Justice. Dix anciens instituteurs « oubliés » par l’Education nationale et victimes de « discrimination » salariale en appellent à la justice

Dix professeurs des écoles venus de Nantes, Clisson, Gorges et Mesquer (Loire-Atlantique), Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), Brétignolles-sur-Mer (Vendée), Champfleur et Aigné (Sarthe) et Laval (Mayenne) ont demandé à la justice, ce mardi 10 octobre 2023, de faire cesser la "discrimination" dont ils font l'objet.

Les requérants font partie du collectif national des 1.300 anciens instituteurs « Oubliés » par l’Education nationale lors de la création du corps des « professeurs des écoles » en 1990, a expliqué à l’audience leur avocat Me Bertrand Salquain : ils estiment avoir été lésés dans la prise en compte de leur ancienneté par rapport aux nouveaux « professeurs des écoles ».
L’avocat – qui gère à lui seul 247 requêtes déposées dans trente-deux tribunaux administratifs français – a ainsi entamé « un tour de France » des juridictions administratives pour inviter les juges à « bousculer la jurisprudence » naissante sur le sujet.
Mais le rapporteur public, dont les avis sont souvent suivis par les juges, a proposé de rejeter la requête « mal fondée » de ses clients : il estime que le Ministre de l’Education nationale n’a commis « aucune erreur manifeste d’appréciation » en rejetant « implicitement », par son silence, les « demandes d’explications » et de « reconstitution de carrière » qu’ils avaient faites.

« Une bombe à retardement pour les finances publiques »

Le magistrat a cité pour cela une jurisprudence de la cour administrative d’appel de Lyon, qui est « le premier juge d’appel » à s’être prononcé sur la question en février 2023 et qui a débouté une ancienne institutrice.
Les dix enseignants « ne se prévalent d’aucune liberté à laquelle il aurait été porté atteinte », a-t-il souligné. Il n’y a donc pas lieu de saisir la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH), alors que les requérants considèrent pourtant que le décret de 1990 est une « entorse au droit communautaire » et au « principe d’égalité de traitement » entre les citoyens.
Me Bertrand Salquain (Atlantique Avocats Associés) a pour sa part fait savoir que « le Conseil d’Etat est saisi » à présent de cette question qui « peut être une bombe à retardement pour les finances publiques ». « Mais vous n’êtes pas les garants des finances publiques : vous êtes les garants du droit », a-t-il lancé aux trois juges du tribunal administratif de Nantes.
Le décret de 1990 répond selon lui à « une stratégie délibérée dès le départ » du gouvernement : pour « répondre au déficit de recrutements » déjà existant à l’époque, le ministère de l’Education nationale avait eu recours à cet « artifice juridique » pour « augmenter le salaire des enseignants » tout en « sous-payant les instituteurs déjà en poste qui ont formé les suivants ».

« Ils se sont fait la promesse d’aller jusqu’au bout »

« Ils se sont fait la promesse d’aller jusqu’au bout pour faire cesser cette discrimination salariale et cette inégalité de traitement », a prévenu l’avocat des dix enseignants, dont une partie étaient présents à l’audience. « On ne peut pas payer différemment des gens qui font les mêmes tâches », a-t-il répété aux trois juges nantais.
Le tribunal administratif de Nantes, qui a mis ses jugements en délibéré, rendra ses décisions sous un mois environ.

Parmi les requérants, se trouvent Blandine Doucet (Montreuil-Bellay), Karine Lusseau (Nantes), Marc et Rachel Henry (Laval), Véronique Commauche (Champfleur), Florence Thominé (Gorges), Béatrice Coutray de Pradel (Brétignolles-sur-Mer), Annick Vitse (Nantes), Sophie Roquet (Mesquer), Carole Goulvent (Aigné) et Rose-Marie Grivat de Kerstrat (Clisson).

Commentaires 16

  1. Saint Honoré says:

    Bonjour,
    Je me sens concerné par cet article. Patrick, 16 ans instit’ avec une carrière marquée par le sceau « instit' ». Plus lente que les collègues profs. Avec le sentiment désagréable d’être pendant des années un « sous » quelque chose.

  2. Azoulay says:

    Bonjour,
    Je suis aussi concernée par ce statut.
    À qui dois je m’adresser pour faire valoir mes droits et me rajouter à cette liste ?
    Francine

    • Nelly says:

      Tout a fait d’accord avec ces instits J’ai été rétrogradée du 9eme au 6eme échelon en passant prof des écoles à l’ancienneté. Il a fallu 10 ans pour atteindre à nouveau le 9eme échelon et le 10eme en fin de carrière. J’ai fait une croix sur la hors classe, malgré un avis excellent en rendez-vous de carrière. La pension est bien maigre. Quelle injustice. Qu’on fait les syndicats pour nous défendre?

  3. Boschet says:

    Je suis de cette promo et je suis dégoûtée par ce manque de reconnaissance de notre hiérarchie . Même travail mais pas payée pareil. Je soutiens ces enseignants merci à eux pourvu que ça marche . Je devrais être à la retraite dans 2 ans ( 57 ans) je suis passée PE donc j’ai été rétrogradée j’ai perdu du salaire et en plus je dois aller jusqu’à 64 ans !!!! Je suis écœurée !!! J’espère qu’ils vont gagner .

    • Delin Yannick says:

      Si vous avez été instit plus de 15 ans, contactez votre gestionnaire de retraite afin de demander le maintien du bénéfice de l’âge de départ en retraite à 62 ans. Ça change pas mal de choses d’après des collègues qui en ont fait la demande.

  4. Peru says:

    Je suis aussi dans la même situation. Je fais le même boulot que mes collègues qui sont plus jeunes que et qui ont un salaire supérieur au mien.
    Valérie

  5. Frey Philippe says:

    Philippe 67, ai également subi ce traitement inéquitable, renouvelé ensuite par les avis ppcr, puis par les ratés de notre administration dans la validation des services en rep pour le premier vivier.. Et ça se compte en euros perdus à la veille d’une retraite !

  6. @. AZOULAY says:

    A Azoulay : Contactez leur Avocat Maître BERTRAND SALQUAIN , bonne chance .

  7. Le Malicotte says:

    Bonjour
    Idem je suis concernée par ce statut.
    Comment faire pour faire valoir mes droits et m’ajouter à cette liste ?
    Isabelle

  8. Le Malicotte says:

    Je suis concernée. Comment faire. Merci
    Isabelle

  9. Iniz says:

    Bonjour, je suis exactement dans la même situation, un écart de salaire de 300 , 400 euros avec mes collègues…. Je ne suis plus dans les radars car plus d’inspection …. Plus de perspectives de carrière … comment faire pour rejoindre ce groupe de personnes ?
    Merci

  10. Jordan says:

    Bonjour,
    Je suis également concerné et j’aimerais me joindre à cette liste.

  11. mantz says:

    bonjour, concernée par les préjudices identiques. aucun PPCR, Perte de salaire par rétrogradation et avec un reclassement pour raison de santé.
    Une injustice subie.
    Prête à vous rejoindre si c’est possible.

  12. Barranger Michèle says:

    Je ne sais pas si je suis concernée par ce problème.j’ai pris ma retraite en 1995, et j’étais toujours « institutrice ». Comment savoir ?…Merci.

  13. cecile riguet says:

    Je suis concernée par cette situation : 25 ans institutrice,, rétrogradée du 11ème échelon au 8ème échelon au passage dans le corps des PE. J’ai toujours été moins bien payé que les autres. Je suis prête à vous rejoindre aussi.

  14. BOSCH says:

    Je suis concernée également et prête à rejoindre ce groupe.

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