Le Kezako d’Hugo : Un gâteau avec plus de 200 bougies !

Cet article tombe à pic alors que s’est terminé l’événement bien saumurois de l’Anjou Vélo Vintage et qu’a débuté celui, un brin plus connu, du Tour de France. Un point commun, cet engin de locomotion, longtemps apanage des bourgeois : le vélo(-cipède), ou bicyclette. Mais alors, d’où ça vient tout ça ?

A l’origine, le vélo n’en est pas un. Le premier prototype rappelant ce que nous connaissons aujourd’hui date de 1817, il s’agit d’une draisienne. Les jeunes enfants en ont et en font encore dans les allées et dans les parcs, ce sont des vélos sans pédale que l’on pousse du pied. Rudimentaire, mais il fallait bien commencer quelque part. Né en Allemagne d’un baron (Karl Drais), il obtient son nom français l’année suivante (vélocipède) en même temps que son brevet. Pour les évolutions suivantes de cette invention, les versions divergent assez largement, si bien que la paternité historique des innovations est loin de faire consensus. Pour vulgariser, le système à pédales n’arrive qu’au cours des années 1860 (système directement fixé sur la roue avant du véhicule). Pierre Michaux (de la maison Michaux) “serait” le concepteur de ce modèle de propulsion. Puis le tout est perfectionné, on voit alors apparaître les “grands bi”, avec leur roue avant démesurément grande, pour permettre une meilleure stabilité et une vitesse plus importante. Il faut attendre 1884 pour que la chaîne soit homologuée et greffée sur les bicyclettes, permettant de rapprocher les cyclistes équilibristes du sol. La dernière avancée réellement essentielle faite pour parfaire le vélocipède est l’adjonction de pneumatiques (ou “chambres à air”) en caoutchouc, pensés par des messieurs dont les noms vous sont familiers (MM. Dunlop et Michelin, entre autres, pour les nommer). Vitesses et dérailleurs arriveront bien plus tardivement, durant le XXe siècle.

Nouvelle activité ? Nouvelle compétition !

Hommes et femmes n’ont guère attendu que le vélo ne soit confortable pour vouloir se mesurer les uns aux autres. Dès l’apparition des pédales sur les roues avant, le vélo est devenu autre chose qu’une simple attraction bourgeoise, c’est donc dans les années 1860 que les premières compétitions se sont tenues. La première course a de quoi amuser, puisqu’elle ne faisait que 1200 mètres de long, à Paris en 1868. Mais l’année suivante, plus d’une centaine de coureurs ont cherché à rallier la capitale à Rouen (123 km). Peu sont parvenus jusqu’à la ligne d’arrivée après une dizaine d’heures d’effort. Étant difficile à manœuvrer, il faut attendre que le grand bi soit remplacé par son petit frère à chaîne pour que l’essor du cyclisme ne débute. C’est en 1903 qu’Henri Desgrange a fondé le Tour de France, avec des étapes frôlant parfois les 500 km ! On concourait d’ores et déjà en équipes mais chacun était responsable de sa course, et surtout de son vélo. Le Giro italien a émergé sur un modèle quasi similaire à celui du Tour à partir de 1909. Et depuis… eh bien ça roule fort pour le vélo. En dehors des compétitions majeures et de ses nombreuses déclinaisons (bikepacking, trial, endurance, etc.), ce moyen de transport doux est aujourd’hui largement privilégié et encouragé par les collectivités. A l’instar des adaptations concédées à la voiture, le vélo redessine les aménagements urbains et s’impose petit à petit au cœur de nos cités. Moins coûteux, moins bruyant, moins polluant, difficile de trouver des défauts à cette machine, bien qu’évidemment il n’existe pas encore de modèle suffisamment spacieux pour supplanter les transports en commun motorisés.

Une activité unisexe ?

Dans l’histoire du cyclisme, il y a eu des épreuves transposées pour les femmes comme le Tour de France féminin, la Grande Boucle féminine internationale et depuis 2022 le Tour de France Femme. Moins systématiques que les courses masculines, elles ont longtemps peiné à être reconnues, le meilleur exemple étant la première édition du Tour de France pour les femmes organisé en 1955 : aucune suite donnée avant les années 1980. Mais dès l’invention des premiers modèles de vélo, les femmes ont été mises – comme bien souvent – à l’amende. La morale dictait que la pratique du vélo pouvait provoquer de violents troubles psychologiques et sexuels chez les femmes, et ce malgré la performance d’Annie Londonderry qui avait parcouru et complété le tour du monde en 1894 ! D’ailleurs, cette activité a permi aux femmes de s’émanciper, donnant, d’une part, accès à la mobilité individuelle, mais aussi en les détournant des tenues très engoncées qu’elles se devaient de porter (comme les corsets), préférant un vêtement plus confortable et pratique qu’élégant, très proche du pantalon masculin : le bloomer (pantalon bouffant, inventé en 1851 par Libby Miller). Maintenant que les femmes pilotent autant que les hommes dans les villes et sur les routes, rien ne saurait justifier que les épreuves ne se pérennisent pas.
Qu’il ait été sans pédale, sans chaîne ou sans vitesse, le vélo a toujours emporté un vif engouement et à en juger par le nombre croissant de cyclistes sur les routes et les chemins, la gomme n’a pas fini de chauffer.

Hugo

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