Keskidi. La chronique d’Hugo qui donne du sens aux mots #5 : « Comme un coq en pâte »

Nous parlons et employons des mots avant tout pour exprimer des idées. Pour se faire comprendre de son entourage, encore faut-il partager des références communes. Maximes, adages, proverbes, préceptes, dictons... tout un réseau d’images en kits, bien pratiques et aux origines assez hétéroclites qui veulent dire tout et son contraire. Cette semaine : "Comme un coq en pâte"

Une nouvelle désillusion pour ma part… Je ne peux pas être le seul à avoir compris le sens de cette expression sans avoir saisi la véritable image qu’elle sous-entend, si ? Pour moi, un coq en pâte faisait référence à un plat réconfortant, puisqu’on cuisait (et on cuit toujours !) certaines viandes en croûte (sel, pain, argile, etc.), d’où sa signification : se sentir à l’aise, être dans une situation confortable. Pas de pot (au feu), si j’avais bon pour la poule (au pot) j’avais tort sur la pâte (à tarte ? pardon j’arrête). Pourtant, on parle bien du mot “pâte” et non “patte”, donc rien à voir avec un volatile tout en jambes…

C’est une très ancienne expression tout droit sortie des méandres du Moyen Âge, héritée des étals où les commerçants ne tarissaient pas d’efforts afin que leurs coqs soient les plus beaux possibles pour provoquer leur vente. A l’époque, on ne disait pas “coq en pâte” mais “coq de panier” ou “de bagage”. Le sens, pourtant, n’a guère évolué, il s’agissait bien de mettre en valeur des volatiles bien traités, aux plumes brillantes, aux dimensions généreuses pour attirer le chaland. Pourquoi panier ou bagage ? Car c’est ainsi qu’ils étaient transportés et présentés, tout simplement ! Le mot “pâte” est venu supplanter les deux autres au cours du XVIIe siècle, la raison ne fait pas vraiment consensus, d’aucuns pensent que cela aurait à voir avec le produit dont les éleveurs enduisaient leurs protégés pour que leurs plumes brillent. On visualise assez facilement cette idée de confort d’être entouré de pâte, comme si l’on s’emmitouflait dans un plaid ou une couette bien chaude… jusqu’à l’excès ? Peut-être avez-vous déjà employé cet adage de manière moqueuse pour décrire une personne oisive ou gâtée par sa naissance ou sa situation sociale. Que vous l’utilisiez avec ou sans ironie, elle s’associe à une expression de bonheur, de douceur, d’allégresse.

A-t-on choisi le coq par hasard, où était-ce déjà une revendication de notre emblème national ? Sans doute pas, mais on pourrait croire qu’elle a été préparée aux petits oignons pour l’occasion. Bon appétit quand même !

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