Ils, elles sont passé(e)s par Saumur : Chronique de Gino #18 : Ernest Beulé « L’archéologue de l’Acropole » (1826-1874)

Cette rubrique bi-mensuelle du dimanche, orchestrée par Gino Blandin, auteur saumurois et président de la Société des Lettres de Saumur, se propose de brosser le portrait des personnalités qui, au fil du temps, sont venues à Saumur au cours de leur existence. Aujourd’hui : Ernest Beulé « L’archéologue de l’Acropole » (1826-1874)
Charles-Ernest Beulé (1826-1874) - Photographie d’Eugène-Léon Appert (1830-1905)

Charles-Ernest Beulé voit le jour à Saumur le 29 juin 1826 dans l’ancienne raffinerie de sucre à l’angle des rues du Pavillon et des Carabiniers de Monsieur. Son père, François Beulé-Laurent, entrepreneur des fourrages de l’Ecole de cavalerie, brasse d’importantes affaires, mais fait faillite en 1843.
Le petit Charles-Ernest suit les cours de l’Ecole mutuelle, puis ceux du Collège communal, mais, dès l’âge de 9 ans, il est envoyé à Paris, au collège Rollin dans le 9ème arrondissement. C’est un garçon très brillant qui se retrouve à l’Ecole Nationale Supérieure de la rue d’Ulm à Paris de 1845 à 1848. Il décroche sans difficultés l’agrégation de Lettres et devient professeur de rhétorique au collège de Moulins. Il n’y reste pas longtemps car il est bientôt nommé membre de l’Ecole française d’Athènes. Il accepte sans trop savoir en quoi consistent ses futures fonctions. Pas vraiment certain d’avoir fait le bon choix, il se rend à Athènes à reculons, ce qui lui vaut un blâme du ministre de l’Instruction publique.
Beulé est alors chargé de rédiger un mémoire sur l’Acropole d’Athènes. A cette époque, le site n’a pas encore révélé toutes ses richesses. Avec une petite équipe, le jeune homme entreprend des fouilles. Il aura même un moment le jeune Charles Garnier comme collaborateur, l’architecte du futur Opéra de Paris. Les fouilles sont un succès. On attribue à Beulé la découverte de l’escalier d’accès aux Propylées. Une plaque de marbre est érigée pour commémorer son exploit. De nos jours, on peut toujours emprunter « The Beulé Gate ». Il publie alors plusieurs ouvrages qui assoient sa réputation.
Rentré à Paris, on le nomme à la chaire d’archéologie de la Bibliothèque nationale. Les années entre 1854 et 1860 sont celles où il gravit une à une les marches de la carrière académique qui vont faire de lui, à moins de quarante ans, une sommité de l’archéologie et des arts. En 1859, il entreprend une campagne de fouilles à Carthage en Tunisie. L’année suivante, il est élu à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il prononcera l’éloge funèbre de son ami, le peintre Ingres.
Tout semble réussir à cet homme, mais deux affaires vont venir contrarier son ascension. Toutes deux naissent d’initiatives autoritaires de Napoléon III. Pour des raisons politiques, celui-ci lance un ensemble de réformes visant l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Beulé y est opposé et, en tant que secrétaire perpétuel, il se retrouve en première ligne de la fronde. L’empereur ne cède pas. La seconde affaire concerne les gisants de Fontevraud que Napoléon III décide d’offrir aux Anglais pour faire plaisir à la reine Victoria. A nouveau, Ernest Beulé est contre. Dans ce second dossier, le pouvoir recule et les gisants retournent à l’abbaye de Fontevraud alors qu’ils étaient déjà arrivés gare du Nord à Paris en partance pour l’Angleterre.
Après la défaite de Sedan, Beulé se lance dans la politique. En février 1871, il est élu député du Maine-et-Loire sur la liste monarchiste du comte de Falloux. Deux ans plus tard, à la chute de Thiers, il entre dans le gouvernement de Mac-Mahon. Premier des ministres de l’Intérieur de l’Ordre moral, il se veut être un homme à poigne. Dès les premières semaines de son ministère, il révoque de nombreux préfets, s’attirant les critiques de l’opposition, mais c’est dans son combat pour mettre au pas la presse républicaine qu’il essuie les échecs les plus retentissants et se forge une réputation d’incompétence. Suite à un remaniement ministériel, en 1873, il est évincé du gouvernement.
Déprimé et malade, Ernest Beulé mettra fin à ses jours dans la nuit du 3 au 4 avril 1874 en se poignardant dans sa chambre. La famille fait croire à une rupture d’anévrisme. Quelques jours plus tard, de somptueuses funérailles, célébrées par son ami monseigneur Emile Freppel, évêque d’Angers, se déroulent en l’église de Saint-Germain-des-Prés à Paris en présence d’un grand nombre de ministres, députés et savants. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise.
Aujourd’hui, à Saumur, dans le quartier des Violettes, une rue porte son nom.

Bibliographie :
– DENECHEAU Joseph-Henri – https://saumur-jadis.pagesperso-orange.fr
– BILLARD Yves et CHANDEZON Christophe, Ernest Beulé (1826-1874), Archéologie classique, histoire romaine et politique sous Napoléon III – Open Edition Journals

Commentaires 1

  1. Jean says:

    Merci : nous sommes fiers d’avoir une trace sur l’Acropole…

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