« Ils-elles sont passé(e)s par Saumur », la chronique de Gino #15 : Marguerite Bellanger, « La dernière favorite » (1838-1886)

Cette rubrique bi-mensuelle du dimanche, orchestrée par Gino Blandin, auteur saumurois et président de la Société des Lettres de Saumur, se propose de brosser le portrait des personnalités qui, au fil du temps, sont venues à Saumur au cours de leur existence. Aujourd’hui : Marguerite Bellanger, « La dernière favorite » (1838-1886)
Buste de fantaisie de Marguerite Bellanger par Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1868) (Photo Musée national du palais de Compiègne)

Julie Leboeuf, de son vrai nom, est une femme d’une grande beauté qui, à son époque, a défrayé la chronique mondaine du second empire. D’origine très modeste, elle voit le jour à Saint-Lambert-des-Levées, rive droite, face à Saumur. Son père, François Leboeuf, est pêcheur sur le fleuve au port Lambert. Sa mère, Julie Anotte, femme au foyer, est originaire de Gennes.
Nombre d’auteurs et de journalistes ont raconté ses débuts dans la vie et son exceptionnelle ascension sociale. Dorénavant, il est bien difficile de faire la part de ce qui est vrai et de ce qui est faux dans toute cette littérature. Sans garantie, nous raconterons, à notre tour, l’histoire de cette courtisane.
Apparemment, la famille Leboeuf se déplace vers la grande ville de Nantes. Là, la jeune fille devient une grisette dans le quartier du Théâtre Graslin. Ayant épuisé les plaisirs nantais, elle se résout à monter à Paris, capitale des théâtres, bals et plaisirs divers. C’est alors qu’elle aurait pris le nom de Marguerite Bellanger, « Margot » pour les intimes.
Très élégante, elle ne tarde pas à faire partie du « Tout Paris ». On la voit en tous lieux, dans les salons, les expositions, aux courses… Elle se lance dans le théâtre sans grand succès. C’est en 1863 qu’elle fait une rencontre décisive : celle de l’empereur Napoléon III. Il existe plusieurs versions de cet événement. Cette même année, en juin, l’empereur et Marguerite Bellanger se montrent ensemble en public à Vichy. Elle est devenue une célébrité parisienne. L’empereur lui offre un hôtel particulier au n° 1, rue des Vignes à Passy.
Tout va se compliquer quand Marguerite va mettre au monde un petit garçon le 24 février 1864. Une question va se poser aussitôt : Napoléon III en est-il le père ? Officiellement, l’enfant est abandonné, il n’a ni père, ni mère. Des doutes existent également sur l’identité réelle de la mère. Marguerite aurait fait une fausse couche mais aurait simulé un accouchement sur ordre de l’empereur pour dissimuler le fait que le bébé n’était autre que l’enfant de la fille du baron Haussmann, elle aussi enceinte de l’empereur ! Aujourd’hui, il semble admis que le garçon, Charles Leboeuf (1864-1941) était bien le fils illégitime de l’empereur.
En 1870, les événements prennent une mauvaise tournure pour Napoléon III. Battu par les Prussiens à Sedan, il est capturé. La même année, Marguerite, qui a été révoquée, épouse le capitaine William Lewis Kulbach à Londres. Elle se retire dans son château de Villeneuve-sous-Dammartin en Seine-et-Marne, cadeau de l’empereur, où elle meurt le 23 novembre 1886 à l’âge de quarante-huit ans. La cérémonie religieuse aura lieu quatre jours plus tard en l’église Saint-Pierre-de-Chaillot. Elle repose au cimetière du Montparnasse.

La famille de Julie Leboeuf a tiré profit de ses largesses. Avec l’héritage de sa sœur, son frère Jules s’est fait construire une belle maison à Brain-sur-Allonnes, c’est aujourd’hui la mairie.
Dans le film Nana (1955) de Christian-Jaque, Marguerite Bellanger apparaît sous les traits de l’actrice Nicole Riche.

Bibliographie :
– Encyclopédie Wikipédia
– GOURDIN Pierre, Marguerite Bellanger (1838-1886), favorite de Napoléon III, in Bulletin n° 167 de la Société des Lettres, Sciences et Arts du Saumurois, Saumur, mars 2018
– FAUCOU Anne, Marguerite Bellanger (1838-1886), texte de conférence donnée en 2016

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