Histoire locale. Zoom sur le char Tigre 114 du musée des Blindés

Le Musée des Blindés de Saumur s’est engagé dans un vaste chantier de restauration d’un authentique et très rare (dans cet état) char Tigre 1. Un char allemand de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, ce char Tigre 114 a la particularité d’avoir servi plus longtemps sous les couleurs françaises qu’allemandes !

Imaginés dès 1937, les premiers chars sd.kfz 181 sont envoyés au front en 1942 pour se battre dans le secteur de Leningrad, où en 1943, il effectue son baptême du feu et reçoit son nom de TIGRE. Très avancé techniquement, armé d’un puissant canon de 88 mm, le char Tigre I est également doté d’un important blindage (entre 80 et 100 mm d’épaisseur) le protégeant contre la grande majorité des armes antichars de l’époque. Sur les champs de bataille, il domine très largement le Sherman américain ainsi que ses équivalents britanniques et soviétiques. Submergés par les Alliées lors du débarquement en Normandie, les 45 chars Tigre alignés par les Allemands ne suffisent pas. Mais certaines actions, comme celles menées par Michael Wittmann sur son Tigre I, parachèvent la réputation de ce char, considéré comme l’un des meilleurs engins blindés de toute la Seconde Guerre mondiale.

Zoom sur le char Tigre du musée des Blindés

Le Tigre du musée est engagé en Normandie à partir du 7 juillet 1944. Il combat les Anglais dans les secteurs de Vire puis de Falaise et de Vimoutiers. Dans la nuit du 19 au 20 août, le Tigre essaye de forcer l’encerclement dans lequel se trouve les forces allemandes. Alors qu’il fuit l’encerclement de la poche de Falaise, il entra en collision avec un autre Tigre à pleine vitesse. Arrêté par le choc, l’équipage est en partie fait prisonnier et le Tigre 114 est abandonné sur le bord de la route. Il n’aura donc servi que quelques mois sous bannière allemande. Le lieutenant de cavalerie Guy Besnier des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), du premier Groupe de reconnaissance mobile (1er GMR), récupère le Tigre début 1945. Avec 14 autres chars abandonnés par les Allemands, le Tigre est remis en état de marche par les mécaniciens du 1er GMR et l’ensemble constitue un escadron complet. Baptisé « Bretagne », le char Tigre peut désormais servir la France. Début mars 1945, fort de ses nouveaux blindés, le 1er GMR devient l’escadron autonome de chars Besnier. Cet escadron participe avec efficacité à la réduction de la poche de Saint-Nazaire, aux côtés des autres unités d’infanterie et d’artillerie, toutes issues des FFI. Le 8 juin 1945, l’escadron est affecté au 6ème régiment de cuirassiers, en partance pour prendre garnison en Allemagne, le Tigre est rebaptisé à cette occasion « Colmar ». Mais sa carrière ne s’est pas arrêtée avec la dissolution de son unité. Il poursuit sa vie comme « char laboratoire », où il est finement étudié et testé pour permettre aux ingénieurs français de rattraper le retard technologique accumulé pendant les quatre longues années d’occupation. Le Tigre termine donc sa carrière militaire dans les années 1950, en réalisant des évaluations techniques à Satory, près de Paris. Repéré par le fondateur du Musée des Blindés, Michel Aubry, il fut évidemment l’un des premiers chars à être mis à l’abri avec tout le respect dû à un valeureux combattant de la Nation. En 1968, il est versé à la collection du musée des Blindés de Saumur sans jamais avoir subi de reconstruction ou de réfection profonde, ce qui fait de lui le char Tigre le plus authentique connu au monde.

Pour aller plus loin : Découvrez l’exposition temporaire « Le Tigre à Cœur Ouvert » du musée des Blindés de Saumur. Pour en savoir plus, relire notre article.

 

Commentaires 1

  1. Xavier PECHENART says:

    Le musé de l’arme blindée à SAUMUR est un trésor de machines diverses dont il faut lire les descriptions.
    Le traverser sans s’arrêter est dommage. Ce sont des machines de guerre mais c’est aussi notre histoire.

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