Keskidi. La chronique d’Hugo qui donne du sens aux mots #17 : « Être dans de beaux draps »

Nous parlons et employons des mots avant tout pour exprimer des idées. Pour se faire comprendre de son entourage, encore faut-il partager des références communes. Maximes, adages, proverbes, préceptes, dictons... tout un réseau d’images en kits, bien pratiques et aux origines assez hétéroclites qui veulent dire tout et son contraire.

Vous l’avez forcément déjà entendu dans vos séries policières ou dans vos thrillers à suspense, ce moment décisif où l’autorité coince le malfrat et lui annonce gaillardement qu’il “est dans de beaux draps”. Bien que nous sachions tous pertinemment de quoi il en retourne, il s’agit d’une formule qui revient à dire que l’on est compromis, proche d’être attrapé ou confondu pour des fautes, des paroles ou des délits ; pourquoi évoquer quelque
chose d’agréable, de doux, parfois même satiné, dans lequel on se love le soir avant de faire le grand saut dans le monde des songes ?
En quoi parler de belle literie se rapporte à la culpabilité ? Quoi de mieux qu’un bon saut dans le passé, comme à chaque fois, pour tirer les ficelles de cet étrange lien. Remontons jusqu’au milieu du Moyen Âge où il était coutume de vêtir de linges blancs une personne pénitente. En effet, il était commun de parler de “drap” en lieu et place des habits. Cette couleur symbolisant la pureté, l’innocence de l’âme, devait ainsi faire ressortir la noirceur des mauvais sentiments, du péché, bref, tout ce qu’on n’osait guère avouer à l’assistance ou à l’Eglise. On parlait alors d’être dans de beaux draps blancs. Si cette ambivalence de teintes faisait tout à fait sens à l’époque, avec les siècles passants, nous avons perdu l’aspect religieux du pardon ainsi que la couleur, pourtant le sens est demeuré intact.
Si vous avez des choses à vous reprocher, évitez de porter des vêtements trop clairs, qui sait, peut-être certains liraient en vous comme dans un livre ouvert.

Hugo

Commentaires 1

  1. Marigui says:

    « nous savons tous pourtant de quoi il retourne », pas « en retourne »
    Cala dit, j’aime beaucoup vos décryptages.

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