Justice. L’ancienne directrice de la maison de retraite de Saumur conteste son licenciement disciplinaire

L'ancienne responsable du foyer-logement "Clair Soleil" et de l'Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de La Sagesse, à Saumur, a demandé au tribunal administratif de Nantes ce jeudi 12 octobre 2023 de déclarer illégal son licenciement pour "motif disciplinaire".

Pour rappel, la directrice avait été « suspendue » dans un premier temps pour mettre un terme à « l’attitude et aux propos inappropriés » qu’elle tenait aux agents de la maison de retraite, à ses partenaires et aux familles de résidents. Elle traitait notamment les usagers de l’EHPAD de « beaufs », avait ainsi rappelé l’avocat du Centre communal d’action sociale (CCAS) de Saumur lors d’une précédente audience devant la cour administrative d’appel de Nantes en juin 2022.
Les familles de résidents avaient de toutes manières elles-mêmes remarqué « un manque de courtoisie voire un manque de respect » chez la directrice de la maison de retraite de La Sagesse : cette contractuelle était en particulier « coutumière du fait de mettre un terme aux conversations sans préavis », avait souligné de son côté la rapporteure publique.

Elle demande 30 000 € pour « harcèlement morale »

Ce jeudi 12 octobre 2023, devant le tribunal administratif de Nantes, c’était donc cette fois-ci son licenciement « sans préavis ni indemnité » qui était remis en question par l’ancienne directrice. Elle demandait également 30.000 € de dédommagements au Centre communal d’action sociale (CCAS) de Saumur pour le « harcèlement moral » qu’elle a subi.
L’ancienne directrice de la maison de retraite publique de Saumur estimait qu’on ne pouvait lui reprocher aucune « faute disciplinaire », mais « tout au plus une insuffisance professionnelle ».
Reste que la rapporteure publique a là encore préconisé au tribunal administratif de Nantes de la désavouer : le CCAS de Saumur avait justifié son licenciement par son « attitude inacceptable », ses « prises de décision unilatérales » ou encore des « prises d’initiatives qui ne relèvent pas de son champ de compétences ». Ses « propos mensongers » et ses « manquements au devoir de réserve » avaient fini de convaincre sa hiérarchie de mettre un terme prématurément à son contrat de trois ans.
La magistrate, dont les avis sont souvent suivis par les juges, estime donc que les faits reprochés sont « foisonnants ». « Sans nier les contraintes budgétaires qui pèsent sur ces établissements et le contexte difficile qui existait à son arrivée, son comportement brutal et vexatoire était de nature à justifier une sanction », a-t-elle commenté.

Un « important irrespect » envers les familles de résidents

L’ancienne responsable du foyer-logement « Clair Soleil » et de l’EHPAD de La Sagesse avait aussi fait preuve d’une « excessive suspicion » à l’égard de l’Infirmière diplômée d’Etat (IDE) avec laquelle elle était censée travailler « en binôme ». Cela l’a conduit à « intervenir dans le champ du soin » alors qu’elle aurait dû se cantonner à des tâches purement administratives.
Elle avait aussi tendance à « appeler les agents en arrêt-maladie pour les culpabiliser en soulignant la difficulté dans laquelle ils la mettaient », a encore souligné la rapporteure publique au tribunal administratif de Nantes. Son « important irrespect » à l’égard des familles des résidents était aussi de nature à justifier une sanction, de son point de vue.
Le médecin gériatre référent de l’EHPAD avait d’ailleurs « démissionné en raison de l’impossibilité de communiquer avec la requérante et du management inapproprié de cette dernière », avait déjà souligné le même tribunal administratif de Nantes quand il avait statué en juillet 2021 sur la légalité de sa suspension « provisoire » de fonctions.
Tout ce « faisceau convergent de faits et de témoignages » est donc « clairement constitutif d’une faute » disciplinaire, a conclu la rapporteure publique. Et le licenciement sans préavis ni indemnité est une « sanction proportionnée » au regard du « caractère grave et répété » des manquements, des « répercussions de ces faits à l’extérieur de l’établissement » et au fait que la requérante occupait « un poste de direction » et qu’elle devait à ce titre « s’attacher à donner l’exemple ».

