« Ils-elles sont passé(e)s par Saumur », la chronique de Gino #6 : Moïse Amyraut, « le patron de l’Académie protestante »

Cette rubrique bi-mensuelle du dimanche, orchestrée par Gino Blandin, auteur saumurois et président de la Société des Lettres de Saumur, se propose de brosser le portrait des personnalités qui, au fil du temps, sont venues à Saumur au cours de leur existence. Aujourd’hui : Moïse Amyraut, "le patron de l’Académie protestante" (1596-1664)
Le portrait de Moïse Amyraut gravé par Pierre Lombard d’après un tableau de Philippe de Champaigne (Cliché Wikipédia)

Moïse Amyraut naît à Bourgueil en 1596, en pleines Guerres de Religion, dans une famille aisée. Il fait ses études à l’Ecole de droit de Poitiers. Une brillante carrière dans ce domaine s’annonce pour lui, mais, à l’issue de la lecture de L’institution chrétienne de Calvin, il y met un terme pour se consacrer à la théologie. En 1618, il se rend à l’Académie protestante de Saumur fondée par Philippe Duplessis-Mornay, laquelle connaît une grande renommée dans toute l’Europe réformée. Il devient l’élève de John Cameron, un théologien protestant écossais, avant d’acquérir à son tour le titre de professeur.
Nommé député de la province d’Anjou au synode national de Charenton, il présente ses remerciements au roi Louis XIII pour avoir accordé la permission aux Eglises réformées de s’assembler. Néanmoins, il refuse de s’agenouiller devant le monarque comme l’exigeait le cardinal Richelieu. On rapporte que ce dernier fut fort impressionné par le personnage et nourrit ensuite beaucoup d’estime pour lui, allant jusqu’à le consulter pour un projet de réunification des deux églises.
Amyraut est nommé recteur de l’Académie de Saumur en 1639, puis principal l’année suivante. Alors qu’on le dit homme de caractère doux et affable, il est durant toute sa carrière en butte contre des opposants qui l’accusent de doctrines oubliées de nos jours. La théologie dite « doctrine de Saumur » que défend Amyraut, appelée aussi « universaliste », soutient que la grâce est acquise en principe à tout le genre humain.
Toute sa vie, il lutte sans vergogne. Fortuné, il abandonne à l’Académie de Saumur ses traitements de professeur et lègue même, par testament, trois mille livres tournois.
Pasteur, théologien, moraliste et prédicateur, il s’éteint à l’âge de soixante-neuf ans à Saumur « regretté des Protestants et estimé des Catholiques ».
Un médaillon de bronze, apposé à Bourgueil en 1928 à l’entrée des halles, rappelle son souvenir.

Bibliographie :
PORT Célestin, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine & Loire, Siraudeau, Angers, 1965
METEYER L.-J. L’Académie protestante de Saumur, « La Cause », Paris, 1933

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