Histoire locale. Le cinéma en Anjou : de la fin du 19e à la première guerre mondiale 1/2

Aujourd’hui, le Kiosque vous propose une séance sur l’histoire du cinéma en Anjou. Il a fait son apparition comme ailleurs en France à la fin du 19e siècle et s’est ancré dans chacune des époques. En voici un premier épisode grâce aux informations des archives départementales de Maine-et-Loire.

« Nous apprenons que Monsieur Gasnault, propriétaire du Café du Théâtre, vient de louer sa salle du premier étage à Messieurs Lumière, de Lyon, qui obtiennent en ce moment à Paris et dans toutes les capitales de l’Europe, un succès considérable avec leur appareil de cinématographe. Cet appareil, d’après une série de photographies instantanées, reproduit en les projetant sur un écran grandeur naturelle, toutes les personnes prenant part aux scènes de la vie en leur donnant le mouvement réel. Nous croyons prédire un grand succès à ce spectacle inconnu ici, et nous félicitons Monsieur Gasnault de nous donner cette attraction toute d’actualité. » C’est ainsi qu’Angers apprend, dans les colonnes du Petit Courrier, le 22 juin 1896, qu’un événement se prépare : le cinéma est là ! Tous les soirs désormais, de huit heures et demie à minuit et, en matinée, les jeudis et dimanches, pour un franc d’entrée, les Angevins applaudissent les scènes devenues célèbres de l’arroseur, du concours hippique, des bains de mer ou des querelles de bébé. Ce premier succès fut tel que la projection se prolongea jusqu’au 6 août et ne quitta les lieux que pour mieux revenir, au gré des spectacles, des cirques et des foires.

Cafetiers et forains

Car le cinéma des premiers temps est d’abord un art populaire. Son premier répertoire est le documentaire – les opérateurs des frères Lumière viennent filmer, en 1898, le carrousel de Saumur. Mais, très vite, le public réclame des films de fiction, et des hommes de scène, comme Georges Méliès, en relèvent le défi. La création des premières sociétés de production, celles de Charles Pathé et Léon Gaumont, révolutionne à l’aube du siècle, la diffusion du film ; la pratique de la location, que Pathé instaure en 1907, achève d’en favoriser l’exploitation. En province, les cafetiers et les forains sont les premiers relais : le café du Ralliement, le Grand Hôtel, le café du Boulevard, situé Boulevard de Saumur, installent leurs tréteaux en terrasse ou même sur la voie publique. En 1907, la Compagnie des tramways électriques adresse au maire d’Angers une protestation véhémente : les spectateurs, venus assister aux séances projetées sur des toiles tendues place du Ralliement, risquent à tout moment de provoquer des accidents en installant leurs sièges sur les rails du tramway.

Le reste du département n’a pas tardé à connaître à son tour la joie des séances animées. À Cholet, à Saumur, les cafetiers ont ouvert leurs portes. Le cinéma s’installe jusque sur les places des villages. C’est en visitant l’exposition Universelle de 1900 qu’un habitant de Saint-Georges-sur-Loire, Joseph Pageot, a l’idée de fabriquer quatre roulottes sur roues ferrées, tirées par deux tracteurs. Ainsi de 1901 à 1933, le cinéma Pageot sillonne-t-il les routes du département, laissant dans la mémoire des Angevins un souvenir durable : pour six à quinze sous, l’on prend place sous une longue tente sur des gradins de bois. Un lot de films acheté une fois l’an à Paris permet de projeter un spectacle quotidien, renouvelé chaque jour durant une semaine : le temps de séjour moyen dans chaque pays traversé, après quoi la caravane s’ébranle vers un autre triomphal succès.

Le cinéma s’installe

Alors que s’ouvre la grande guerre, le cinéma quitte les tréteaux pour les salles obscures. D’attraction, il devient un art à part entière, lorsque le public découvre les productions de Paul Laffitte (« l’assassinat du duc de Guise ») ou d’Adolf Zukor (« la reine Élisabeth », avec Sarah Bernhardt). Les Angevins s’y pressent, dans la salle du Pathé, rue Saint-Denis, dont le directeur est monsieur Marcovici, également instigateur de célèbres tournées. Bientôt s’ouvrent les Variétés, boulevard de Saumur, à l’initiative de l’industriel Joubert, salle dont l’installation décidée dès 1913 est retardée de deux ans par l’entrée en guerre. À Saumur et Cholet, les salles de ciné-théâtre, qui s’aménagent dès 1915 préfigurent les réseaux de l’entre-deux guerres. Le cinéma occupe aussi le théâtre et même le cirque-théâtre, place Molière. Il est, pour ces établissements durement touchés par la guerre, une source de revenus providentielle. En 1916, alors que la France en bleu horizon pleure ses morts, le Grand Théâtre d’Angers encaisse 194 329,70 francs de recettes pour les seules séances de cinéma, alors que les représentations théâtrales en ont rapporté à peine la moitié. Il est vrai que madame Coste, épouse du directeur, ne ménage pas sa peine : en l’absence des artistes elle passe les films. Elle assure le bruitage, seule, et chante également. À l’entracte, l’orchestre du théâtre donne un intermède musical. À ces séances récréatives s’ajoutent des séances plus conformes à la dureté des temps : le cinéma Marcovici projette des films à l’hôpital pour distraire les soldats mutilés revenus du front, tandis que les familles découvrent sur l’écran, à travers les premiers reportages de guerre, l’horreur des tranchées.

Source : https://archives.maine-et-loire.fr/decouvrir-et-apprendre/parcourir-lhistoire-de-lanjou/le-premier-siecle-du-cinema-en-anjou

Commentaires 3

  1. baugé guy says:

    le cinéma le Familial a Bagneux appartenant a la paroisse situé avant la menuiserie Cailleaud rue du pont Fouchard dans les années 50 – 60

  2. baugé guy says:

    LE CINEMA LE FAMILIAL A BAGNEUX 49400 DANS LES ANNEES 50- 60 APPARTENANT A LA PAROISSE A COTE DE L’ECOLE STE ANNE AVEC LA FANFARE LA GAULOISE DE BAGNEUX

  3. Florentais says:

    Bonjour. Merci pour l article. J ai voyagé dans le temps……
    Merci

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