Il faut être « sévère » avec un « dysfonctionnement de cette ampleur »

« Cela peut paraître sévère, mais il y a lieu de l’être face à un dysfonctionnement de cette ampleur », a conclu la magistrate nantaise, qui a jugé par la même occasion que les « conclusions indemnitaires » de l’ex-directrice devaient être rejetées.
Elle ne produit en effet « pas d’éléments » pour prouver qu’elle aurait « alerté en vain » sa hiérarchie du « harcèlement moral » dont elle ferait l’objet ou que son employeur aurait fait preuve d’une certaine « inaction » en la matière.
La requérante soutient pourtant qu’elle a été la cible d’un harcèlement moral de « certains membres du personnel » et que cela se conjuguait avec une « surcharge de travail importante ». « Même si elle a pu vivre douloureusement ses fonctions de directrice, il y a eu des propos inadaptés de part et d’autre » avec l’IDE censée être sa « partenaire » sur le plan médical.
La rapporteure publique a au demeurant fait remarquer que sa hiérarchie lui avait retiré la direction du foyer-logement Clair Soleil pour alléger sa charge de travail et pour qu’elle puisse se concentrer sur le seul EHPAD et ses soixante résidents – ce qui « peut occuper un temps plein » a commenté la magistrate.
Me Frédéric Deniau (Cadrajuris), l’avocat de l’ancienne directrice, n’a pas fait d’autres commentaires à l’audience que ceux déjà consignés dans ses mémoires écrits. Me Flavien Meunier (Lexcap Angers), l’avocat du CCAS de Saumur, s’est lui aussi « rapporté » à ses écritures. Le tribunal administratif de Nantes rendra son jugement sous trois semaines.

Commentaires 16

  1. Apparemment le costume était trop grand pour elle says:

    Avait-elle vraiment les compétences requises pour exercer à ce poste? Quelles sont ses diplômes et son expérience passée?

    • Sosso49 says:

      J’ai travaillé dans cet EHPAD avec cette responsable et je me rappelle de sa compétence et bienveillance. Je suis choquée par cette article qui ne correspond pas à la réalité. Les dysfonctionnements de cet établissement sont les mêmes qu’ailleur et je pense quelle devait être trop compétente et honnête pour le ccas. A son départ ce fut le désastre. Sa seul faute était sans doute d’accepter ce poste

    • Celine says:

      J’ai connu cette directrice au cours d’un stage AS et je l’ai trouvé très professionnelle et bienveillante. Je pense que l’écart était trop grand avec certains ou qu’elle est devenu gênante pour d’autres et je rejoins les autres commentaires. Cette histoire n’est pas crédible du tout

  2. Chichery says:

    Je suis choqué. La mairie de Saumur s’en tire avec les honneurs alors que ce qu’on nous en dit prouve le contraire. Cette personne a été recrutée sans aucune expérience. Pourquoi ? Parce que la mairie ne s’est jamais résolue à payer un cadre à son juste prix d’une part et d’autre part, part, parce que les élus locaux n’aiment pas être confrontés à quelqu’un de trop compétent.. Voilà comment on en arrive à un tel désastre. Bonjour la décentralisation !

    • Celine says:

      parce que les élus locaux n’aiment pas être confrontés à quelqu’un de trop compétent.. Tiens donc, cette phrase pourrait être utilisé a la sauvegarde ASEA49. C’est la même réalité! Les trop bon on les laisse partir il « gêne ».

