Histoire locale. Le Château de Vaujours : témoin de toutes les époques

Leurs silhouettes se dessinent à travers les arbres et semblent vouloir rappeler le faste d’un autre temps. Situées dans un hameau près de Château-la-Vallière à l’ouest de la Touraine et non loin de Noyant-Villages, les ruines du Château de Vaujours, élancées et mystérieuses, se visitent depuis 2011. Ici, à l’ombre des vieilles pierres, on peut se laisser conter une fabuleuse histoire, celle de la renaissance d’un site, enseveli sous la végétation pendant des décennies. Découverte de la plus grande ruine médiévale d’Indre-et-Loire.

En 1418, Jean V de Bueil reçoit de son oncle Hardouin, alors évêque d’Angers, à la seigneurie de Vaujours qui dépend de la province d’Anjou. Celui qu’on surnomme « le fléau des anglais » combat à plusieurs reprises aux côtés de Jeanne d’Arc, qu’il accompagne jusqu’à Reims pour le sacre de Charles VII en 1429. En 1444, il sert en Suisse et en Allemagne aux côtés du dauphin Louis de France, futur Louis XI, avant de recevoir la charge d’Amiral en 1450. Militaire aguerri et fin stratège, Jean V de Bueil érige un château sur un tertre au milieu d’un étang à Vaujours et en fait une place forte imprenable, avec des douves, des bastions avancés et une fortification unique. C’est ici qu’il accueillera Louis XI en août 1469, avant d’être nommé conseiller et chambellan du monarque. Le roi de France, qui résidait régulièrement dans son château de Plessis-lès-Tours à La Riche, fait de Vaujours un pied-à-terre lors de ses visites à sa demi-sœur, Jeanne de France, fille légitimée de Charles VII et Agnès Sorel, et épouse d’Antoine, fils de Jean V de Bueil.

Grandeur et décadence

Le château et les seigneuries attenantes demeurent dans la famille de Bueil jusqu’au XVIIe siècle. En 1666, Louis XIV achète Vaujours à Renée de Bueil, dame de Chasteaux, et l’érige en duché-pairie (fief propre aux ducs et aux paires) au profit de sa maitresse, Françoise-Louise de La Baume Le Blanc (plus connue sous le nom de Louise), à qui il confère le titre de duchesse de la Vallière et de Vaujours. Il s’agit là du cadeau de la disgrâce pour l’ancienne favorite à qui le roi préfère désormais la piquante et enjouée Madame de Montespan. Recluse, Louise de la Vallière se tourne vers la religion et entre au couvent en 1675. Le duché-pairie est transmis à sa fille légitimée, Marie-Anne de Bourbon, puis à son cousin, jusqu’au rachat, en 1815, par un noble anglais, Sir Thomas Stanhope Holland, qui la même année, se porte acquéreur d’un autre château à proximité : le Vivier des Landes. Longtemps, on murmure en Castelvalérie que cet acte d’achat a signé la fin de la splendeur de Vaujours : démontée pierre par pierre, la forteresse aurait été utilisée comme carrière à ciel ouvert pour embellir le château voisin, plus connu aujourd’hui sous le nom de « Château des Sept Tours ». Cependant, des recherches récentes tendent à prouver qu’il n’en serait rien, relançant ainsi le mystère qui entoure la destruction du site.

La renaissance de Vaujours

Laissés à l’abandon pendant de nombreuses années, les vestiges du château de Vaujours vont peu à peu reprendre vie dans la seconde moitié du XXe siècle. Classé au titre des monuments historiques le 26 janvier 1989, le site est aujourd’hui une demeure privée, ouverte au public depuis 2011. Le temps d’une visite guidée, le faste passé du château vous est conté par le propriétaire actuel, Antoine Pilette, armé de gravures d’époque. Dans l’enceinte médiévale, jalonnée de nombreuses tours, on découvre les restes du donjon, de la chapelle castrale et du logis seigneurial, édifié au XVe siècle. C’est un site hors du temps, que l’on partage avec la végétation, dans lequel on peut se restaurer à la terrasse du salon de thé, dans une ambiance romantique et champêtre. Ce décor exceptionnel, véritable théâtre de verdure, est également un lieu de rencontres et de spectacles. L’association « Les Amis du Château de Vaujours » y organise régulièrement des concerts, des pièces, mais également un rassemblement soutenu par le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire : Vaujours Rétro. Le 4e dimanche de chaque mois, 80 voitures anciennes sont exposées dans la cour du Château. Preuve que ce site jongle à merveille avec les époques, Vaujours accueillera également prochainement une grande exposition de caravanes Vintage. Avis aux curieux : que vous soyez féru d’histoire, friand de culture ou amateur de belles cylindrées, le Château de Vaujours saura vous séduire.

Pour aller plus loin : https://www.touraine-actualites.fr/actualites-departementales/culture/actualites-culturelles/le-chateau-de-vaujours-temoin-de-toutes-les-epoques.html

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