« Ils-elles sont passé(e)s par Saumur », la chronique de Gino #8 : Marguerite d’Anjou (1430-1482)

Cette rubrique bi-mensuelle du dimanche, orchestrée par Gino Blandin, auteur saumurois et président de la Société des Lettres de Saumur, se propose de brosser le portrait des personnalités qui, au fil du temps, sont venues à Saumur au cours de leur existence. Aujourd’hui : Marguerite d'Anjou, « la plus malheureuse des reines, des épouses et des mères » (1430-1482).
Marguerite d’Anjou et son fils, le prince Edouard - Statue de Ferdinand Taluet dans le jardin du Luxembourg à Paris - Photographie Wikipédia

La vie de Marguerite d’Anjou ne fut pas un long fleuve tranquille, c’est le moins que l’on puisse dire. Fille du bon roi René, elle naît sans doute à Pont-à-Mousson le 23 mars 1430. De par sa naissance, elle est donc petite fille de Yolande d’Aragon, nièce du roi de France Charles VII et cousine germaine du futur roi Louis XI.

En 1445, afin de conclure la paix avec l’Angleterre, Charles VII organise le mariage de Marguerite d’Anjou (elle a 15 ans) avec le roi d’Angleterre Henri VI. La cérémonie est célébrée dans la cathédrale de Westminster. On cache au parlement anglais l’absence de dot de Marguerite et la récupération par la France de l’Anjou et du Maine.
Très vite, les choses se gâtent. La cour d’Angleterre est sans cesse l’objet d’intrigues et de complots entre les grandes familles anglaises (ce qui fera ensuite le bonheur du dramaturge William Shakespeare). On va appeler cet épisode la guerre des Deux-Roses. Elle est nommée ainsi en référence au conflit entre la famille de Lancastre dont l’emblème était la rose rouge et la famille de York dont l’emblème était la rose blanche. Cette guerre civile va durer de 1455 à 1485.

Dès 1453, la reine Marguerite va voir sa position affaiblie par les crises de démence de son mari Henry VI (à l’image de celles qu’avait connues son grand-père le roi de France Charles VI). Richard, le duc d’York, en profite pour tenter d’écarter la reine et ses alliés du pouvoir.
Le 13 octobre 1453, Marguerite met un enfant au monde : on l’appellera Edouard de Westminster, mais on soupçonne qu’il n’est pas le fils du roi, mais celui du duc de Somerset.

En 1455, sous la menace du clan York, la famille royale doit quitter Londres. La question du conflit est la suivante : qui du duc d’York ou du jeune fils de Marguerite succédera à Henri sur le trône ? En attendant, le duc se fait proclamer roi d’Angleterre sous le nom d’Edouard IV.
Suite à d’interminables batailles, Henri VI et sa petite famille s’enfuient en Ecosse. Il se raconte qu’après avoir été vaincue par Edouard IV, la reine et son fils, perdus dans une forêt, doivent la vie sauve à une bande de brigands. A la suite de cet incident, ils se réfugient en France.
De 1463 à 1470, Marguerite et son fils vivent en Lorraine, mais elle rêve de remettre son mari sur le trône afin que son fils puisse prétendre à la succession et permettre ainsi à la maison de Lancastre – à laquelle il appartient – de continuer à régner.
Edouard IV rentre en conflit avec Warwick. Ce dernier remet sur le trône Henri VI, mais celui-ci est usé par ses crises de démence et ses années passées en prison. En 1471, Edouard IV revient en force, tue Warwick et défait l’armée des Lancastre. Marguerite d’Anjou est capturée tandis que son fils est tué durant la bataille.

La pauvre souveraine se retrouve en prison dans la Tour de Londres. Son époux meurt le 21 mai 1471, probablement assassiné par Edouard IV. Pour la libération de Marguerite, on demande à son père, le bon roi René, de payer une rançon de 50 000 écus qu’il est bien incapable de réunir. Louis XI, roi de France, accepte alors d’avancer l’argent à condition que René lui cède son duché à sa mort.
Marguerite recouvre la liberté le 29 janvier 1476 et rentre en France. Il semblerait que ce soit François de la Vignolle, ancien écuyer de René d’Anjou et gentilhomme de Souzay, qui lui offre l’hospitalité dans son manoir de Dampierre près de Saumur.
Marguerite meurt en août 1482 à l’âge de 52 ans. Sa dépouille rejoint celle de son père, décédé deux ans auparavant, dans le tombeau qu’il s’était fait construire dans le chœur de la cathédrale d’Angers.

Femme active, Marguerite d’Anjou a fondé le Queens’ College de l’Université de Cambridge en Angleterre en 1448.
Une statue de Marguerite d’Anjou avec son fils Edouard se trouve dans le jardin du Luxembourg à Paris. Elle date de 1887 et est l’œuvre du sculpteur Ferdinand Taluet.
Une autre statue, en pierre, de Marguerite d’Anjou se trouve à Angers, place de la Visitation. Elle est l’œuvre de Paul Belmondo (1949). L’œuvre originale avait été réalisée en 1901 grâce à un legs de 16 000 F de Giffard. La statue en bronze avait été réalisée d’après la statuette de David d’Angers pour le monument du roi René. Elle a été fondue en 1942 sous le régime de Vichy.

Bibliographie :
– Wikipédia, l’Encyclopédie libre
– M. l’Abbé Prévost Antoine-François, Histoire de Marguerite d’Anjou, reine d’Angleterre, Amsterdam, 1740, Bibliothèque nationale de France, département Littérature et Art, Y2 60546

Commentaires 2

  1. Papyque says:

    Entre le château de Morains à Dampierre et le « bijou » de château de Souzay, lequel a été, la demeure de Marguerite?

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