      • Aide soignante épuisée says:

        A défaut, on les chasse!! Je ne comprends même pas comment la justice accepte d’être le bras armé dune collectivité malveillante et dangereuse. Cette dame a
        été victime de mobbing aux yeux de tous. Quelle horreur 😱😱

    • Mais bien sûr says:

      je ne pense pas qu’il est question d’un manque d’expérience dans cette histoire. Jen connais des non expérimenté qui y sont toujours. Venez travailler au ccas de saumur. Vous comprendrez mdr

  3. Salariée ORPEA en colère says:

    Du coup si elle n’est pas compétente et est une manageur odieuse et irrespectueuse de son équipe, elle peut postuler chez ORPEA, yen a déjà plein des comme ça… (Rire jaune d’une salariée qui n’en peut plus..)

  4. Gédéon says:

    C’est tout le problème du recrutement des contractuels…

  5. pyren says:

    Je suis d accord avec les commentaires de la salariée d Orpéa il ne faut plus envoyer les personnes âgées dans de tels établissements qui ne sont qu à la recherche du profit et du parkage des Vieux et de la solution finale voir livre les fossoyeurs
    Il faut revenir au Public ou des ensembles de pavillons médicalisés et un vrai controle public

  6. Expert says:

    Ce n’est pas un problème de contractuels mais de recrutement. A la ville ou l’agglo, ils ne veulent pas payer cher , donc ils prennent des incompétents chassés d’autres collectivités ou des débutants…les compétences se payent …et c’est pourquoi on part ailleurs …et c’est dommage pour Saumur.

    • Clemence says:

      Attention expert. J’étais IDE dans cet établissement et je ne suis pas certaine que ce qui est écrit ou a été dit soit vrai. Pour avoir travaillé ailleurs, j’ai trouvé cette personne à sa place.ce n’est pas une histoire de compétence. Je trouve cette histoire louche et sombre.jai bien fait de partir

  7. Pas normal ! says:

    Cette maison de retraite fait toujours face comme beaucoup à d’énormes problèmes de fonctionnement interne. Manque de personnel, harcèlement, mauvaise gestion des temps de repos, sans parler des repas vraiment juste pour les occupants. Le pire dans tout ça c’est que la direction rejette la faute sur le personnel lorsque qu’il y a des arrêts. Il faut dire que faire le jod de 4 quand vous êtes 2, ça justifie certainement une fatigue extrême mais pour la direction c’est pas normal.

  8. Salariés de la Sagesse says:

    Ils sont à vomir. Nous avons connu plusieurs directeur et elle fut la plus compétente et bienveillante. Le médecin n’a jamais démissionné lorsqu’elle était la.C’est un dossier monté de toutes pièces par des faux. Ils ont juste voulu se débarrasser d’elle.le ccas devrait être condamné pour harcèlement et certains pour calomnies

  9. Edith Jean Denis says:

    Cet maison de retraite a toujours connu les mêmes problèmes qui je trouve ce sont accentués à son départ: turn over, manque de personnel, Mon père etait pensionnaire et je suis surprise de lire qu’elle était irrespectueuse envers les familles. Je garde un très bon souvenir d’elle.J’espère qu’il ne s’agit pas encore d’une machination. Cest une expérience que j’ai personnellement vécu il y a quelques années et je sais à quel point c’est douloureux de faire face à tout ça.

  10. Sylvie R. says:

    Oh je me rappelle de cette histoire. Une jeune directrice dynamique et consciencieuse. C’est sûr, il y avait un fossé entre elle et certains membres de l’équipe qui n’étaient pas trop en phase avec leur obligation. ma mère était dans cet établissement et je n’ai rien à dire d’elle. je ne suis pas certaine que les familles ont participé à tout cela. C’est dommage pour elle.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les commentaires sont limités à 500 caractères.
Le Kiosque renforce sa veille : Les commentaires ne seront pas corrigés. Ceux comportant des mots grossiers ou portant atteinte à l'intégrité des individus n'étant pas publics ne seront pas publiés. La courtoisie n'empêche pas la libre expression, nous vous rappelons aussi que le débat s'enrichit d'idées et non de critiques aux personnes. Vous pouvez aussi nous adresser un article, une réflexion, une pensée,... que nous publierons en courrier du lecteur.
Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?