’intégrer les jardins l’abbaye et a été décorée par l’artiste nantaise Makiko Furuichi.

Après Aliénor et Richard, c’est au tour de Pétronille d’intégrer les jardins de l’Abbaye de Fontevraud. Non il ne s’agit pas d’un nouveau gisant, mais bien d’une cloche. Dans le cadre du projet « A toutes volées », l’Abbaye de Fontevraud a entrepris de redonner une sonnerie au site (relire nos articles ici et ici). Autrefois, le beffroi de l’abbaye accueillait en effet 6 cloches qui rythmaient la vie monacale et la vie régulière. L’objectif de l’Abbaye est de réaliser une cloche chaque année avec un décor réalisé par un artiste ayant un lien avec le site et ayant été en résidence à l’Abbaye. Après une première cloche, Aliénor, réalisée en 2019 par les artistes Barreau et Charbonnet, une seconde en 2021 (2020 ayant été une année blanche) baptisée Richard et réalisée par François Réau, une troisième cloche nommée Pétronille vient compléter cette liste. La cloche a été coulée dans une fonderie en Normandie au sein de l’entreprise Cornille-Havard le 24 février et démoulée il y a deux semaines environ. Ce mardi 5 avril, elle prenait place pour la première fois dans le site de Fontevraud.

De la peinture à la cloche

« Si les deux premiers noms font référence aux Plantagenets ayant occupé les lieux, le nom Pétronille était quant à lui celui de la première abbesse de Fontevraud », situe Emmanuel Morin, directeur artistique. C’est donc autour de cette thématique qu’a pu travailler l’artiste sélectionnée pour cette tâche : Makiko Furuichi. Cette artiste peintre d’origine japonaise et vivant aujourd’hui à Nantes a déjà réalisé des œuvres à Fontevraud, mais aussi au sein des caves Ackerman à Saumur (relire notre article). Sur cette cloche de 925 kg, Makiko a réalisé un dragon aux inspirations japonaises s’enroulant autour d’un arbre de vie : « Lorsque l’on m’a donné le nom de la cloche, je me suis penchée sur cette fameuse Pétronille. J’ai découvert qu’elle possédait une crosse sur laquelle se trouvait un serpent ou un dragon. J’ai donc repris ce symbole typique japonais et l’ai couplé à un arbre de vie, très présent dans la culture et les représentations chrétiennes. Je trouvais ce dialogue intéressant. » Pour elle, cette réalisation était une véritable première. « Je suis une artiste peintre. Là je pouvais à la fois graver la cloche ou ajouter de la matière, en ayant la contrainte de ne pas creuser de plus de 3 mm d’épaisseur et de ne pas ajouter plus de 3mm. Le décor a été réalisé sur une structure en cire qui est venue s’intégrer ensuite au moule où a été coulée la cloche. J’ai donc décidé de créer ce décor en peignant la cire. Cette matière était nouvelle, ce format aussi », explique-t-elle.

Des cloches accessibles

Les cloches prennent chacune place au sein de parc de l’Abbaye et sont placées dans des structures architecturales en bois, imaginée par Barreau et Charbonnet. « Ces alcôves de bois sont ouvertes en direction du clocher de l’Abbaye. Plus la note de la cloche est grave, plus les structures seront larges et basses et inversement. L’intérieur de la structure a été brulé afin de rappeler le moule dans lequel ont été fondues ces cloches. Lorsque l’on ouvre les moules, l’intérieur est complètement noirci », précise Emmanuel Morin. Pour l’abbaye, il s’agit d’un projet au long cours puisque la dernière cloche sera réalisée en 2025. Cela représente un budget total de 350 000 euros sur ces 6 années. Ces cloches resteront ensuite dans les jardins pour que les visiteurs puissent les approcher, les toucher et les entendre sonner (toutes les heures pour Aliénor et Richard et tous les quarts d’heure pour Pétronille). « C’est une chance formidable pour les visiteurs que de pouvoir observer ces géantes d’acier de près. Généralement elles sont placées dans les clochers et le public ne les revoit jamais. Le rêve de base était de replacer ces cloches dans le beffroi, mais cela représente des contraintes architecturales très complexes puisque celui-ci date du 13e siècle. Il faudrait absolument tout refaire pour accueillir les 6 cloches qui représentent plusieurs tonnes. Je ne pense donc pas qu’elles retourneront un jour là-haut », poursuit le directeur artistique. À noter que la cloche Aliénor ne fait que 300kg contre les plus de 900kg de Pétronille et de 1,6 tonne de Richard. La plus grosse fera 4,4 tonnes. Pétronille sera officiellement inaugurée lors du lancement de l’événement Pâques à Fontevraud, ce vendredi 8 avril.

Le saviez-vous ? L’ensemble de la cité monastique comptait autrefois jusqu’à 20 cloches, dont 6 principales dans le beffroi de l’Abbaye. une grande partie de ces cloches ont été démontées lors de la Révolution afin d’être refondues et transformées en pièces de monnaie. Sur ces 20 cloches, 3 existent encore aujourd’hui. Deux d’entre-elles se trouvent au sein de l’église de Fontevraud et une troisième se situe dans l’église de Cuon. Cette dernière est particulièrement abimée et fissurée. Elle se trouvait avant cela dans l’église Saint-Jean de l’Habit de Fontevraud, intégralement détruit et se situant au niveau de l’actuel cimeterre du bourg. A noter enfin qu’une cloche destinée à être utilisée a une durée de vie d’environ 250 ans, jusqu’à 350 si elle sonne peu. Autrefois, les boules de frappes étaient faites dans un acier plus dure que l’airain (bronze utilisé pour la composition des cloches), celles s’usaient alors plus vites. Aujourd’hui, les boules sont réalisées dans un acier plus mou que les cloches pour les abimer moins vite.

 

Commentaires 4

  1. Champion says:

    et Bim , 350 000 euros de plus dans l’Abbaye !

    On attends avec impatience ce que va dire le prochain rapport de la cour des comptes :))

    Vous (la rédaction) auriez pu titrer : « Quand les Ipads géant sont remplacés par des cloches  »

    Bravo à l artiste en tout cas ,son travail est magnifique et elle n est pas responsable de la gabegie .

  2. Florentais says:

    Bonsoir. C est beaucoup et peu à la fois. Le travail de la fonderie est magnifique. La sculpture également. On a du mal à entretenir le patrimoine. Ici on pose des cloches dans le jardins…….

  3. Pierrot DES PINS says:

    si seulement elle avait été fabriquée en chocolat les citoyens auraient eu un morceau le jour de Pâques en organisant une grande fête des cloches

  4. Nicolas Sirkoncy says:

    D’après le titre, j’ai cru que c’était encore Castex, Véran ou St Paul en ballade dans le coin…

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